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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Le choléra, une bombe à retardement qui menace les bidonvilles du Zimbabwe

Dans les ruines des bidonvilles rasés l’an dernier par le gouvernement zimbabwéen, les habitants sont cernés par les ordures et les eaux usées qui s’échappent de conduites crevées, répandant partout odeurs pestilentielles et peur du choléra. Au moins 27 personnes sont mortes du choléra en deux mois et les cas de dysenterie ne se comptent plus. La saison des pluies n’a fait qu’aggraver la situation sanitaire de centaines de milliers de Zimbabwéens, dont les taudis ont été pulvérisés par les bulldozers. « Nous sommes entourés par ces eaux d’égout. Le choléra ici est une bombe à retardement ! Nous avons peur, mais n’avons nulle part où aller », lance Pius Makowa, 50 ans, qui survit à Dzivarasekwa, bidonville à une dizaine de kilomètres de Harare. Le taudis qu’il occupait avec une douzaine de proches, dont six enfants pieds nus dans la boue, a été partiellement démoli lors de l’opération Murambatsvina (Se débarrasser des ordures, en langue shona), menée sur ordre du président Robert Mugabe. Les égouts qui s’écoulent en cascade autour de la masure lui ont valu le surnom ironique de « Vic Falls », en référence aux célèbres chutes Victoria. « La municipalité devrait venir réparer, mais ils disent qu’ils n’ont pas d’essence pour le camion », ajoute Pius. Le Zimbabwe est confronté à une grave récession économique avec plus de 600 % d’inflation, 83 % de la population vivant avec moins de deux dollars par jour et des pénuries de produits de base. Des cinq minuscules pièces faites de bric et de broc par la famille Makowa, il en reste deux d’à peine 20 m2 au total près de latrines rudimentaires où fuit l’unique robinet du « logement ». « Maintenant je dors là, dehors », poursuit Pius, montrant la dalle de béton fendue, vestige de sa chambre. Quand il pleut ? « On s’entasse avec les petits, on dort assis », ajoute cet homme, sans emploi depuis sept ans. Murambatsvina visait officiellement à en finir avec l’habitat insalubre et la criminalité. L’opération s’est soldée par la destruction de milliers de taudis et de petits commerces illégaux, jetant quelque 700 000 personnes à la rue, selon l’ONU. Des bidonvilles d’Epworth, autre banlieue de Harare, ont aussi été démolis. Cinq personnes y sont mortes du choléra en février et une zone de quarantaine a été installée près du dispensaire local. Quatre tentes blanches et vertes accueillent là les malades, derrière des bâches noires que seul le personnel médical peut franchir, pataugeant à chaque passage dans une solution désinfectante. « L’épidémie est sous contrôle », assure le vice-ministre de la Santé, Edwin Muguti. « Nous informons les gens sur le choléra et continuerons à réagir avec diligence », a-t-il déclaré à l’AFP. Devant la clinique, un homme interpelle une centaine de personnes : « Combien ici savent ce qu’est le choléra ? » Seules trois ou quatre mains se lèvent. « Nous ne savons pas distinguer une simple diarrhée du choléra. Moi, les enfants, on a tout le temps mal au ventre », explique à l’AFP Funsai Takawira, 32 ans, qui élève seul ses deux fils de 9 et 5 ans depuis que sa femme est morte d’une intoxication alimentaire. Florence PANOUSSIAN (AFP)
Dans les ruines des bidonvilles rasés l’an dernier par le gouvernement zimbabwéen, les habitants sont cernés par les ordures et les eaux usées qui s’échappent de conduites crevées, répandant partout odeurs pestilentielles et peur du choléra.
Au moins 27 personnes sont mortes du choléra en deux mois et les cas de dysenterie ne se comptent plus. La saison des pluies n’a fait...