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FESTIVAL - La remise des trophées des films « parallèles » aura lieu aujourd’hui « Teddy », l’ours gay de la Berlinale, souffle ses vingt bougies

Ça a commencé avec un nounours en peluche donné discrètement à des inconnus d’alors, comme Pedro Aldomovar, pour devenir l’une des récompenses les plus en vue de la Berlinale : le « Teddy », trophée des films gays et lesbiens, souffle cette année ses vingt bougies. Aujourd’hui, à la veille de la cérémonie où seront remis les « vrais » ours, un autre jury distribuera ses propres statuettes, des nounours tout sourire et bedonnants qui récompensent ces films du festival, toutes catégories confondues, qui s’intéressent de près ou de loin aux homos et aux lesbiennes. Parmi les favoris, on note cette année, en sélection officielle, un film consacré à l’écrivain américain Truman Capote, ou encore Estrellas de la linea sur des footballeuses prostituées guatémaltèques, et, foot toujours, Eleven Men Out, sur le « coming-out » d’un joueur islandais. Dotés de prix modestes, les Teddys – depuis 10 ans des statuettes en bronze dessinées par le bédéiste à succès Ralf Koenig – ont déjà distingué des œuvres de Derek Jarman, François Ozon, ou encore Gus Van Sant, servant de tremplin à leurs carrières. Mais ils encouragent aussi des cinéastes venus de pays où l’homosexualité n’a pas bonne presse. Le directeur de la programmation, Wieland Speck, se souvient ainsi d’un film iranien sur une transsexuelle, arrivée en contrebande à Berlin, ou bien d’un autre venu du Mexique, dont les distributeurs locaux ne voulaient pas entendre parler jusqu’à ce qu’il soit revenu avec la statuette berlinoise... Ces trophées, témoins des déboires et bonheurs de la communauté gay aux quatre coins du monde, n’auraient jamais vu le jour sans une petite équipe passionnée de cinéphiles, au premier rang desquels Manfred Salzberger, fondateur des Teddys, mort du sida en 1994. Wieland Speck, directeur de Panorama, la section d’art et essai de la Berlinale, a repris le flambeau. Le succès des Teddys, qui n’ont pas d’équivalent dans les deux autres grands festivals de cinéma que sont Cannes et Venise, il l’explique par le grand libéralisme berlinois et un public urbain très demandeur, pas exclusivement homosexuel. « Berlin a toujours été une ville de grande tolérance. C’est une ville éminemment politique », dit-il. « Le pavé sur lequel est fixée la statuette du Teddy est d’ailleurs une référence au combat des homosexuels pour leur reconnaissance sociale », ajoute-t-il. « Et puis, à l’inverse de Cannes et Venise, la Berlinale est un festival avec un vrai public, et pas seulement un jury et des professionnels », poursuit M. Speck. Pour beaucoup, même si l’homosexualité ne choque presque plus en Occident et s’affiche désormais sans vergogne à Hollywood avec les cow-boys de Brokeback Mountain, les Teddys sont toujours aussi nécessaires. « En ce moment, nous avons un président ultraconservateur en Pologne (Lech Kaczynski) qui hait les homos », et « le nouveau pape hausse le ton contre les prêtres homos et les préservatifs », relève le cinéaste allemand Rosa von Praunheim, auteur de Can I be Your Bratwurst, please ? Pour lui, « tout cela rend le Teddy d’autant plus important ». Cette année, vingtième anniversaire oblige, les organisateurs ont vu les choses en grand : la cérémonie de clôture – retransmise en différé sur Arte – et la soirée qui suivra ont lieu dans un temple de la nuit berlinoise rouvert pour l’occasion, le E-Werk, une ancienne centrale électrique en plein centre de la capitale. Les statuettes seront remises sous le regard bienveillant du directeur de la Berlinale, Dieter Kosslick, et du maire de Berlin, Klaus Wowereit, un homosexuel – et fêtard – déclaré, qui aura tout loisir de se joindre à la faune ambiante.
Ça a commencé avec un nounours en peluche donné discrètement à des inconnus d’alors, comme Pedro Aldomovar, pour devenir l’une des récompenses les plus en vue de la Berlinale : le « Teddy », trophée des films gays et lesbiens, souffle cette année ses vingt bougies.
Aujourd’hui, à la veille de la cérémonie où seront remis les « vrais » ours, un autre jury...