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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE - Le fait que l’Afrique soit désormais touchée renforce les craintes d’une pandémie mondiale, estime un expert Avec l’expansion du H5N1, les scénarios catastrophes à l’ordre du jour

La diffusion très rapide du virus de la grippe aviaire H5N1 dans les élevages de volailles en Afrique, un continent démuni cumulant déjà des millions de cas de sida, de paludisme et de tuberculose, et son apparition chez les oiseaux sauvages en Europe, relance les scénarios catastrophes. Le virus aviaire H5N1 hautement pathogène d’origine asiatique n’est pas actuellement capable de se transmettre facilement et durablement d’un individu à l’autre, mais ce risque augmente avec sa diffusion, selon les experts. Ses capacités de coloniser de nouveaux territoires, et maintenant un nouveau continent, ravivent les craintes qu’il ne réussisse à s’adapter à l’homme et déclenche la première grande pandémie humaine de grippe du XXIe siècle. « Le fait que l’Afrique soit désormais touchée renforce les craintes d’une pandémie mondiale d’ici quatre à cinq ans », juge Jean-Claude Manuguerra de l’Institut Pasteur (Paris). Des trois pandémies de grippe du XXe siècle, la plus grave, la grippe espagnole due à un virus d’origine aviaire, a fait 40 à 50 millions de morts en 1918-1919. Pour une pandémie occasionnée par le H5N1, des scénarios apocalyptiques ont été avancés : elle pourrait faire plus de morts que le sida dans le monde en vingt ans. L’ampleur de la mortalité qu’elle pourrait causer varierait de 2 à 7,4 millions de morts, selon l’OMS. Mais ces chiffres pourraient atteindre 32 à 150 millions de morts dans le monde, voire plus, selon les prédictions les plus alarmistes ne reposant, rappellent les spécialistes, que sur des conjectures. La détection rapide de cas animaux dans l’Union européenne montre que son système de détection fonctionne bien, mais le cas de l’Afrique est plus préoccupant. Pour l’instant, au Nigeria où ont surgi des cas animaux, il n’y a pas eu de cas humains confirmés. Toutefois, avec la mortalité due à des maux comme le sida et la tuberculose et la pénurie de soignants, il est plutôt difficile de s’en assurer. Mais le Dr Manuguerra s’inquiète de l’interférence avec le sida : « On a découvert au cours de traitements que le virus de la grippe ordinaire est excrété plus longtemps par les patients atteints par le VIH, de l’ordre de quinze jours alors qu’il subsiste normalement dans l’organisme de 5 à 6 jours. » Cette situation favorise « la sélection de virus grippaux résistant aux traitements (Relenza, Tamiflu) ou pire des mutations susceptibles de faire évoluer le virus aviaire », avance ce spécialiste. De plus, « dans les zones intertropicales, le virus de la grippe ordinaire circule toute l’année », remarque Jean-François Saluzzo, expert virologue. Les délais de production, de plusieurs mois, d’un vaccin conventionnel ne permettraient pas d’endiguer la première vague. Si les premiers foyers humains n’étaient pas maîtrisés, l’épidémie pourrait se propager dans le monde à la vitesse des transports aériens... Pour le SRAS (pneumopathie atypique asiatique), bien moins contagieux qu’une simple grippe, il a suffi d’une seule personne débarquant à Hong Kong pour diffuser la maladie dans trente pays.
La diffusion très rapide du virus de la grippe aviaire H5N1 dans les élevages de volailles en Afrique, un continent démuni cumulant déjà des millions de cas de sida, de paludisme et de tuberculose, et son apparition chez les oiseaux sauvages en Europe, relance les scénarios catastrophes.
Le virus aviaire H5N1 hautement pathogène d’origine asiatique n’est pas actuellement capable de se...