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Actualités

Nous avions cru au printemps 2005…

La fin de l’occupation syrienne a suscité un immense espoir. Des millions de Libanais ont cru sincèrement que la liberté et la souveraineté avaient triomphé, annonçant l’aube d’un Liban libre, démocratique, civilisé et respectueux des droits de l’homme. Mais comment un pays civilisé verra-t-il le jour avec, à sa tête, un chef élu grâce aux Syriens, imperméable à la souffrance de son peuple ? Comment un pays civilisé verra-t-il le jour avec un gouvernement formé de personnes donnant l’illusion de liberté, des boulimiques de pouvoir ? Que pouvons-nous attendre d’eux ? Qu’ils nous réduisent encore plus, à nous Libanais, à un rôle purement marginal sur la scène internationale, où nous ne figurons jamais à la table des négociations des grands de ce monde, mais uniquement sur les menus des prédateurs ? Il faut avoir connu tous les moments de doute, de violence, de souffrance par lesquels nous sommes passés (je ne parle pas ici uniquement des 30 années de guerre et d’occupation), mais surtout de la dernière période de l’indépendance, l’authentique, cette indépendance mal gérée, avortée, pour comprendre l’accablement du peuple. Cet accablement mêlé à la stupeur et à la honte. La stupeur de constater la rapidité de la chute de la fameuse unité nationale et de l’incapacité de nos chefs d’assumer leurs responsabilités ; la honte de voir la regrettable attitude de nos élites qui se refusent à se joindre à la courageuse lutte populaire. Pourtant, en ce printemps 2005, naïfs, nous avions bien cru en eux… Et voilà que le rêve s’effondre, en moins de quelques semaines, laissant un pays pantelant , un peuple menacé, déçu, démoralisé. Est-ce le résultat de leur incapacité à s’organiser, de leurs bévues, le fruit de leur égoïsme et de leur hypocrisie, le poids de problèmes personnels qui leur ont fait perdre le sens de leur devoir d’hommes d’État, leur soif de pouvoir et de privilèges, ou tout cela à la fois ? Je me le demande. Je ne suis ni sociologue ni philosophe pour proposer des solutions aux problèmes qui sclérosent notre société. Mais je crois qu’il faudrait bien un jour, pour éviter l’éclatement de notre république, pour remédier à notre système politique corrompu et pour pouvoir parler enfin de politique au sens le plus noble du terme, qu’un changement radical et juste se produise, que l’opinion publique se décide à reconnaître ses erreurs, à en analyser les causes et, surtout, à tout faire pour ne plus recommencer. Il faudrait se révolter contre toute souffrance, toute oppression, contre toute barbarie, contre cette condition de vie qu’on nous impose et qui ne peut être acceptée dans un pays civilisé. Il faudrait cesser de bâtir notre politique sur des illusions, cesser de prendre notre mal en patience, ouvrir les yeux et formuler clairement notre jugement, voter en connaissance de cause et ainsi rendre possible, pour tous ceux qui le méritent vraiment et qui possèdent au moins l’essentiel, l’accession à la grande scène de l’histoire . Un simple «va-t-en» ne va pas suffire pour sauver un pays agonisant ; un « allez-vous-en » est nécessaire. Paula BOURAAD
La fin de l’occupation syrienne a suscité un immense espoir. Des millions de Libanais ont cru sincèrement que la liberté et la souveraineté avaient triomphé, annonçant l’aube d’un Liban libre, démocratique, civilisé et respectueux des droits de l’homme.
Mais comment un pays civilisé verra-t-il le jour avec, à sa tête, un chef élu grâce aux Syriens, imperméable à la...