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Finances - « 75 % des demandes proviennent de non-mahométans », affirme Jamil Jaroudi, vice-président de l’AFH Les banques islamiques, un cadre adéquat pour les financements à moyen et long terme

Guichet islamique : les expériences se multiplient. Le Crédit libanais, c’est parti déjà. La BlomBank et la Fransabank, c’est imminent. La Banque Saradar, plus précisément, Mario Saradar et Abdo Jeffy, avaient identifié le potentiel du marché libanais et évoqué l’hypothèse en 1999 avec Jamil Jaroudi, aujourd’hui vice-président de l’Arab Finance House (AFH), une banque islamique établie depuis le 12 janvier 2004 à Achrafieh, dans les anciens locaux du CreditBank. Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, Jamil Jaroudi affirme que les opportunités pour une banque islamique sont nombreuses au Liban et « s’il n’y avait pas de banques islamiques, il aurait fallu en créer pour le pays du Cèdre ». « C’est une opportunité à double sens. Les banques islamiques tirent profit du potentiel du marché local et le Liban tire profit d’un créneau bancaire qui, au cours des dix dernières années, a enregistré une croissance de développement à deux chiffres, soit près de 10 % », dit-il. Jamil Jaroudi estime que les banques islamiques présentent un cadre adéquat pour des financements à moyen et long terme. À ce niveau, elles se retrouvent avec les banques d’affaires. « Mais à l’opposé de celles-ci, les établissements de crédits opérant selon la charia islamiya créent un certain équilibre entre la propriété et l’endettement. Ils sont partenaires au niveau de la propriété », explique-t-il. 75 % de non-mahométans Contrairement aux convictions d’une grande majorité de l’opinion publique, la banque islamique ne s’adresse pas exclusivement aux musulmans conservateurs. Elle opère selon les préceptes de la charia islamiya, mais ses services s’adressent autant aux non-musulmans qu’aux mahométans non conservateurs. « Si 99 % de nos dépôts appartiennent à des musulmans, 75 % des demandes de financement proviennent d’une clientèle chrétienne », confie Jamil Jaroudi, donnant l’exemple de l’accord conclu entre l’Arab Finance House et l’hôpital Rizk qui porte sur la structuration d’un financement approprié à l’établissement hospitalier. Dans le cadre des opérations de la banque islamique, le client est supposé assumer les risques de non-profitabilité du projet de placement alors même que son capital de base n’est pas garanti. « Les choses ne sont pas aussi simples qu’elles ne paraissent. Selon la loi, chaque banque islamique est dotée d’un conseil d’ulémas qui supervise la bonne conduite des opérations bancaires. La banque islamique doit assumer les responsabilités des pertes en cas de négligence ou de mauvais suivi du projet d’investissement perdant », a relevé Jamil Jaroudi. Contourner la loi Il reconnaît que les résultats de l’année 2005 n’ont pas été à la mesure des ambitions. Au lendemain de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, les flux des capitaux des pays du Golfe se sont quelque peu arrêtés. La reprise s’est fait ressentir en août suite aux attentats terroristes de Londres. « Mais là où le bât blesse, ce sont les lacunes de la législation libanaise régissant le fonctionnement des banques islamiques », souligne le vice-président de l’AFH. La loi sur les banques islamiques a été promulguée en 2004 et les deux premières circulaires d’application ont été publiées par la Banque centrale en août 2005. « Nous souffrons de certaines contradictions au niveau des dispositions entre la loi sur les banques islamiques et les lois généralistes en vigueur », souligne-t-il, ajoutant que le retard mis par la BDL à publier des circulaires d’application est compréhensible du fait de la nouveauté des opérations bancaires islamiques au Liban. « Les opérateurs ont mis une année entière pour amender les législations promulguées à Bahreïn relatives au guichet islamique », affirme Jamil Jaroudi. À titre d’exemple, il souligne que la banque islamique agit en tant qu’intermédiaire lors de l’acquisition de biens immobiliers mais elle doit s’acquitter, selon la loi libanaise sur l’immobilier, des taxes d’enregistrement de 6 % alors même que cette disposition n’est pas applicable aux banques commerciales. De même, il affirme que la banque islamique se doit de contourner la loi pour ne pas payer la TVA lorsqu’elle acquiert des biens taxables. « À la banque islamique, on s’appuie sur le terme établissement de crédit pour se soustraire à la TVA puisque l’acquisition n’est que provisoire », souligne Jamil Jaroudi. Liliane MOKBEL
Guichet islamique : les expériences se multiplient. Le Crédit libanais, c’est parti déjà. La BlomBank et la Fransabank, c’est imminent. La Banque Saradar, plus précisément, Mario Saradar et Abdo Jeffy, avaient identifié le potentiel du marché libanais et évoqué l’hypothèse en 1999 avec Jamil Jaroudi, aujourd’hui vice-président de l’Arab Finance House (AFH), une...