Terrorisme - Un agent du FBI témoigne Des informations « urgentes » sur Moussaoui ont été négligées

Le procès de Zacarias Moussaoui a repris hier, à Alexandria (Virginie), avec le témoignage d’un agent du FBI qui a souligné l’étendue des informations négligées en haut lieu montrant que l’accusé voulait détourner un avion, trois semaines avant le 11-Septembre. L’agent Harry Samit de la police fédérale (FBI), interrogé par la défense, témoignait hier pour la deuxième fois au premier procès aux États-Unis en lien avec les attentats du 11-Septembre où Moussaoui est le seul prévenu. Samit, qui avait placé Zacarias Moussaoui en garde à vue le 16 août 2001 pour un visa périmé, a reconnu qu’il avait rédigé en août 2001 « à 70 reprises » des documents où il qualifiait Moussaoui de « terroriste », sans que sa hiérarchie ne s’en émeuve, ce qui n’est pas sans fournir de l’eau au moulin des avocats. Le gouvernement américain veut prouver que si Moussaoui n’avait pas « menti » lors de son arrestation et nié être un terroriste, les attentats qui ont fait près de 3 000 morts auraient pu être évités, du moins en partie. La défense argue au contraire que la police fédérale disposait sans aveux de suffisamment d’informations, ignorées par des services de police inefficaces. Puis la défense a épluché avec le témoin son rapport du 18 août à la section chargée du terrorisme international du FBI à Washington. Le document est classé « immédiat », ce qui, dans le jargon de la police, indique qu’il s’agit d’une affaire « assez urgente », selon M. Samit. L’agent du FBI y écrit qu’il soupçonne Moussaoui de préparer un détournement. « Personne ne vous a jamais appelé pour vous poser la moindre question ? » demande la défense à un témoin embarrassé. « Dieu maudisse l’Amérique ! C’est un cirque, mais nous aurons le dessus ! » a crié Moussaoui en quittant la salle lors d’une suspension.