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Actualités - OPINION

À la recherche d’une identité

Par Fouad J. TABET Au siècle passé, le Liban a vécu quatre occupations successives, interrompues brièvement par trente ans d’indépendance (1943-1973). Il y eut tout d’abord, et durant des siècles, la présence ottomane puis celle de la France. Après 1973, alors que les Palestiniens tentaient d’asseoir une hégémonie qui a engendré la guerre civile, les Syriens en profitaient pour mettre le pays sous leur coupe. Le retrait syrien, opéré en 2005 sous la pression des puissances internationales et des mouvements politiques et apolitiques libanais, a eu pour conséquence de livrer le pays au confessionnalisme. Quoi qu’on en dise, les hommes qui vivent sur ces 10 452 kilomètres carrés ne sont à ce jour qu’une mosaïque de 18 confessions. Pour les membres de celles-ci, l’appartenance à une nation unique est loin d’être effective. Pour leur part, les candidats à la Chambre des députés sont élus en fonction de leur appartenance religieuse et les partis dits politiques ne sont que des groupements qui représentent des communautés. Il suffit de voir ce qui se passe de nos jours pour avoir confirmation de cela, comme le prouvent les différentes prises de position au sujet de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies. Il en résulte que les membres de ces diverses communautés sont aujourd’hui à la recherche d’une identité. Il n’existe pas au Liban de citoyens libanais, car qui dit citoyen dit membre d’un État, ayant certes des droits mais aussi des devoirs à l’égard de celui-ci et non pas à d’autres États, qu’ils soient européens, américain, iranien, syrien ou autres. Or il se trouve que ces hommes et ces femmes considèrent, avant d’appartenir à une nation, être redevables à des pays tiers, ce qui dilue tout sens de nationalisme. La faute n’en incombe pas à ces personnes tant notre État a failli à ses obligations et s’est vu relayé par d’autres pays pour des services comme les écoles, les dispensaires, les routes, etc. D’autre part, l’Éducation a péché elle aussi par omission en ne formant pas les nouvelles générations à la notion d’appartenance nationale. Définition du mot nation par le Larousse : « Ensemble des êtres humains habitant un même territoire, ayant une communauté d’origine, d’histoire, de culture et de traditions, le plus souvent de langue, et constituant une entité politique. » En fait, au sein de chacune des dix-huit communautés, il existe une proportion non négligeable (60 pour cent environ) de personnes qui prônent un fanatisme aveugle fort éloigné de la défense des intérêts nationaux. Et au Liban, seule une intelligentsia (30-40 pour cent), toutes confessions confondues, conçoit et accepte le dialogue, base essentielle de toute cohabitation susceptible de déboucher sur une entité politique. Ce que les diverses parties doivent comprendre, c’est que la chance d’une nouvelle indépendance se présente, obtenue – qu’on le veuille ou non – grâce au sacrifice d’un homme d’État : Rafic Hariri, dont l’assassinat a enclenché le processus du retrait syrien. L’accord de Taëf devrait servir de tremplin à une nouvelle charte nationale. « Nous jurons par le Tout-Puissant, musulmans et chrétiens, de rester unis jusqu’à la fin des temps, pour la grandeur du Liban » : telle était l’ambition d’un autre martyr de la cause libanaise, Gebran Tuéni, ; telle doit être la volonté des Libanais. Sinon, que peut-il advenir de ces 10 452 kilomètres carrés ? Une option fédérative ? L’annihilation de la nation libanaise ? Une convivialité sans cesse remise en question ? Un Liban incapable de se gouverner ? Comment réaliser la symbiose de dix-huit communautés ? Comment définir leur identité au sein d’un État libre, indépendant, puisant auprès des nations amies, sans aucune hypothèque, l’aide nécessaire à toute nation qui se cherche. Allons-nous réussir enfin à définir cette identité ? Une telle responsabilité incombe en premier lieu aux forces politiques et aux chefs religieux.
Par Fouad J. TABET

Au siècle passé, le Liban a vécu quatre occupations successives, interrompues brièvement par trente ans d’indépendance (1943-1973). Il y eut tout d’abord, et durant des siècles, la présence ottomane puis celle de la France. Après 1973, alors que les Palestiniens tentaient d’asseoir une hégémonie qui a engendré la guerre civile, les Syriens en...