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Actualités

Non à une majorité agissant en minorité

Je ne sais comment décrire ma position face aux récents événements. Elle varie entre la honte, le dégoût, sans perdre toutefois des « flashs » d’espoir. Je me mentirais si j’affirmais toujours soutenir le gouvernement de M. Siniora, mais je ne peux pas non plus souhaiter son échec, n’ayant aucune confiance en ceux qui se présentent comme alternative. Toute chute de ce gouvernement serait traduite en victoire syrienne. Cela est inacceptable, même si, dans les faits, ça ne correspondait pas à la réalité. Souvent, les impressions sont de loin plus importantes que les réalités, de loin plus marquantes. Nous sommes responsables de la situation à laquelle nous avons abouti. Nous, c’est-à-dire les partisans de l’alliance du 14 mars et du gouvernement actuel. Nous ne les avons jamais évalués, remis en question. Nous sommes restés passifs, les regardant traiter le pays avec un indescriptible amateurisme. Nous avons accepté les voir se soumettre au chantage ; nous avons accepté qu’ils partagent le pouvoir avec le président de la République. Nous avons accepté d’admettre les obscurs et mystérieux accords signés sans en référer à personne. Il est malheureux, voire dangereux, qu’un gouvernement, qu’une majorité soient acculés à toujours être réactifs au lieu qu’ils ne prennent eux-mêmes l’initiative. Il est malheureux, voire dangereux, de continuer à soutenir une majorité qui a honte d’elle-même, qui a honte de gouverner le pays. Oui, nous soutenions une majorité. Que cette majorité agisse en tant que telle. Les élections sont derrière nous. Si le Hezbollah regrette de nous avoir offert la majorité, c’est son problème et non le nôtre. Que ceux qui regrettent d’avoir voté pour la majorité expriment leur changement d’avis lors des prochaines élections. En attendant, je refuse de voir la majorité agir comme une minorité. Je refuse de voir les partis qui portent les projets en lesquels j’ai cru bloqués et paralysés par de petits calculs politiciens et confessionnels. Au Liban, ce n’est pas l’opposition qui gagne, c’est notre majorité qui perd. Nous ne pouvons l’accepter et agir comme si de rien n’était. Nous sommes le peuple qui a envahi les rues de Beyrouth le 14 mars 2005, exigeant le changement. Nous ne pouvons tolérer que les partis qui gouvernent grâce à nous, en notre nom, agissent avec tant de lâcheté et d’amateurisme. C’est parce que je m’oppose à toutes les méthodes d’Amal dans la vie politique ; parce que je ne peux accepter la volonté du Hezbollah de lier le Liban aux desseins de la Syrie et de l’Iran ; parce que je n’ai aucune confiance dans les tendances populistes de Michel Aoun, que je refuse qu’on leur accorde continuellement cadeau après cadeau. À tous les partisans de la majorité, je sais comme vous que celle-ci n’a pas la marge de manœuvre dont elle a besoin pour agir. Je sais qu’Émile Lahoud est un énorme problème. Je sais qu’à cause de lui, on n’arrive pas à purger nos services de sécurité et de renseignements. Comme vous tous, je sais que le régime terroriste syrien est derrière les assassinats, les attentats et toutes les tentatives de plonger le Liban dans le chaos. La solution n’est pas et ne sera jamais à travers des mesures sécuritaires. La solution n’est que politique. Elle a besoin de courage, celui de refuser les compromis, encore des compromis. Même si toutes les accusations lancées par l’alliance du 14 mars sont vraies, tout cela risque de ne plus servir désormais. Pourquoi ces points n’ont-ils pas été soulevés avant, via les voies légales officielles ? Pourquoi a-t-on attendu les émeutes du 5 février pour les dévoiler ? Pourquoi les autorités n’agissent-elles donc pas énergiquement en arrêtant et en interrogeant tous les suspects ? Ce gouvernement, notre gouvernement, n’a été, jusque-là, que réactif. Pas une seule initiative n’a été prise activement. S’il a honte de lui-même, qu’il se démette ; sinon, qu’il ait le courage de gouverner. Le Liban ne doit pas être gouverné via des communiqués de presse et des shows médiatiques. Avec tout mon respect aux personnalités du 14 mars, leurs rencontres à Clemenceau, Sodeco, Koraytem sont certes bienvenues, mais en aucun cas elles ne sauraient remplacer les pouvoirs constitutionnels de mon pays. Les institutions constitutionnelles sont le gouvernement et le Parlement. Que font-elles ? Nous ne pouvons plus tolérer les sempiternels communiqués et conférences de presse. Ayons le courage de proposer, de gouverner, de décider. C’est le seul moyen de prouver au monde, mais surtout au peuple libanais, la vacuité de la soi-disant alternative de l’opposition. Où êtes-vous, Nader Nakib, Daniel Spiro, Rayyan Achkar, Jean Gemayel et autres leaders estudiantins? Votre rôle n’est pas d’être un canal des prises de position de vos chefs. Votre rôle n’est pas de continuer à justifier leurs humeurs. Il n’est pas de mener des batailles par personnes interposées ou d’organiser concerts et expositions. Votre rôle est l’exact opposé. C’est d’être le canal des idées de votre base vers vos chefs. C’est d’être une force de proposition, qui agit activement et fermement. C’est de bâtir les ponts au niveau des bases, des ponts sur lesquels nous pouvons nous déplacer avec confiance. Les ponts construits au niveau de la base sont supposés être – par définition – plus solides que les vides réunions médiatiques des leaders. Ayman MHANNA Institut d’études politiques de Paris
Je ne sais comment décrire ma position face aux récents événements. Elle varie entre la honte, le dégoût, sans perdre toutefois des « flashs » d’espoir.
Je me mentirais si j’affirmais toujours soutenir le gouvernement de M. Siniora, mais je ne peux pas non plus souhaiter son échec, n’ayant aucune confiance en ceux qui se présentent comme alternative. Toute chute de ce...