Ukraine - La commission électorale annonce les résultats quasi définitifs des législatives Iouchtchenko pris entre deux feux dans le choix de ses futurs alliés

Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko était pris hier entre deux feux, Moscou suggérant qu’il tienne compte du score de l’opposition prorusse arrivée en tête des législatives dimanche, tandis que l’opinion et l’Occident le pressaient de réunifier le camp orange. Les pressions montaient à l’égard du président, grand perdant du scrutin, alors que la commission électorale centrale a annoncé les résultats quasi définitifs du vote. « Les résultats du vote reflètent la volonté, dominante chez les Ukrainiens, de développer les relations avec la Russie dans tous les domaines », a souligné le président russe Vladimir Poutine lors d’une conversation téléphonique avec son homologue ukrainien. « Nous voudrions que les réformes se poursuivent en Ukraine (...) et l’équipe qui a gagné l’élection (présidentielle) de 2004 semble la mieux placée pour le faire », a pour sa part déclaré hier un diplomate occidental de haut rang à Kiev en guise de soutien à la coalition orange encore virtuelle entre Notre Ukraine de M. Iouchtchenko, le Bloc Ioulia Timochenko et les socialistes. Selon les résultats portant sur 96,36 % des bureaux de vote, le Parti des régions de Viktor Ianoukovitch (opposition prorusse) arrive en tête avec 31,64 % des suffrages, loin devant le Bloc Timochenko (22,4 %), du nom de l’ex-alliée du président passée à l’opposition, et la coalition présidentielle Notre Ukraine (14,23 %). Viennent ensuite les socialistes (5,8 %) et l’opposition communiste (3,65 %). Aucune formation n’ayant obtenu la majorité absolue, les consultations se poursuivaient hier pour former une coalition dont la géométrie conditionnera les réformes et la politique prooccidentale du président Iouchtchenko. L’alliance avec l’opposition prorusse freinerait les aspirations euro-atlantiques de Kiev. Mais le retour de Mme Timochenko à la tête du gouvernement serait mal vu par les investisseurs, effrayés par sa volonté de réviser toutes les privatisations frauduleuses menées sous l’ancien régime et par ses penchants pour l’intervention de l’État dans l’économie. Après une défaite cuisante subie par son parti aux législatives, le président avait rencontré la veille les vainqueurs du scrutin dont M. Ianoukovitch et Mme Timochenko, mais aucun mémorandum d’intention n’a été signé. Les socialistes ont averti qu’ils passeraient à l’opposition si le président s’alliait à M. Ianoukovitch.