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Deux témoignages d’authenticité

Lorsque Kamal Joumblatt tomba sous les balles de ses assassins, il y a trente ans de cela, les informations sur l’attentat dont venait d’être victime le leader druze furent réunies sans tarder par les départements officiels compétents. En un laps de temps relativement court, il fut possible de déterminer l’identité des criminels qui avaient voulu, par leur acte, faire échec au projet patriotique, national et démocratique, et étouffer le souffle de liberté qui commençait à se lever pour dénoncer « la grande prison arabe » et ses geôliers. Informés à l’époque, en raison des fonctions que nous occupions et de notre engagement patriotique, des détails sur la partie qui avait décidé, planifié et exécuté l’attentat, nous avions communiqué ces informations à Walid Joumblatt, qui venait de succéder à son regretté père et qui devait se révéler bien vite digne d’assumer le lourd héritage qui lui incombait désormais de servir. Son visage était marqué par la douleur et la tristesse. Douleur d’avoir perdu un père ; tristesse de constater que les assassins étaient des frères et des alliés censés combattre, tout comme lui, l’ennemi sioniste. L’histoire retiendra cependant qu’il sut faire prévaloir l’intérêt patriotique et les considérations d’ordre national, choisissant d’ignorer le dossier de l’affaire et d’affirmer que notre destin exigeait que nous nous tenions aux côtés de la Syrie. Tout au long des trente dernières années, nous sommes demeurés fidèles à l’homme et constaté que son attitude n’a jamais varié depuis. Devant les erreurs commises contre la cause nationale ou la question de Palestine, et passés les premiers moments de colère, Walid Joumblatt a constamment tenu à souligner qu’il ne cesserait jamais d’être du côté arabe dans le conflit avec Israël. Alors qu’il venait d’être reçu par le président Jacques Chirac, « père » de la résolution 1559 du Conseil de Sécurité, il se prononça sur le perron de l’Élysée contre ce texte et notamment la partie relative au Hezbollah. Le passé de Walid Joumblatt, l’itinéraire suivi par cet héritier de sultan pacha el-Attrache, ce petit-fils de l’émir Chakib Arslan, ce fils du maître Kamal Joumblatt témoignent pour lui ; il incarne l’engagement solennel de la communauté qu’il représente à demeurer fidèle à la nation libanaise, quelles que soient les circonstances. S’agissant de la communauté des monothéistes druzes, je me dois d’apporter un autre témoignage, inspiré de mon expérience du dossier des institutions druzes. Je le fais alors que le président de la République, ignorant la volonté de la majorité parlementaire et celle de l’écrasante majorité des monothéistes druzes, refuse – pour des motifs peu convaincants et des objectifs bien connus – de signer la loi portant sur l’organisation des institutions de la communauté. Le texte permet aux druzes de choisir en toute liberté les chefs de leurs institutions, sans que ceux-ci leur soient imposés. Ces dernières années, nous avons contacté de nombreux responsables druzes dans l’espoir de parvenir à un accord sur une nouvelle loi mettant fin à l’anarchie prévalant au sein des institutions. En vain, le conflit continuant de porter sur un sujet essentiel, à savoir le mode de désignation (élection ou répartition des parts) des membres du conseil communautaire. Certains insistaient pour maintenir le favoritisme, même au détriment des intérêts des druzes. Walid Joumblatt, lui, voulait des élections libres et honnêtes, seules garantes de la qualité du choix fait, du renouveau et du dynamisme. Il estimait qu’un accord préalable sur la répartition des fonctions n’était pas de nature à inspirer le respect de la communauté, à laquelle revient le droit de choisir les membres de ses institutions. L’avènement d’un nouveau Parlement, dans la foulée du 14 mars, a permis à Walid Joumblatt de faire prévaloir ses options. Toutefois, cette volonté s’est heurtée au rejet du texte par le chef de l’État, lequel préfère sans doute les marchandages et les pressions. Comme ce fut le cas lors de la reconduction de son mandat. Issam ABOU ZAKI Brigadier des FSI à la retraite Ancien chef de la Police judiciaire
Lorsque Kamal Joumblatt tomba sous les balles de ses assassins, il y a trente ans de cela, les informations sur l’attentat dont venait d’être victime le leader druze furent réunies sans tarder par les départements officiels compétents. En un laps de temps relativement court, il fut possible de déterminer l’identité des criminels qui avaient voulu, par leur acte, faire...