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Ouverture de la session annuelle du Parlement Victimes d’injustice, des dizaines de milliers de Chinois défient le gouvernement

La session 2006 du Parlement chinois a débuté hier à Pékin, réunissant près de 3 000 délégués qui vont se pencher sur la réduction des inégalités sociales, priorité définie dans le XIe plan (2006-2010). Et comme chaque année, à cette occasion, des dizaines de milliers de Chinois, victimes d’injustice dans leurs provinces d’origine, se rendent dans la capitale pour présenter leurs doléances aux autorités centrales malgré la répression policière. Qian Lili, 46 ans, est l’un de ces plaignants qui perpétuent une tradition de l’ère impériale, ce système des pétitions (« shangfang » en chinois) permettant au citoyen de faire connaître ses doléances au gouvernement central s’il estime ne pas avoir trouvé justice au niveau local. Elle vient de passer un an en prison dans sa province natale du Shandong (Est) pour avoir défié le gouvernement et la police, leur reprochant de ne rien faire pour traduire en justice le meurtrier de son fils. Elle survit sous une tente dans les environs de Pékin, sans argent et en glanant des légumes sur les marchés. « La semaine dernière, alors que j’essayais de me rendre au ministère de la Sécurité publique, ils m’ont chassée et m’ont frappée avec leurs poings », dit-elle, se faisant l’écho du sort de nombreux plaignants, pour lesquels la volonté du gouvernement de construire une « société harmonieuse » sonne creux en raison d’une répression policière croissante. Zhu Mingrong, venu de la province de Jilin (Nord-Est) pour exposer des cas de corruption de cadres locaux, a dénoncé l’arrestation hier de plus de 800 plaignants près de la gare du sud de Pékin, avant l’ouverture de la session annuelle du Parlement. « Je ne sais pas où ils sont maintenant, généralement ils sont relâchés après la session », a-t-il indiqué, affirmant cependant que bien d’autres n’étaient pas tombés dans les filets de la police. « Certains d’entre eux veulent parler avec les délégués (du Parlement) et ils essaient de trouver les hôtels où ils sont descendus », a affirmé M. Zhu. La session de l’Assemblée nationale populaire (ANP) doit s’achever le 14 mars. Depuis quelques jours, une unité spéciale de la police de 12 000 hommes patrouille et contrôle les rues. Place Tiananmen, sur laquelle donne le siège du Parlement et qui fut le théâtre de la contestation étudiante de 1989, la présence policière a été renforcée. Mais pour Du Mingrong, 54 ans, qui tente de faire la lumière sur l’assassinat de sa mère depuis 1997, la répression ne l’empêchera pas de poursuivre son combat, malgré son désespoir. Arrêtée plusieurs fois, battue par la police avec des matraques électriques et sans domicile fixe depuis la destruction de sa maison à Pékin, elle se dit déçue par le double langage des dirigeants du pays. « Je n’ai plus beaucoup d’espoir, sauf celui de dévoiler leur laideur », dit-elle.
La session 2006 du Parlement chinois a débuté hier à Pékin, réunissant près de 3 000 délégués qui vont se pencher sur la réduction des inégalités sociales, priorité définie dans le XIe plan (2006-2010). Et comme chaque année, à cette occasion, des dizaines de milliers de Chinois, victimes d’injustice dans leurs provinces d’origine, se rendent dans la capitale pour présenter...