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Mexique - La police assiste, impuissante, aux règlements de comptes Nuevo Laredo, terrain de bataille entre les cartels du Golfe et de Sinaloa

La guerre entre cartels fait rage dans la ville mexicaine de Nuevo Laredo, frontalière des États-Unis : le cartel du Golfe, qui contrôle le trafic de drogue vers le Texas, défend son territoire face au cartel de Sinaloa, qui veut s’implanter dans le nord-est du Mexique. En 2005, la vague de violence a atteint un niveau inédit et la tendance s’accentue encore depuis le début de l’année : 87 exécutions en 2004, 173 en 2005 et déjà 40 en 2006. « Le cartel du Golfe reste le plus violent du pays et défend ses positions face au groupe du Chapo Guzman (du cartel de Sinaloa) qui veut s’installer à Nuevo Laredo. La violence se concentre dans cette ville, mais elle s’étend à Tampico (Nord-Est), Veracruz (Est) et Cancun (Sud-Est), soit toute la ligne d’approvisionnement du cartel du Golfe », observe Jesus Blancornelas, écrivain spécialiste du trafic de drogue au Mexique. Nuevo Laredo, front ouest du territoire contrôlé par le cartel du Golfe, est pilonné par le cartel de Sinaloa qui envoie des commandos abattre les membres du cartel du Golfe ou ses complices. Le cartel du Golfe est dirigé par Osiel Cardenas, emprisonné près de Mexico, mais le puissant baron de la drogue continue de diriger le cartel grâce au traitement de faveur dont il bénéficie à l’intérieur de la prison de haute sécurité (téléphone, ordinateur, armes, etc.). Alors que les autres cartels du pays optent pour un fonctionnement plus discret, le cartel du Golfe entretient un fonctionnement de type militaire. Pour défendre son terrain, le cartel du Golfe compte sur ses sanguinaires tueurs à gages, les Zeta, souvent d’anciens militaires des forces spéciales, alléchés par les juteuses rémunérations. Sorte d’apprentis, les « Alcanes », de jeunes indicateurs d’une vingtaine d’années, quadrillent la ville de 500 000 habitants pour traquer les agents infiltrés du cartel de Sinaloa, pâté de maisons par pâté de maisons. Ils aspirent à intégrer les groupes de tueurs à gages. La police de Nuevo Laredo assiste, impuissante ou complice, aux règlements de comptes. « Les policiers municipaux sont du côté du cartel du Golfe et les fédéraux soutiennent le cartel de Sinaloa, car la stratégie du gouvernement est de faire en sorte que les cartels se massacrent entre eux », affirme un expert de Nuevo Laredo qui veut rester anonyme. Début 2005, 400 policiers de Nuevo Laredo ont été renvoyés pour leurs liens présumés avec les cartels. Le gouvernement mexicain a alors envoyé en renfort un contingent de policiers fédéraux. Depuis, les exécutions augmentent. Dans le principal quotidien de Nuevo Laredo, El Manana, dont la rédaction a été criblée de balles début février, les exécutions ne font plus la une. Après qu’un journaliste eut été grièvement blessé lors de l’attaque, la direction a recommandé la prudence. L’assassinat en pleine journée de Pedro Davila, un commerçant probablement lié au trafic de drogue, dans un quartier populaire, est relégué en page 9 du cahier local du quotidien. Pas d’enquête de la police, le dossier est classé et archivé. Trois heures plus tard, le funeste cortège composé de policiers, du médecin légiste et des journalistes parfois équipés de gilets pare-balles se rend vers un terrain vague où un cadavre vient d’être découvert, enveloppé dans un drap. La culture « narco » est profondément ancrée dans les mentalités. « Ici, les gamins jouent entre eux aux trafiquants de drogue, car ils incarnent la richesse, les belles voitures et les belles maisons », souligne Francisco Chavira, conseiller municipal de Nuevo Laredo. « La corruption des corps policiers est totale. Les politiques sont très implantés dans le trafic de drogue et les trafiquants de drogue dans la politique », résume Francisco Chavira.
La guerre entre cartels fait rage dans la ville mexicaine de Nuevo Laredo, frontalière des États-Unis : le cartel du Golfe, qui contrôle le trafic de drogue vers le Texas, défend son territoire face au cartel de Sinaloa, qui veut s’implanter dans le nord-est du Mexique.
En 2005, la vague de violence a atteint un niveau inédit et la tendance s’accentue encore depuis le début de...