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Actualités - REPORTAGE

Le français au Québec : plus qu’une langue, une raison d’être

Être francophone et survivre dans le continent nord-américain, tel a été le principal défi des Québécois, au Canada. Tout comme les Flamands, les Irlandais, les Croates et les Basques, les Canadiens francophones ont développé leur propre nationalisme linguistique et culturel contre l’anglais, langue dominante dans le reste du continent. Depuis les années soixante jusqu’à nos jours, le nationalisme québécois n’a cessé de prendre de l’ampleur, et l’idée d’un Québec souverain, dont la langue commune serait le français, continue d’alimenter le rêve de toute une nation. Pour les Canadiens français, défendre leur langue c’est surtout défendre leur culture, leur héritage et surtout leur avenir. Bien que le Canada soit officiellement un pays bilingue anglais-français, la situation de la langue de Molière hors de la province québécoise préoccupe nombre de ses défenseurs. En effet, selon les dernières statistiques du gouvernement du Canada, près de 18 % seulement de la population est parfaitement bilingue, 13 % est exclusivement francophone et plus de 65 % ne parle que l’anglais. Au Québec, seulement 5 % de la population québécoise est exclusivement anglophone et un peu plus de 40 % se déclare parfaitement bilingue. Plus de 95 % des Canadiens francophones résident aujourd’hui au Québec. Autres données inquiétantes, il y a aussi, et surtout, la position géographique du pays dans un environnement exclusivement anglophone, le Canada étant le voisin des États-Unis. Par ailleurs, vu le faible taux de fécondité de sa population, le Canada accueille chaque année des dizaines de milliers d’immigrants qui s’intègrent plus aisément dans la communauté anglophone du pays, affaiblissant ainsi le statut de la langue française au Canada, en général, et au Québec en particulier. Pour le mouvement nationaliste Intellectuels pour la souveraineté (IPSO), il y a au Québec plus de francophones anglicisés que d’anglophones francisés. « Dans l’île de Montréal, la proportion de francophones passera d’ici à quelques années sous le seuil des 50 %. » Pour ce mouvement, l’un des principaux problèmes est le double standard du gouvernement face à la langue française. D’une part, il s’emploie à promouvoir le bilinguisme à l’échelle du pays, qui en réalité se traduit par un quasi-unilinguisme anglais hors du Québec et un bilinguisme relatif à l’intérieur de la province à majorité francophone. D’autre part, cette province connaît elle aussi un double statut linguistique : elle est francophone, selon la législation du gouvernement québécois, et bilingue, selon celle du gouvernement fédéral… Pour Monique Richard, présidente du Parti québécois, cette situation rend particulièrement difficile l’application de la charte de la langue française, votée en 1977 et qui encourage l’usage du français comme langue d’enseignement, de travail et d’affichage commercial. Tous ces défis majeurs ont contribué à donner au projet souverainiste une nouvelle dimension, plus mature. Pour le philosophe Michel Seymour, ancien président d’IPSO, seule l’indépendance du Québec permettrait de contrôler pleinement l’ensemble des aspects de la survie linguistique des Canadiens francophones. La souveraineté du Québec « créerait un pôle d’attraction pour les francophones à travers le monde qui aimeraient s’installer en Amérique du Nord, étant donné que le pays aurait pour langue officielle et unique le français ». « Aujourd’hui, le mouvement souverainiste doit relever le défi de bâtir un pays francophone qui véhiculera les valeurs de solidarité, de démocratie et d’équité. Le Québec serait un pays accueillant pour tous ceux et celles qui décideront d’y vivre, peu importe leur langue d’origine », affirme de son côté Mme Richard. « Le Québec et le Canada seraient dans la même situation que la France, l’Italie, la Belgique et le Royaume-Uni dans l’Union européenne : des pays souverains partageant la même monnaie, un marché commun, une union douanière et une libre circulation des personnes, des produits, des services, des capitaux et des travailleurs… » explique M. Seymour. À chaque peuple ses spécificités, et l’identité culturelle des Québécois est d’abord caractérisée par leur langue et leur patrimoine français. La francophonie dans cette province nord-américaine n’est certainement pas une simple langue de communication, c’est toute une raison d’être, un réel combat pour l’indépendance. Rania Massoud
Être francophone et survivre dans le continent nord-américain, tel a été le principal défi des Québécois, au Canada. Tout comme les Flamands, les Irlandais, les Croates et les Basques, les Canadiens francophones ont développé leur propre nationalisme linguistique et culturel contre l’anglais, langue dominante dans le reste du continent. Depuis les années soixante jusqu’à...