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Actualités - OPINION

RÉCIT - Après l’avoir blessé par balle, ses ravisseurs l’ont cru mort et l’ont abandonné Une victime des escadrons de la mort témoigne…

Ghaleb Jassem, un sunnite de l’est de Bagdad, a échappé à ses ravisseurs mais perdu trois membres de sa famille tués de sang-froid par un des escadrons de la mort qui sévissent en Irak, terrorisant la population et appliquant leur propre loi. Il était en visite chez son oncle dans la localité de Kamaliya, à la sortie est de Bagdad, des hommes armés habillés de noir cernent la maison, enlèvent cinq membres de la famille avant de leur faire subir un interrogatoire et liquider trois d’entre eux. Touché par une balle, ses ravisseurs l’ont cru mort et l’ont abandonné en quittant les lieux. Dans un rare témoignage, M. Jassem, 28 ans, livre le récit des moments terribles pendant lesquels il a frôlé la mort de son lit d’hôpital à Baaqouba, à 60 km au nord de Bagdad. « J’étais avec mon frère et son fils en visite chez notre oncle quand des hommes armés, habillés de noir, ont forcé la porte et nous ont conduits vers une destination inconnue », raconte à l’AFP M. Jassem, encore sous le choc. Il dit ne pas connaître les motivations ni l’appartenance des membres de ce groupe, arrivés mercredi soir à bord de cinq voitures dans la maison de son oncle. Il ne se rappelle même pas combien ils étaient. « Habillés de noir, ils nous ont conduits dans une maison en construction et là ils ont commencé à nous interroger en nous frappant », ajoute cet Irakien qui porte plusieurs traces de torture sur le dos. « Ils ont affirmé être membres des forces de la police, nous ont traités de terroristes et ont exigé des informations sur nos activités », a-t-il dit. « Nous les avons suppliés en affirmant qu’on n’avait aucun lien avec les terroristes. Ils ne nous ont pas crus et ont continué l’interrogatoire et la torture », poursuit M. Jassem. « Après l’interrogatoire, ils ont tué de sang-froid mon oncle, mon frère et mon neveu. » « Quels crimes ont-ils commis ? Ils sont innocents », déplore-t-il. Touché lui aussi d’une balle à l’épaule, il a expliqué avoir eu la vie sauve en se jetant dans une conduite d’eau et en faisant le mort. Les tueurs sont partis ensuite précipitamment. Ghassan Ibrahim, 16 ans, le second rescapé, affirme avoir être torturé et violemment frappé avant d’être relâché. « Ils étaient habillés en noir, mais ils ne cachaient pas leur visage, raconte-t-il. Ils ont tué mon père et mes deux cousins sans aucun motif. Avant de me relâcher, les ravisseurs m’ont sommé de prendre contact avec eux pour leur fournir des informations sur les terroristes et pourtant je leur ai répété que je n’en connaissais aucun. » Des groupes armés, appelés escadrons de la mort, dont les membres sont parfois déguisés en policiers ou portent l’uniforme de milices, sèment la terreur en Irak, multipliant les raids contre les civils et exaspérant le climat de tensions interconfessionnelles. Le chef radical chiite Moqtada Sadr avait ordonné à ses partisans de l’Armée du Mehdi, soupçonnés d’exactions contre les sunnites après le dynamitage d’un mausolée chiite à Samarra le 22 février, de ne plus porter d’uniforme noir, pour ne pas être confondus avec ces tueurs. Les organisations et partis sunnites ont à plusieurs reprises accusé des agents des forces de sécurité d’arrêter et de tuer des membres de leur communauté. Le ministère de l’Intérieur a toujours nié l’implication de forces de l’ordre dans de telles exécutions après des enquêtes sur l’existence d’escadrons de la mort au sein de la police. La Mission de l’ONU en Irak s’est publiquement inquiétée des exécutions sommaires dans le pays où il ne se passe pas un jour sans découverte de corps d’individus tués par balles, les mains attachées et les yeux bandés.
Ghaleb Jassem, un sunnite de l’est de Bagdad, a échappé à ses ravisseurs mais perdu trois membres de sa famille tués de sang-froid par un des escadrons de la mort qui sévissent en Irak, terrorisant la population et appliquant leur propre loi.
Il était en visite chez son oncle dans la localité de Kamaliya, à la sortie est de Bagdad, des hommes armés habillés de noir cernent...