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Actualités - CHRONOLOGIE

La beauté et l’horreur humaines au service du cinéma Les sorties de la semaine

kkk Memoirs of a Geisha, de Rob Marshall Memoirs of a Geisha est l’adaptation du best-seller éponyme d’Arthur Golden paru en 1997. Un an plus tard, Steven Spielberg acquiert les droits du roman pour le transposer à l’écran. Ce dernier sera finalement producteur du film, alors qu’il tiendra à Rob Marshall de le mettre en scène. À première vue, ce long-métrage pourrait en rebuter plus d’un. Il s’agit effectivement d’une histoire sur le Japon faite par des Américains, tournée aux États-Unis, et dont les principales interprètes sont chinoises. Mais ne nous arrêtons pas stupidement à cet emballage aussi superficiel qu’éclectique car le résultat efface toute appréhension. Revenons rapidement sur l’histoire : quelques années avant la Seconde Guerre mondiale, la petite Chiyo est vendue par sa famille pour aller travailler comme servante dans une maison de geishas. Le spectateur suivra tour à tour sa dure initiation qui fera d’elle une geisha (1), ses méandres amoureux, la jalousie de ses rivales, etc. Véritable cadeau pour tous nos sens, le film nous plonge dans une ivresse totale. Les costumes renversants, la beauté ravageuse des actrices, leur maquillage fascinant, la transposition parfaite du quartier de Gion à Kyoto, la nature japonaise... tout explose à l’écran. Impossible de ne pas vivre l’histoire. On en sentirait presque le parfum des cerisiers ainsi que la douce texture des kimonos. Véritable peinture vivante, le film offre un dépaysement inévitable. Mais la beauté ne se réduit pas qu’à la forme. Le fond est en effet tout aussi attrayant. Le cinéaste offre un casting de rêve mené brillamment par trois actrices de talent : Ziyi Zhang, Gong Li et Michelle Yeho. Chacune défend des personnages aussi différents qu’intéressants. Les rôles masculins sont campés par des acteurs tout aussi irréprochables, dont Ken Watanabe et Kôji Yakusho. Des acteurs à la hauteur des poétiques et inspirés dialogues qui nous bercent tout au long du récit. Et si le cinéaste met en valeur une dure et cruelle réalité, il s’applique, deux heures trente durant, à ne chuchoter dans le creux de nos oreilles que finesse, raffinement et douceur. Espace, Freeway, Circuit Empire- sauf Sodeco (1) Les geishas existent depuis plusieurs siècles au Japon. Leur nom vient du mot « gei », qui signifie art en japonais. Ni épouses ni prostitués, ces femmes hautement respectées dans la société gagnaient leur vie en divertissant des hommes puissants par leur beauté, leur élégance et leurs dons artistiques. Les hommes étaient prêts à payer cher pour devenir leur « danna », leur maître. À la fois danseuses, chanteuses et musiciennes, les geishas maîtrisaient l’art de la conversation et se rendaient dans les soirées données dans les maisons de thé. Elles existent encore aujourd’hui, mais dans une proportion beaucoup plus faible. kk Caché, de Michael Haneke Le cinéma de Michael Haneke n’a jamais tenté de caresser le spectateur dans le sens du poil, de l’apaiser ou encore de le réconforter. Pas étonnant que ses films soient si controversés. L’Autrichien cherche, par tous les moyens, à surprendre, à interpeller, à choquer. Caché n’est donc certainement pas destiné aux amoureux d’un cinéma « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Le réalisateur met cette fois le doigt sur un problème qui nous touche tous, celui du poids de la culpabilité, des petites lâchetés quotidiennes auxquelles nous, faibles humains, sommes toujours victimes. Victimes, mais jusqu’à quel point réellement ? La ligne qui sépare l’agresseur de la proie est souvent bien fine. La mémoire est effectivement sélective. Il nous est donc facile d’ignorer, d’oublier ou de cacher des épisodes sombres de notre vie afin de la rendre plus supportable et de ne pas avoir à faire face. La politique de l’autruche : voilà exactement ce que met en pratique Georges, le personnage interprété ici par Daniel Auteuil. Mari et père de famille