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Actualités - OPINION

Écrire pour ne pas mourir

Écrire pour ne pas mourir, pour ne pas laisser l’âme du Liban sombrer avec les charniers et les horreurs des trente dernières années Écrire, nous devons tous le faire pour exorciser ce mal qui s’est insinué au plus profond de notre société et de notre âme. Il ne sert plus à rien de se chercher des excuses, de dire qu’on ne savait pas ou qu’on ne pouvait pas dénoncer. Des milliers de mères au Liban attendent autre chose que de la compassion coupable ou des larmes d’auto-absolution. Elles attendent la vérité, la vérité sur le sort des disparus, car seule cette vérité peut exorciser leur douleur. Elles y ont droit pour pouvoir enfin revivre, car aujourd’hui elles survivent dans la douleur et l’attente. Quant à ceux qui, depuis tant d’années, ont nié l’évidence avec tant de véhémence, que ça soit par servitude ou par peur, ils doivent écrire pour l’histoire et confesser à la société leur lâcheté. Personne ne les jugera, seule l’histoire sera implacable à leur encontre. Écrire, c’est aussi remettre la vérité au centre du débat. Anjar n’est pas un cas unique, ni le seul charnier au Liban, et le régime syrien n’est pas le seul responsable de ces crimes au Liban. L’heure n’est nullement à la détermination des responsabilités, mais à l’établissement de la vérité sur les identités des victimes inconnues des sales guerres du Liban. Que pendant quinze ans l’establishment politique libanais ait refusé de nous entendre et d’entendre les familles est aussi criminel que d’enterrer des corps dans d’immondes charniers. Mais l’heure n’est pas au jugement, elle doit être celle de la prise de conscience de la société libanaise du fait que la politique de l’autruche n’a jamais construit des nations. Alors tous ceux qui savent où sont les centaines de charniers qui défigurent l’âme du Liban, par pitié pour le Liban de demain écrivez et dites où ils se trouvent pour que les familles puissent enfin enterrer leurs morts dignement. Pour que nos enfants n’aient pas l’estomac noué comme nous en découvrant dans une dizaine d’années d’autres Anjar et Yarzé. On a beau être habitué à regarder derrière notre petit écran l’horreur des drames des autres, à avoir plein les yeux des charniers de l’ex-Yougoslavie, du Kosovo ou du Rwanda, voir cette horreur chez soi génère une douleur indescriptible. Avoir crié et dénoncé l’existence de ces charniers pendant des années n’affranchit pas de cette douleur et d’un immense sentiment d’impuissance face à ces corps dénudés et à ces ossements éparpillés, alors que tout cela aurait pu être évité, alors que depuis tant d’années ces hommes, ces femmes et ces enfants devraient reposer en paix. Si nous voulons que le Liban soit un lieu de vie et d’espoir pour les générations futures, nous devons faire en sorte que plus un seul charnier ne reste abandonné et que pas une seule victime ne reste sans que justice lui soit rendue. L’heure des comptes sonnera le jour où le Liban aura enfin pris conscience que le prix à payer pour restaurer l’État c’est celui de la justice. Établir les responsabilités sur ces charniers devra être fait sur deux axes, le premier pénal et juridique. Il appartient à la justice, qu’elle soit libanaise ou internationale, et ne doit surtout pas être laissé aux politiques ou aux médias et encore moins à nous acteurs de la société civile qui nous érigerions alors en procureurs de la vérité absolue. Le second, c’est celui de la responsabilité morale et politique, et là tous les responsables politiques, militaires et miliciens des trente dernières années au Liban doivent assumer cette responsabilité qu’ils partagent avec les régimes syriens et israéliens. Dans toute responsabilité de cette nature, il appartient au peuple libanais seul de les juger dans les urnes … Wadih AL-ASMAR Mouvement Solida
Écrire pour ne pas mourir, pour ne pas laisser l’âme du Liban sombrer avec les charniers et les horreurs des trente dernières années
Écrire, nous devons tous le faire pour exorciser ce mal qui s’est insinué au plus profond de notre société et de notre âme.
Il ne sert plus à rien de se chercher des excuses, de dire qu’on ne savait pas ou qu’on ne pouvait pas...