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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Écrivain-voyageur, auteur d’« Un matin à Byblos », prix Phénix 2005 Olivier Germain-Thomas: un promeneur inspiré dans la ville-livre…

Producteur d’émissions de radio et de télévision (notamment For Intérieur sur France Culture), éditeur (il est directeur de la collection Chemins d’éternité, chez Pygmalion) et écrivain (il est l’auteur d’une quinzaine de romans, de récits et d’essais sur l’Orient), Olivier Germain-Thomas est avant tout un adepte de «la philosophie par les pieds». La formule peut paraître…déroutante. Sauf qu’elle signifie, selon son auteur, «réfléchir en voyageant. Et philosopher ainsi, de manière concrète, dans une situation donnée et non pas de façon abstraite sur la vie». On l’aura deviné, Olivier Germain-Thomas est un écrivain-voyageur. Et s’il a longtemps arpenté quasi exclusivement les chemins – terrestres et spirituels – d’Asie et d’Extrême-Orient (surtout l’Inde, le Japon et la Chine, d’où il a tiré matière à de nombreux ouvrages, notamment La tentation des Indes et En chemin vers le Bouddha), depuis qu’il a échoué, un peu par hasard, sur les rivages millénaires de Byblos, il «porte au Liban un attachement particulier». Invité à Beyrouth au Salon Lire en français et en musique, il avait découvert, il y a quatre ans, par une matinée ensoleillée de novembre, le site phénicien. «J’ai été absolument enchanté par le lieu et j’ai décidé, à partir de ce moment-là, d’approfondir un peu mes connaissances sur les Phéniciens et notamment sur la grande question de notre alphabet qui est né à Tyr mais qui a quitté les rivages de Byblos pour la Grèce.» Résultat, un petit livre (une centaine de pages), «qui ne fait pas mal au pied quand il lui tombe dessus», paru en 2005 aux éditions du Rocher, intitulé tout simplement Un matin à Byblos. Récit, essai et réflexion poétique À la fois récit de voyage, essai sur l’origine de la langue, petites échappées romanesques et poétiques, il se lit en une heure. Sauf qu’on y puise nombre d’informations inédites ou oubliées (on apprend ainsi que «les Amorites qui venaient du désert syrien brûlèrent Byblos en l’an 2000 avant J-C, après avoir mis fin à la civilisation sumérienne» ou que «téléphoner veut dire faire du phénicien à distance»), ainsi que des aphorismes et des phrases qui prêtent à réflexion: «Depuis longtemps l’éternité s’est glissée entre la mort et le néant», «Ces ruines (celles de Byblos) sont une femme voilée assise devant la mer», ou encore «(…) On n’y décèle ni contrainte, ni orgueil, ces deux poisons du don.» Petite leçon d’histoire, Un matin à Byblos retrace le parcours de transmission de l’écriture. «Ces petites brindilles qui se tortillent» que Cadmos de Phénicie, le frère de la célèbre Europe, va offrir aux Grecs. «Ces derniers, plutôt bons danseurs, la retournèrent pour écrire de gauche à droite, lui donnèrent des formes plus nettes et y ajoutèrent des voyelles, ce que ne firent ni les Hébreux, ni les Arabes qui puisèrent à la même source», écrit Olivier Germain-Thomas. Qui explique ainsi le fait «qu’on passe facilement du phénicien au grec, puis facilement du grec au latin. Donc, on peut considérer que l’immense majorité du monde aujourd’hui écrit avec un alphabet qui puise sa source en Phénicie et particulièrement à Byblos, où se trouve le sarcophage du roi Akhiran (IIe millénaire avant J-C), qui est le premier signe de cet alphabet». Entretiens libanais sur France-Culture «Pour un écrivain, poursuit Olivier Germain-Thomas, c’est fascinant de se dire que l’on marche dans cette ville qui a pour nom livre (le mot grec biblos signifie écorce de papyrus) et d’où a été diffusée l’écriture, cet outil dont je me sers tout le temps.» «En fait, je me suis servi de Byblos comme d’un prétexte pour une interrogation sur les mythes, sur l’amour, sur la langue et aussi sur le temps… Cela peut sembler beaucoup pour un petit livre», dit-il, modeste. Un petit livre d’une belle érudition et qui rend un grand hommage à un petit pays qui «(…) peut être pris pour un des centres de la terre, le plus surprenant, le plus stimulant.» Un Liban qu’Olivier Germain-Thomas adjure – dans son ouvrage – de revenir, «de l’identitaire à l’universel enraciné, (…) afin d’incarner l’aspiration de notre époque: une harmonie de cultures multiples». Il y contribue, peut-être, pour sa part en donnant souvent la parole aux Libanais, dans ses émissions radiophoniques. «J’ai fait un entretien d’une heure avec le regretté Samir Kassir, sur les ondes de France-Culture. Et ces six derniers mois, j’ai consacré une émission au père Moubarak (qui l’a marié et a été son guide spirituel), j’ai invité, tour à tour, Salah Stétié, Tarek Mitri, Abbas Halabi et le père Sélim Abou à s’exprimer sur For Intérieur», assure le lauréat (ex aequo avec Charif Majadalani)* du prix Phénix 2005. Un prix qui le touche particulièrement, parce qu’il lui a été «décerné par les Libanais. Et parce que le mythe du Phénix me passionne. Non seulement il a fait le tour de la Méditerranée, mais on le retrouve aussi en Chine et au Japon. Il trône d’ailleurs au haut du Pavillon d’or, un temple à Kyoto», indique Olivier Germain-Thomas. Qui signale, par ailleurs, que «ce mythe de la régénération par le feu, on peut le prendre comme un symbole de l’immortalité, mais aussi ça peut être une incitation dans nos vies quotidiennes à nous débarrasser des vieilles peaux de l’habitude, des scléroses, des facilités…» Olivier Germain-Thomas: un érudit voyageur. Qui se promène avec simplicité dans les cultures, l’espace et le temps. Zéna ZALZAL * Voir dans ces mêmes colonnes l’édition du 4 février 2005.
Producteur d’émissions de radio et de télévision (notamment For Intérieur sur France Culture), éditeur (il est directeur de la collection Chemins d’éternité, chez Pygmalion) et écrivain (il est l’auteur d’une quinzaine de romans, de récits et d’essais sur l’Orient), Olivier Germain-Thomas est avant tout un adepte de «la philosophie par les pieds». La formule peut...