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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIÉTÉ - Crimes, viol, batailles rangées de rue… Cri d’alarme en Espagne : Les tribus urbaines d’adolescents « latinos » dépassent les bornes

Une poignée de crimes, un viol et des batailles rangées de rue ont sonné l’alarme en Espagne autour des « Latin Kings », « Nietas » et « Dominican Don’t Play », des bandes urbaines d’adolescents latino-américains apparues avec le boom récent de l’immigration. L’Espagne, où l’immigration de masse remonte à une décennie, a suivi de près la révolte des banlieues françaises de l’automne dernier et ne veut pas laisser fermenter la situation. Les autorités tâtonnent, entre répression et intégration, sur la réponse à donner à ce phénomène des banlieues de Madrid, Barcelone ou Valence. En 2005, les « bandes latinos », très hiérarchisées, aux rites d’initiation violents, comptaient jusqu’à 2 000 membres, selon la police. Elles intègrent des adolescents déracinés, âgés de 12 ans à une vingtaine d’années, en majorité équatoriens, dominicains et colombiens. Ils se réunissent dans des parcs, les centres de loisirs, s’affrontent pour le contrôle d’un territoire, les copines… Latin Kings et Nietas sont les plus nombreux. Les premiers sont nés dans les années 40-50 à Chicago, en réaction aux abus commis dans les prisons contre les latino-américains ; les seconds, à Porto Rico, dans les années 60-70. Les « Maras » (bandes) ont ensuite essaimé en Amérique centrale, où elles ont atteint un degré de violence sans comparaison avec celui de leurs « filiales » espagnoles. N’empêche. Le 8 janvier, un « Nieta » a été condamné à huit ans de prison à Barcelone pour avoir tenté de poignarder un rival Latin Kings. Le 23 janvier, 33 membres des deux bandes ont été interpellés à Madrid dans le cadre d’enquêtes sur les meurtres de deux adolescents de chaque groupe. En février, une quinzaine de Latin Kings soupçonnés d’implication dans un viol ont été arrêtés à Madrid. Depuis début 2006, 62 Latin Kings ont été arrêtés dans la région de Madrid. Le ministre de l’Intérieur José Antonio Alonso a annoncé en décembre des mesures pour « freiner » l’expansion des « bandes juvéniles » : identification de leurs membres, renforcement des sanctions. Vallecas, banlieue ouvrière de Madrid. 21h00. L’inspecteur Angel Gutierrez et deux motards de la Brigade provinciale de proximité cernent une dizaine de jeunes Latino-Américains bavardant dans le froid près d’un terrain de basket, une bière à la main. Contrôle d’identité, fouille. Rien à signaler. « Bonne soirée les jeunes ». « La presse a beaucoup exagéré le phénomène, estime le policier. Les parents ont deux ou trois boulots. Ils rentrent tard le soir. Alors les gosses se réfugient au sein du groupe d’amis ». « Notre priorité, c’est de confisquer leurs armes- couteaux, battes de base-ball, jamais encore d’armes à feu », ajoute l’inspecteur. Les crimes « n’étaient pas prémédités, mais le résultat de bagarres qui ont mal tourné ». L’inspecteur Gutierrez évoque de petits délits, racket à la sortie des lycées, vols de téléphones portables, mais pas de lien à ce stade entre les bandes latines et les mafias du trafic de drogue et de la prostitution. Si à Madrid l’heure est plutôt à la répression, la région de Catalogne (nord-est) a entamé un processus inverse et tente de convertir ces bandes en associations de jeunesse, avec statuts et locaux. Les autorités catalanes parrainent des rapprochements entre bandes rivales, avec l’implication de la police régionale. « Certains commettent des délits, mais ce ne sont pas des bandes criminelles en soi. Être Latin King, c’est comme être hippie dans les années 60 », commente Carles Feixa, un anthropologue de l’Université de Lleida impliqué dans ce processus. Ce spécialiste des « tribus urbaines » estime que leur légalisation donnera à ces groupes une « meilleure visibilité favorisant l’abandon progressif des rites violents. Les criminaliser ne ferait que les marginaliser un peu plus ». Il craint un dérapage à la française « d’ici à 15 ou 20 ans, si rien n’est fait pour leur intégration ».
Une poignée de crimes, un viol et des batailles rangées de rue ont sonné l’alarme en Espagne autour des « Latin Kings », « Nietas » et « Dominican Don’t Play », des bandes urbaines d’adolescents latino-américains apparues avec le boom récent de l’immigration.

L’Espagne, où l’immigration de masse remonte à une décennie, a suivi de près la révolte des...