Environnement Se meubler sans participer au pillage des forêts tropicales

Peut-on acheter en Europe ou aux États-Unis un meuble en bois sans participer au pillage des forêts tropicales? Sûrement pas si le meuble a été fabriqué en Chine, selon un rapport indépendant publié hier. Le Centre international de recherche forestière (Cifor) et l’ONG américaine Forest Trends ont enquêté durant cinq ans pour conclure que la Chine, sans s’embarrasser de préoccupations éthiques, est devenue le premier importateur de bois tropical et s’est emparée d’un tiers du marché mondial des meubles. Là où des grands distributeurs occidentaux, sous la pression des écologistes et des opinions publiques, tentent d’obtenir des certifications sur l’origine des grumes qu’ils achètent, les Chinois s’approvisionnent «dans des pays à la mauvaise réputation en termes de déforestation illégale, de corruption associée et de violations des droits de l’homme». Les nations développées, Europe et États-Unis en tête, contribuent au scandale en se fournissant de plus en plus en Chine, qui fait office d’atelier géant de blanchiment du bois abattu de façon sauvage. «Peu de consommateurs réalisent que le bas prix qu’ils paient pour des meubles bon marché ou d’autres produits en bois est directement lié à l’exploitation de populations parmi les plus pauvres de la planète et à la destruction de leurs forêts», souligne le rapport. La sortie de ce rapport intervient la même semaine que la publication d’une autre enquête réalisée par l’Agence d’investigation environnementale (EIA) et l’ONG indonésienne Telapak. Ces deux organismes accusent des fabricants de parquets et des détaillants européens de vendre du bois tropical rare, selon eux, volé dans la région de Papouasie, à l’est de l’archipel indonésien. Selon le rapport, de véritables mafias du bois, corrompant la police et l’armée indonésiennes, forcent les populations locales papoues à accepter de vendre des grumes de merbau pour moins de 15 euros le mètre cube. La même quantité de bois se vend ensuite à 2700 euros en Europe. «Les Européens seraient horrifiés d’apprendre que le bois utilisé pour monter leur parquet a été volé à de pauvres communautés indigènes de la province indonésienne de Papouasie», a affirmé Arbi Valentinus, de Telapak.