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Actualités - OPINION

Se battre pour une nouvelle mentalité

Il est indéniable que le désir d’une liberté aphrodisiaque l’emporte sur la tutelle putréfiée dans laquelle pataugeait le pays. Après trente années de domination sans merci, le camouflet de la Syrie était inévitable. Les campagnes de Michel Aoun puis de Walid Joumblatt, le meurtre de Rafic Hariri, les pressions des États-Unis ne laissaient aucune chance à Bachar el-Assad. Simultanément, alors que les prosyriens étalaient leur incohérence, l’opposition se refaisait une santé en s’attaquant au président Émile Lahoud qui, privé de ses adjoints sécuritaires, se repliait dans son blockhaus. Il ne restait plus aux nostalgiques de l’ère syrienne qu’à commettre une erreur de plus, et peu honorable : continuer à défendre la « probité » du régime baassiste « victime » d’une grande machination. Trop stupide… Les Libanais, collaborateurs, partisans, légitimistes, extrémistes (United Folklores of Lebanon), se précipitaient le 14 mars au secours de la souveraineté ou, si l’on préfère, obéissaient à la logique de la frustration longtemps réfrénée. Le mot d’ordre était : « Faut sortir les sortants ». Dans un pays qui atteignait un tel marasme, une telle déliquescence économico-politico-culturelle, la relative faiblesse prosyrienne, comparée à la montée en puissance des « 14-marsistes » apparaissait anachronique. Entreprenant sa propre croisade contre l’ « archéotutelle » de nos voisins et dépoussiérant une souveraineté longtemps momifiée, l’opposition réclamait un changement « d’homme » (donc le départ d’Émile Lahoud). Les USA encourageaient en douce cette initiative, d’inspiration française. L’ « archéotutelle » syrienne facilitait par la même occasion la victoire de la coalition Hariri-PSP-FL-KC aux législatives de juin dernier, selon un code électoral bricolé (ironie du sort) par ses propres barbouzes. La coalition, coagulée autour de Saad Hariri, repartait à coups de lasso à… l’assaut de Baabda dans un rodéo désarçonnant. Cependant, les champions de l’antisyrianisme, revenus au pouvoir (en fait, ils ne l’avaient pas totalement quitté), sont-ils comparables à ceux du pacte de 43 ? Ont-ils oublié ou plutôt rien appris de l’histoire ? Comme en 43, ils annoncent une vraie indépendance, comme en 43, ils misent sur la sacro-sainte unité islamo-chrétienne. Ce qui demeure en revanche incertain, voire aléatoire, c’est la capacité des nouveaux venus d’honorer leurs promesses et leurs serments, sans tomber dans la démagogie ou glisser dans un manque de discernement. En tant que technique de gestion, la politique des « 14-marsistes » n’augure pas à court terme d’une catastrophe apocalyptique, pas en tout cas l’aube d’une indépendance totale. Si le dialogue aboutit (?), d’ici douze à dix-huit mois, les nouveaux tenants devront revenir à la routine du compromis. Peut-être vont-ils se refaire une jeunesse dans les manœuvres dilatoires, fer de lance de certains. Mais la question ne porte pas sur la politique politicienne, dont les dégâts risquent d’être considérables, mais bien sur les intentions des « 14-marsistes ». Aspirent-ils à une indépendance à mi-chemin entre la liberté conditionnelle et la tutelle à perpétuité ? Ils seront amenés pour sûr à faire des nettoyages « ethniques » au sein de l’appareil étatique et, avec Fouad Siniora (en renfort), un « lifting botoxé » de la fiscalité. Une politique impopulaire qui défigurerait les lignes d’un Liban contrefait. En bref, il ne suffit pas d’éliminer les séquelles de la tutelle, de restaurer l’indépendance ou de promouvoir la liberté. Il s’agit de déclencher une bataille (rangée) d’idées pour dégager une nouvelle mentalité, seule susceptible de garantir la pérennité du Liban. Nahi LAHOUD
Il est indéniable que le désir d’une liberté aphrodisiaque l’emporte sur la tutelle putréfiée dans laquelle pataugeait le pays. Après trente années de domination sans merci, le camouflet de la Syrie était inévitable. Les campagnes de Michel Aoun puis de Walid Joumblatt, le meurtre de Rafic Hariri, les pressions des États-Unis ne laissaient aucune chance à Bachar el-Assad....