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Actualités - CHRONOLOGIE

NIGHT LIFE - Omar et Mina au Music Hall Du jazz cubain à la Sosa africaine

«Cet endroit dégage une énergie positive que très peu d’endroits dans le monde possèdent», exultait le globe-trotteur Omar Sosa à la vue du Music Hall, cet ancien théâtre transformé en salle de spectacle au style très boudoir. Mais voilà, le pianiste cubain n’avait pas encore rencontré son public. Un public bavard, très bavard, plus enclin à faire du tapage qu’à écouter les subtilités de ses arrangements jazziques afro-cubains. Il est vrai que nous sommes là dans un «cabaret présentant des revues musicales» et non pas une salle de concert coincée. Il est vrai que le jazz se déguste mieux ainsi, dans une atmosphère relax, en bonne compagnie, un verre à la main. Mais l’attitude de certains spectateurs, ce soir-là, frisait le manque de respect. Deux concerts se succédant, c’est peut-être trop leur demander. Les organisateurs ont sans doute mal fait leurs comptes. Sosa n’est monté sur scène qu’un peu avant minuit. Mina Agossi, qui l’y a précédé, n’est pas une artiste facile à écouter. Énergique, rugissante, rutilante de sex-appeal, la vocaliste a pompé l’énergie de l’assistance. Une bonne partie de la soirée entamée, après trois ou quatre boissons, la veille d’une journée de travail, on comprend la fatigue de ceux qui ont quitté ou l’hyperactivité de ceux qui ne se taisaient pas. Sans oublier les «guests», dont les journalistes, invités à rester debout toute la soirée, par «manque de place assises». «Walaw, aayb», un peu de respect pour les gens des médias qui se trouvent là pour faire un travail tout autant que pour le plaisir de déguster une belle programmation. Là aussi, le compte était raté. Quoi qu’il en soit, c’est le rendez-vous loupé avec Omar Sosa que l’on regrettera le plus. Prenant son mal en patience, Sosa tripatouille son synthétiseur, hausse le volume du son, manière un peu détournée de faire comprendre à ce beau monde qu’il faut calmer un peu le bavardage intensif. Peine perdue. Il tente la diplomatie: «Écoutez votre voix intérieure, c’est ce qui est important dans la vie…», et sa voix se perd dans le brouhaha. Le musicien s’agenouille alors au milieu de la scène et tourne le dos au caquetage. Profitant enfin d’une accalmie, il saute sur son piano et entame un morceau. Ce pianiste d’origine cubaine, citoyen du monde, vit la musique comme un partage. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit dérangé par le manque d’attention des spectateurs. S’il ne reçoit pas, il ne peut rien donner en échange. Et c’est dommage. Admettons, il est difficile d’imaginer ce que peuvent donner des incantations cubaines et mozambicaines, du rap souple et «west-coast jazz» sur un fond rythmique afro-cubain additionné d’une basse africaine, et le tout chapeauté par un piano qui rassemble tous les genres! Les seules étiquettes de latin-jazz, world-music ou ethno-jazz ne sauraient définir avec justesse le genre universel de notre chaman cosmopolite. Mais la magie réside là: son art peut être apprécié sans le moindre effort par absolument tout le monde, puisque son moteur carbure au plaisir, à l’énergie, sorte de spontanéité festive et communicative. Le mieux serait donc de courir chez le disquaire préféré et d’acheter les yeux fermés un album d’Omar Sosa, Mulatos, par exemple, puisque c’est son bijou le plus récent. Maya GHANDOUR HERT

«Cet endroit dégage une énergie positive que très peu d’endroits dans le monde possèdent», exultait le globe-trotteur Omar Sosa à la vue du Music Hall, cet ancien théâtre transformé en salle de spectacle au style très boudoir. Mais voilà, le pianiste cubain n’avait pas encore rencontré son public. Un public bavard, très bavard, plus enclin à faire du tapage qu’à...