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CONFÉRENCE - Dirigées par J.-P. Thalmann, les fouilles de Tell Arqa révèlent une architecture en brique, dense et à niveaux À quoi peut ressembler une habitation datant du bronze ancien ?

De passage à Beyrouth pour mettre la dernière main aux épreuves techniques de son ouvrage intitulé Tell Arqa: les niveaux de l’âge du bronze, volume I, qui paraîtra aux éditions de l’IFPO, Jean-Paul Thalmann, professeur d’archéologie orientale à la Sorbonne et directeur des fouilles de Tell Arqa, a donné, au CCF, une conférence portant sur l’architecture domestique du tell, vers 2200 avant J.-C. Situé en bordure de la plaine du Akkar, à 25 km au nord-est de Tripoli, le tell, qui témoigne d’une longue séquence d’occupation allant du néolithique à l’époque médiévale, est considéré comme l’un des sites archéologiques les plus anciens du pays et le plus grand du Liban-Nord. Haut de 40 mètres et couvrant environ sept hectares, il n’est cependant qu’un élément d’un vaste ensemble archéologique comprenant une ville basse qui s’est développée à l’époque romaine/byzantine sur environ 50 hectares. Mais la zone est à peine explorée, car les travaux de fouilles se sont essentiellement portés sur le tell et ont été consacrés aux périodes les plus reculées, «très mal connues à l’échelle régionale». Aussi, la découverte d’un «ensemble architectural datant de la fin du IIIe millénaire» est «de tout premier intérêt car il permet d’accéder à l’histoire économique et démographique de la région». En 2005 avant J.-C., la plaine, inhospitalière et inexploitée, connaît une occupation réduite. La situation change à partir de 2500-2400: un vaste réseau de colonisations agricoles s’installent autour des trois sites principaux bordant le fleuve de Nahr el-Kébir, Arqa au sud, Kazel et Jamous au nord. À Tell Arqa, zone deux fois détruite par un incendie (vers 2200 puis vers 2000 avant J.-C.), les archéologues ont dégagé un ensemble architectural datant de l’époque du bronze ancien. Ses structures en briques cuites par l’incendie ont été largement conservées. Les charpentes de bois utilisées en abondance dans la construction ont aussi brûlé, mais une partie des fragments carbonisés, retrouvés à leur place d’origine, ont permis de reconstituer l’architecture mise au jour. Le quartier présente «un habitat dense, de plan circulaire desservi par une rue périphérique et des rues rayonnantes. Les maisons groupées en îlot comportent un niveau inférieur réservé au stockage, l’habitat se trouvant au niveau supérieur». Le site, non fortifié, était entouré d’un glacis très raide, et «cette pente, tel un rempart, suffisait à la protection de l’habitat», indique le conférencier. Aucun espace ni cour intérieure ne séparaient les maisons dont la structure de brique était construite sur des socles en pierre sèche de 1,50 mètre de haut. Ces soubassements, apparemment enduits sur la face intérieure, composaient le rez-de-chaussée où des pièces, complètement aveugles, subdivisées en casiers par des cloisons de brique, étaient réservées au stockage des denrées. Celles-ci, «essentiellement du blé, trouvé carbonisé en grande quantité», étaient conservées soit dans des jarres, soit dans des couffins de tissu dont les traces calcinées ont été retrouvées sur les lieux. Dans la rue, des massifs de maçonnerie appuyée contre les murs des habitations laissent supposer l’existence d’escaliers extérieurs qui menaient aux premier et deuxième étages. Par ailleurs, quatre cents morceaux de bois carbonisés, pour la plupart trouvés à leur place d’origine ont permis aux archéologues de «reconstituer la structure assez complexe, mais précise, de l’ouvrage de charpente de la maison». En substance, sans entrer dans les détails techniques souvent ardus, on peut dire que si à Byblos les maisons étaient à sept piliers, à Arqa elles comprenaient neuf poteaux en bois de cèdre de 25 cm de diamètre qui constituaient les trois portiques portant les voûtes transversales. Aucun bois ne pénètre dans les murs, aucune pièce ne dépasse 2,5 m, tout au plus trois mètres. Une couche épaisse de «bois fibre», disposée perpendiculairement entre les poutres et les chevrons, s’est avérée être du bois de palmier local employé en très grande quantité dans la construction. Les sols, en terre battue, étaient dallés. Les spécialistes ont calculé une centaine de mètres carrés par maison et par pièce de stockage. D’autre part, une concentration de fragments de bois de cervidés ouvragé, un grand nombre de vases et de jarres réservées au stockage de l’eau ont été identifiés. Pas un seul morceau de métal n’a été recensé. On suppose qu’après l’incendie, les gens se sont enfuis en emportant leurs instruments de travail. La coupe stratigraphique (soubassement, premier niveau, deuxième niveau et terrasse) a été estimée à quatre mètres de haut et 15 m de long. Grâce au soutien financier de Jawad Adra et son association INMA, de l’ambassade d’Autriche, de Raymond Audi, de Carole Atallah et de l’Institut français du Proche-Orient (IFPO), des travaux de consolidation sont en cours pour protéger le chantier et le rendre accessible au public. M. M.
De passage à Beyrouth pour mettre la dernière main aux épreuves techniques de son ouvrage intitulé Tell Arqa: les niveaux de l’âge du bronze, volume I, qui paraîtra aux éditions de l’IFPO, Jean-Paul Thalmann, professeur d’archéologie orientale à la Sorbonne et directeur des fouilles de Tell Arqa, a donné, au CCF, une conférence portant sur l’architecture domestique du tell,...