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Actualités - CHRONOLOGIE

MOMENTS INSOLITES - « Ashghalouna » installé dans un cadre majestueux depuis octobre 1998 Le bon goût au service de la bonne cause

C’est au cœur d’une même association et action, au cœur d’une même maison, également, que sont réunis les efforts et les moissons de ces efforts, semés par un groupe de femmes motivées. L’association Ashghalouna, dépendante de l’orphelinat musulman de Beyrouth, Dar al-Aytam al-Islamya, vous ouvre ses portes tous les jours, à Zarif, et vous reçoit même à déjeuner les vendredis. Vendredi midi. La foule est nombreuse. Une soixantaine de personnes, des femmes en majorité, étrangères pour certaines, arrivent, accompagnées du sourire de celles qui connaissent déjà les lieux. Les tables sont dressées, coquettes, élégantes et simples à la fois. Pour les accueillir, Noha Osman, présidente de l’association Ashghalouna, élue pour deux ans, Hoda Siniora, vice-présidente, et leurs 16 complices, s’assurent que le beau, associé au bon, est servi à chaque table. Les plats chauds déposent leur noble parfum du terroir dans toutes les pièces. Le crépitement du bois dans la cheminée fait écho au murmure des personnes présentes. Tout le monde s’active, comme chaque semaine, les cuisiniers, les volontaires, les amis. Et tout le monde est heureux. Les déjeuners organisés chaque semaine par Ashghalouna, une vraie réussite, font la une des discussions mondaines depuis leur création en 2000. Il faut, comme le veut la coutume, réserver sa table à l’avance, car les habitués, qui en redemandent, sont nombreux. Et pourtant, il ne s’agit nullement, au départ, d’une réunion à caractère mondain, mais d’une action menée par un comité de 18 femmes concernées par le sort et l’avenir des veuves défavorisées. Une action efficace « Nous avons démarré à Clemenceau en 1986, raconte Sana Tawil, un des piliers actifs du comité. L’idée était d’apprendre à certaines femmes, des veuves, qui avaient déjà certaines prédispositions, à tricoter et coudre. Pour qu’au bout de cet apprentissage de deux ans, elles puissent repartir avec une machine à tricoter que nous leur assurons et travailler chez elles. » De 4, à 8, elles sont aujourd’hui 40 femmes à manier le fil et l’épingle avec brio. À produire des nappes, serviettes, abayas, draps et autres trousseaux pour bébés et mariés. « En 2000, nous avons pensé aux veuves qui possédaient un autre don, comme la cuisine », poursuit Sana. Elles seront formées, à leur tour, alors que s’organisent les premiers déjeuners ouverts au public, préparés par les dames du comité, chez elles, à la maison. « Chacune de nous avait une recette qu’elle réussissait bien… Petit à petit, nous nous sommes structurées, avec, aujourd’hui, une “ marmiton” et six cuisinières. Le but, pour nous, poursuit-elle, est de faire venir les gens ici, qu’ils restent et qu’ils achètent nos produits, avant de repartir ! » Un cadre particulier Ici, c’est une très belle maison traditionnelle libanaise qui accueille ce beau monde. Elle fut construite, comme le raconte si justement la légende, au siècle dernier, par Wadih Mezher. Comme le confirme l’histoire, elle fut longtemps habitée par le très chanceux majordome de l’ambassade d’Angleterre, alors que monsieur l’ambassadeur occupait la demeure d’en face. Il y a quelques années, Dar al-Aytam rachète les deux bâtiments. L’association transforme le premier en bureaux administratifs, et, avec la complicité de l’architecte Wissam Jabre, réaménage la « dépendance ». Tout en respectant le charme de cette vieille maison libanaise, il convertit les pièces, en 1998, en salle d’exposition, atelier et restaurant. Car, dans ces différentes salles qui mènent à la salle à manger, tous les produits sont exposés. Outre le linge, on trouve des bougies, de l’osier, des sirops 100 % naturels, de la confiture et des petits gâteaux. À l’étage, une ambiance plus silencieuse, rythmée par le bruit des machines à tricoter, vient rappeler l’objectif de ce drôle de « remue-ménage » – hebdomadaire – provisoire. Une vingtaine de femmes, très concentrées, très souriantes, s’attellent à la tâche. Elles sont surtout très heureuses d’avoir trouvé une nouvelle famille. « Ce travail, conclut Sana Tawil, qui connaît le parcours et l’histoire de chaque femme, c’est du bonheur pour tous. Pour elles, qui peuvent ainsi acquérir une autonomie, une sécurité et une sérénité nouvelles, et pour nous, qui leur donnons autant de bonheur que possible. » Carla HENOUD
C’est au cœur d’une même association et action, au cœur d’une même maison, également, que sont réunis les efforts et les moissons de ces efforts, semés par un groupe de femmes motivées. L’association Ashghalouna, dépendante de l’orphelinat musulman de Beyrouth, Dar al-Aytam al-Islamya, vous ouvre ses portes tous les jours, à Zarif, et vous reçoit même à déjeuner les...