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La politique «in-expliquée» à un ami

À toi qui préfères les bruits de la nature au vacarme de la politique et qui me demandais incessamment de t’expliquer les rouages de cette dernière... Je n’ai jamais réussi à te parler politique sans véhémence. Peut-être est-ce tout simplement qu’il m’est difficile de parler d’une « politique » qui n’en est pas une. Je me rends compte aujourd’hui que je m’évertuais à appliquer en les forçant, en les dénaturant, les bons concepts au mauvais contexte. En effet, ce qui se passe au Liban depuis un certain temps ne relève pas de la politique. Il est « impolitique » par excellence. Et, pour analyser « ce qui contrevient à l’intelligence et à la pertinence dans l’action politique », il me fallait presque démonter l’univers ! Il fallait parler, entre autres, de la démocratie parodiée, de la tyrannie des foules, de la sélectivité de la mémoire collective, des révolutions expéditives. Il convenait surtout de distinguer la confiance de la naïveté, de démêler les critiques fondées des invectives, de discerner la politesse de la violence. Il fallait donc définir les concepts et les principes de base pour ensuite identifier les exceptions et les dérives, et enfin dénoncer les manipulations préméditées. Il s’agissait en somme d’expliquer la politique, la « politicaillerie » et puis la politique à l’envers. Que de nuances ! Pour éviter toutes ces contorsions, je me contentais de te dire que le « minimalisme » politique régnant m’était devenu insupportable, m’abandonnant ainsi à un désespoir irritant. Tu m’as souvent poussé à écrire, mais la stagnation de la vie politique n’est pas vraiment propice à l’écriture. Le problème se situe aujourd’hui moins au niveau de l’opinion qu’à celui des décideurs politiques. En attendant que la situation se décante, je me demande si je ne ferais pas mieux de te souhaiter en cette fin mars le clapotis des vagues, les cimes enneigées, les rivières claires, la compagnie agréable et les saisons « saisonnières ». Robert L. KHOURY
À toi qui préfères les bruits de la nature au vacarme de la politique et qui me demandais incessamment de t’expliquer les rouages de cette dernière...

Je n’ai jamais réussi à te parler politique sans véhémence. Peut-être est-ce tout simplement qu’il m’est difficile de parler d’une « politique » qui n’en est pas une. Je me rends compte aujourd’hui que je m’évertuais...