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Actualités - OPINION

Courrier «A Perfect Day»… un moment parfait

Des doigts féminins, effilés, qui courent sur la peau mate, belle, d’un jeune homme, qui s’attardent sur les grains de beauté, la nuque...Les doigts remontent vers une belle main de femme, puis un visage de madone brune: c’est la mère, ce symbole de continuité névrotique dans la rupture ; d’exacerbation des frustrations. C’est la première scène du film A Perfect Day de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige qui est à l’affiche, depuis mercredi, de plusieurs salles parisiennes. Et que de frustrations exacerbées s’étalent sous nos yeux: ce père si présent (jusqu’à ses cravates et ses chemises qui pendent sous notre nez) et irrémédiablement absent, pourtant, une absence si longue, jamais reconnue ; cette femme aimée, si difficile à retrouver, si difficile à prendre et à garder ; cette mère si possessive, si difficile à quitter au risque d’en perdre Zeina, la femme aimée. À peine retrouvée, elle s’échappe alors que la tension sexuelle est à son paroxysme, au moment où l’on attend tous, sans respirer, l’accouplement si prometteur, ce coït pourtant «inévitable» tant les corps de Malek et Zeina, enlacés, exultent d’érotisme et d’émotion! Et que de respirations retenues, suspendues, comme en apnée qui attendent, pour souffler, que «se passe ce qui doit se passer». Baladés à toute vitesse dans les avenues et les ruelles bruyantes de Beyrouth, la vue brouillée par les panneaux publicitaires, l’ouïe saturée par les klaxons et par la musique tonitruante des «scrambled eggs», nous ne sommes jamais étourdis, nous retenons notre souffle pour savoir si l’absence du père est enfin acceptée, légalisée, si l’apnée du sommeil sera soignée et guérie et... si l’équipe du Liban a gagné la Coupe d’Asie. Et ce dernier plan, embrassant la mer(e) si sereine, à l’aube d’une nuit beyrouthine, ne réussit pas à apaiser nos frustrations. Les réalisateurs jouent de nos émotions, les leurs aussi sans doute, avec une maîtrise époustouflante. Grâce à un casting parfait, une photo superbe et une musique saoulante, ils ressuscitent sous nos yeux troublés la vie «réelle et vraie». Malek et Zeina sont les héritiers vaincus d’une guerre inaboutie, la guerre de libération, y compris sexuelle. Coup de chapeau pour un coup de maître! Marie Najla ONEISSI, depuis Paris
Des doigts féminins, effilés, qui courent sur la peau mate, belle, d’un jeune homme, qui s’attardent sur les grains de beauté, la nuque...Les doigts remontent vers une belle main de femme, puis un visage de madone brune: c’est la mère, ce symbole de continuité névrotique dans la rupture ; d’exacerbation des frustrations.
C’est la première scène du film A Perfect Day...