Furieux contre Moscou, l’État hébreu exhume des liens entre le Hamas et les Tchétchènes Israël obtient le soutien de l’Allemagne pour isoler le mouvement islamiste

Israël a obtenu hier le soutien de l’Allemagne pour isoler le mouvement islamiste palestinien Hamas aussi longtemps qu’il ne renonce pas au « terrorisme », lors d’une visite du ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. «Les Européens ne négocieront pas à ce stade avec le Hamas puisqu’il est inscrit sur la liste des organisations terroristes », a déclaré le chef de la diplomatie allemande après une rencontre avec le Premier ministre israélien par intérim Ehud Olmert et avec son homologue israélienne Tzipi Livni. M. Steinmeier a affirmé avoir exprimé sa « solidarité » avec Israël et souligné qu’aucun pays ne devait discuter avec le Hamas, sauf s’il renonce à la violence, reconnaît Israël et respecte les accords israélo-palestiniens passés. « J’ai clairement insisté sur ces conditions pour tout dialogue avec le Hamas. Or, les Israéliens n’ont reçu jusqu’à présent aucune indication sur la disposition du Hamas à en tenir compte », a indiqué le ministre allemand à la presse. M. Steinmeier n’a prévu aucune rencontre avec des représentants du Hamas lors de sa visite prévue aujourd’hui à Ramallah, où il sera reçu par M. Abbas. L’Allemagne se démarque ainsi de la position de la Russie, dont le président Vladimir Poutine a irrité Israël en invitant des responsables du Hamas pour des discussions à Moscou. Selon le chef de la diplomatie allemande, l’invitation adressée par M. Poutine au Hamas a été évoquée lors de l’entretien avec M. Olmert, qui s’est dit déçu par cette prise de contact. Indigné par l’invitation lancée au Hamas par le président Vladimir Poutine, l’État hébreu a exhumé des liens supposés entre le mouvement intégriste palestinien et ceux que la Russie considère comme des « terroristes tchétchènes », a-t-on appris hier de source politique à Jérusalem. « L’idée est de montrer aux Russes qu’il n’y a pas de différence entre le terrorisme du Hamas et le terrorisme tchétchène », déclare-t-on de même source. Un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères a reconnu qu’un document mis au point par le Centre d’information pour le renseignement et contre le terrorisme, un organisme de réflexion, avait bien été distribué aux diplomates israéliens à titre « informel ». Ce texte rappelle que l’armée israélienne a saisi en 2004 dans des universités palestiniennes des affiches à la gloire des militants du Hamas et des séparatistes tchétchènes, présentés comme ayant en commun d’être des combattants islamiques. À Washington, la Maison-Blanche a souhaité que Moscou rappelle au Hamas qu’il doit désarmer et reconnaître Israël, si Moscou reçoit effectivement le groupe islamiste palestinien, a indiqué hier le porte-parole de la Maison-Blanche Scott McClellan. De son côté, le Hamas a d’ores et déjà annoncé qu’il ne renoncerait pas à sa charte qui prône la destruction d’Israël, ni à la violence. Toutefois, il est prêt à une trêve prolongée et le chef de son bureau politique, Khaled Mechaal, a même envisagé de stopper la « résistance armée » si Israël se retirait de tous les territoires conquis en 1967. « Si Israël reconnaît nos droits et s’engage à quitter tous les territoires occupés, le Hamas et le peuple palestinien prendront une décision concernant la fin de la résistance armée », a déclaré Khaled Mechaal au quotidien russe Nezavisimaïa Gazeta. Sur le terrain, une Palestinienne de 25 ans a été tuée par des tirs de l’armée israélienne dans le sud de la bande de Gaza, près de la frontière avec Israël.