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« Qu’elle aille au diable Meryl Streep », du 7 mars au 9 avril Au théâtre al-Madina, une œuvre collective pour déconstruire les tabous

Nidal el-Achkar n’a pas coutume de faire les choses à moitié. Pour annoncer sa nouvelle mise en scène, elle convoque la presse et invite son équipe, toute son équipe à parler, sous les feux des projecteurs, de cette «belle expérience» que fut la création de la pièce «Tostofil Meryl Streep» («Qu’elle aille au diable Meryl Streep»). C’était hier, au théâtre al-Madina, rue Hamra. Avant-goût d’une œuvre à l’affiche à partir du 7 mars (jusqu’au 9 avril). C’est donc en présence de Rachid el-Daïf, auteur du roman; de Mohammad Kacimi, auteur de la pièce; d’Élie Karam, auteur de la traduction et acteur; de Rana Alamuddin, actrice et, last but not least, de Bernard Banos Robles, de la Mission culturelle française, que Nidal el-Achkar a présenté cette œuvre collective qu’elle a chapeautée dans toutes les étapes de sa création. La grande dame des planches a entamé son allocution par une attaque directe contre la censure. «C’est par le choix de s’exprimer librement, de ne pas avoir peur des interdits et des tabous, de dévoiler ce qui est caché et de sortir le linge sale comme le propre au grand jour, que l’on devient vraiment artistes... Laissez-nous décider par nous-mêmes de ce qu’il faut dire et de ce qu’il faut taire. Laissez le public décider de ce qu’il a envie d’entendre.» Pour comprendre ces paroles, il faut savoir que Qu’elle aille au diable Meryl Streep «s’attaque avec une franchise incroyable aux tabous de la société libanaise et arabe, avec une langue qui dénude la réalité d’un couple marié. Une langue aux antipodes de la tradition romanesque arabe qui abuse du lyrisme, de la métaphore et du mot rare», comme l’a si bien noté Mohammad Kacimi. L’auteur de la théâtralisation du roman indique qu’il n’a jamais eu l’intention de «faire du roman sur une scène de théâtre. J’ai tenté d’avoir, quitte à parfois prendre des libertés avec le texte, la version la plus théâtrale possible, de casser la narration pour donner place aux dialogues entre les personnages. Que tout se passe entre ces répliques qui fusent comme des balles. De donner le plus de corps à ces deux êtres, car le théâtre arabe abuse souvent du récit au point qu’il en oublie ce qu’un personnage veut dire.» Rappelons que l’auteur de l’adaptation libre en français est né en 1955 en Algérie. Il s’est très tôt abreuvé aux sources de cette double culture faite de tradition arabe et d’écrivains français. Il est installé à Paris depuis 1982, où il a publié son premier roman, Le Mouchoir. 1995 marque l’année de sa venue au théâtre, avec une commande d’Ariane Pouchkine pour le Festival d’Avigon. Ce sera Le vin, le vent, la vie, une manifestation autour des poètes du Maghreb. En 1998, il écrit sa première pièce, 1962 (mise en scène par Valerie Grail). Suivront des dizaines d’ouvrages, romans, pièces de théâtre… Il est, depuis 2005, président de l’association Écritures vagabondes. Rachid el-Daïf a déclaré pour sa part qu’il ne s’immisce pas, par principe, dans l’adaptation théâtrale ou cinématographique de ses œuvres. «En assistant aux répétitions de cette pièce, j’ai retrouvé réellement l’atmosphère de mon roman.» Rachid el-Daïf est professeur de langue et de littérature arabes à l’Université libanaise de Beyrouth. D’abord tournée vers la poésie, son œuvre est depuis les années 1980 entièrement consacrée au roman. Œuvres traduites en français: L’été au tranchant de l’épée (poèmes), Le Sycomore, 1979; Passage au crépuscule (roman), Actes Sud 1992; Cher Monsieur Kawabata (roman) Sindbad/Actes Sud, 1998; Learning English (roman), Actes Sud, 2002. Élie Karam, qui a «libanisé» le texte français de Mohammad Kacimi, dit avoir tenté de donner au dialogue une portée beyrouthine reconnaissable entre toutes. Et l’actrice Rana Alamuddin dit qu’à travers le personnage féminin, elle donne voix à toutes les femmes arabes et libanaises qui subissent le machisme de la société. «Il est temps que le dialogue entre les hommes et les femmes s’instaure», a-t-elle conclu. Synopsis de la pièce Rachid a pris épouse sur le tard, pour s’intégrer dans la société et avoir des enfants. Elle l’a aussi choisi par défaut, parce que mieux vaut être divorcée que célibataire. Mais elle préfère rester chez ses parents au motif qu’ils ont la télévision câblée. Il achète donc l’objet et succombe à son tour à la fascination des images venues du monde entier. Le film Kramer contre Kramer le bouleverse. Il admire la liberté de Meryl Streep, mais sent confusément que cet idéal est en contradiction avec ce qu’il attend d’une femme : soumission, virginité. Il finit aussi par soupçonner que sa belle a plus d’expérience que convenable. Son statut de mâle dominateur moralisateur de mauvaise foi en prend un coup !
Nidal el-Achkar n’a pas coutume de faire les choses à moitié. Pour annoncer sa nouvelle mise en scène, elle convoque la presse et invite son équipe, toute son équipe à parler, sous les feux des projecteurs, de cette «belle expérience» que fut la création de la pièce «Tostofil Meryl Streep» («Qu’elle aille au diable Meryl Streep»). C’était hier, au théâtre al-Madina, rue...