Écologie Le ministère de l’Environnement, bientôt la seule autorité de référence en matière de carrières

Le ministère de l’Environnement deviendra bientôt l’autorité de référence en matière d’exploitation des carrières de toutes sortes. C’est ce qui a été décidé lors d’une réunion entre les ministres de l’Environnement et de l’Intérieur, Yaacoub Sarraf et Ahmad Fatfat, qui a eu lieu vendredi dernier au siège du ministère de l’Intérieur. L’une des recommandations au terme de la réunion a donc été de considérer « le ministère de l’Environnement, suivant les législations, les décrets et les décisions du Conseil des ministres, comme la seule autorité de référence qui détient les prérogatives concernant les exploitations de carrières » de toutes sortes. Le ministre de l’Intérieur devra transmettre au ministère de l’Environnement la liste de tous les délais administratifs accordés aux propriétaires de carrières en vertu des décisions ministérielles des 15 et 24 mars dernier. Le ministre de l’Intérieur a également pris connaissance de la circulaire 1/6, datée du 31 mars, qui porte sur le plan directeur des terrains. Cette circulaire devrait être envoyée aux mohafez, aux caïmacams et aux municipalités. Le ministère de l’Intérieur devrait également distribuer le texte du décret n° 16456, daté du 27 février, qui consiste en l’ensemble des modifications du précédent décret d’organisation des carrières n° 8803. Le décret est accompagné d’une carte avec les sites exploitables et sera opérationnel à partir du 9 juin, date à laquelle les délais administratifs prendront fin et le ministère de l’Environnement prendra en main le dossier. Pour sa part, le ministère de l’Environnement devra rédiger un livret contenant toutes les informations sur ce dossier, dont cinq mille copies seront distribuées par l’Intérieur aux administrations locales, et qui sera également mis à la disposition des citoyens et des investisseurs concernés. NSF dénonce le « scandale » de Dahr el-Baïdar Cette coordination entre les ministères de l’Intérieur et de l’Environnement sur le problème des carrières vient à point nommé, alors que les associations écologiques continuent de dénoncer le manque de contrôle au niveau de ce secteur. Samedi, le président de Nature sans frontières (NSF), Mahmoud Ahmadieh, a dénoncé une nouvelle fois l’activité des grandes carrières de Dahr el-Baïdar (entrée de la Békaa), qu’il a qualifiée de « véritable catastrophe » et de « scandale », bien que ces carrières, rappelle-t-il, « fonctionnent en vertu de permis ». M. Ahmadieh a évoqué les « stocks énormes et le ballet incessant des camions transportant le gravier et le sable », lors d’une tournée sur le terrain. L’écologiste a rappelé qu’il était favorable à une solution « dans le cadre de laquelle tous les permis seraient retirés, et le dossier ne serait plus traité de manière discrétionnaire de façon à ce que les petites carrières payent le prix fort alors que les grands investisseurs restent autorisés à poursuivre leur activité ». Il a estimé que, vu les dégâts considérables observés sur les sites de Dahr el-Baïdar, « l’État devrait fermer toutes les carrières sans exception ni partialité, et des comptes doivent être rendus par ceux qui poursuivent cette agression contre la nature ». M. Ahmadieh a réitéré sa demande que le dossier des carrières fasse l’objet d’un plan d’organisation, qu’un plan directeur basé sur des critères scientifiques soit adopté, et que les études d’impact environnemental deviennent obligatoires avant le début de tout projet. Il a encouragé le ministre de l’Intérieur à prendre des mesures en vue de faire cesser les dégâts, et demandé au Conseil des ministres de décider au plus vite de mettre un terme à « la destruction de la nature ». « Nous sommes prêts à donner une chance pour que le tir soit rectifié, dit-il. Mais cela ne nous empêchera pas d’être disposés à recourir à des mesures d’escalade et à couper, au besoin, la route aux camions si une solution n’est pas trouvée. »