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Actualités - OPINION

Quand le Hamas inquiète les islamistes…

Depuis sa victoire écrasante aux législatives du 25 janvier dernier, le Hamas semble présenter, à travers des déclarations de ses représentants du moins, les premiers symptômes de tout mouvement islamiste en butte au nécessaire pragmatisme politique qu’implique la prise de pouvoir par les urnes. Bien embarrassé par l’ampleur de sa victoire qui le rend comptable unique de sa stratégie politique, le mouvement islamiste a en effet multiplié les appels en direction du Fateh, grand perdant du scrutin, pour qu’il participe à la formation du nouveau gouvernement. Les revendications émises par les hauts responsables du mouvement islamiste ne font plus référence, par ailleurs, à la date charnière de 1948 mais plutôt à celle de 1967. Fin février, le Premier ministre palestinien choisi par le Hamas, Ismaïl Haniyeh, avait en outre émis une proposition de reconnaissance de l’État hébreu sous conditions. L’idée de paix avait même été évoqué. Une évolution du vocabulaire employé par le mouvement de la résistance islamique qui mérite d’être relevée. Néanmoins, pour toutes les déclarations faites récemment par les responsables du Hamas, on pourra objecter que ce ne sont là que des paroles, dont la transformation en actes, en avancée réelle sur le dossier israélo-palestinien, est loin d’être garantie. Un signe, toutefois, laisse à penser qu’une évolution pointe à l’horizon, malgré tous les bémols que l’on puisse mettre à cette hypothèse. Le fait que les dernières prises de position du Hamas suscitent l’inquiétude des mouvements islamistes est, en effet, tout sauf anodin. Ainsi, vendredi dernier, un leader tchétchène, Movladi Oudougov, connu pour ses accointances avec les rebelles islamistes, critiquait vertement la visite d’une délégation du Hamas à Moscou. Khaled Mechaal, pour qui le soutien du monde arabo-musulman à la cause palestinienne est pour le moins naturel, s’est fendu d’une réponse laconique : le conflit tchétchène est un problème intérieur à la Russie… Un lâchage en bonne et due forme de ses « frères soumis au joug russe », selon la formule consacrée. Ce week-end, le penseur d’el-Qaëda, Ayman Zawahiri en personne, prenait le relais et tirait la sonnette d’alarme en rappelant le Hamas à ses « obligations », à savoir la poursuite de la lutte armée contre Israël. Là encore, la réaction du mouvement palestinien fut des plus intéressantes : « C’est son opinion, nous sommes neutres », déclarait aussitôt Mohammad Nazzal, un proche de Khaled Mechaal. Une fin de non-recevoir, polie mais claire. Autant de signes d’inquiétude de la part des islamistes qui tendent à étayer l’hypothèse d’une évolution du Hamas vers un nouveau pragmatisme politique. Émilie SUEUR

Depuis sa victoire écrasante aux législatives du 25 janvier dernier, le Hamas semble présenter, à travers des déclarations de ses représentants du moins, les premiers symptômes de tout mouvement islamiste en butte au nécessaire pragmatisme politique qu’implique la prise de pouvoir par les urnes. Bien embarrassé par l’ampleur de sa victoire qui le rend comptable unique de...