en apparence sans problème et sans reproche, sa vie paisible bascule le jour où il reçoit des vidéocassettes à contenu personnel laissant soupçonner que l’expéditeur le connaît depuis longtemps. Méfiez-vous des eaux dormantes, dit le dicton. Georges est-il à blâmer ou à excuser ? Sa vie est-elle exemplaire ou se décrit-elle plutôt comme une mascarade, un fatras de secrets, de cachotteries ? Son métier renvoie clairement à cette dernière supposition. Présentateur d’une émission littéraire, il travaille dans un domaine qui se nourrit d’images et d’apparences. Les médias transforment, dissimulent, cachent pour éventuellement un jour révéler. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si l’un des invités de son émission n’est autre que Mazarine Pingeot (fille cachée de François Mitterrand). Les thèmes de la culpabilité, de l’oubli, des mystères et des secrets, Haneke les évoque également à travers une page sombre de l’histoire de France, la guerre d’Algérie. Le film aborde donc à la fois le passé et le présent du personnage en se tenant bien de donner des indices éventuels sur le futur. Car le point fort du cinéaste est effectivement de cultiver l’angoisse, la tension et le malaise du spectateur. Que de sentiments et de sensations fortes qui parviennent à prendre vie et à grandir tout au long du film grâce au brio de Haneke, à sa mise en scène lancinante, ultra-étirée, grâce aussi à ses nombreux plans fixes et froids, aux mouvements insolites de la caméra, au silence souvent total de certaines scènes. Il intrigue le spectateur, lui ouvre les portes d’une histoire qui, dès les premières images, l’oblige à passer d’un statut passif à un statut actif. L’expérience, aussi dérangeante que déstabilisante, se veut également fascinante, car le mystère plane jusqu’à la fin du film… et peut-être même après. Que les spectateurs soient avertis, si Caché est le long-métrage le plus « accessible » du réalisateur, il reste un film difficile, destiné à un public averti, aux cinéphiles ultracinéphiliques. Concorde, Abraj, Zouk k Casanova, de Lasse Hallström La version de Lasse Hallström se situe loin, très loin du Casanova de Federico Fellini qui lançait un regard froid sur la solitude d’un homme poursuivi par sa renommée. Ici, le personnage sert plutôt d’excuse à cette mignonnette petite comédie. Des visages aguicheurs (Heath Ledger, Sienna Miller), des physiques caricaturés (Oliver Platt, Jeremy Irons), une ville attrayante (Venise), de beaux costumes (masques, décolletés plongeants et compagnie) : voilà qui résume honnêtement le film. Un film qui n’a d’autre prétention que de distiller légèreté et bonne humeur. Mais ces éléments se suffisent-ils à eux-mêmes ? Certainement pas. Ils doivent en effet être rehaussés par des dialogues travaillés, des personnages en relief et des rebondissements capables de maintenir le spectateur en haleine. Ici, outre la forme attrayante du film (remercions encore Heath Ledger et ses accessoires), il ne reste pas grand-chose. Certes, deux ou trois boutades font mouche, et il est toujours fort plaisant de voir à l’écran beauté et raffinement, mais encore faut-il arroser de temps à autre ses jolis fleurs. Surprenant est de constater que le cinéaste suédois se dépatouille bien plus intelligemment et brillamment dans des films à contenu sérieux et sombre (What’s Eating Gilbert Grape, My Life as a Dog, The Cedar House Rules). Concorde, Abraj, Zouk Sorties prévues pour le jeudi 16/02/2006 (sous réserves) : - Good Night, and Good Luck, de George Clooney, avec David Strathairn, Robert Downey Jr, Patricia Clarkson, Ray Wise et Frank Langella. - Cheaper by the Dozen 2, d’Adam Shankman, avec Steve Martin, Bonnie Hunt et Eugene Levy.
kkk Memoirs of a Geisha,

de Rob Marshall

Memoirs of a Geisha est l’adaptation du best-seller éponyme d’Arthur Golden paru en 1997. Un an plus tard, Steven Spielberg acquiert les droits du roman pour le transposer à l’écran. Ce dernier sera finalement producteur du film, alors qu’il tiendra à Rob Marshall de le mettre en scène.
À première vue, ce long-métrage...