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Actualités - OPINION

Éclairage Bombardements, invasion : les options militaires de Washington face à Téhéran

Les États-Unis disposent de quelques options militaires face à l’Iran, dont le bombardement de sites nucléaires, mais la diplomatie reste aujourd’hui le moyen privilégié pour dissuader Téhéran de se doter de l’arme nucléaire, estiment des experts américains. Une attaque aérienne visant un nombre limité de sites nucléaires iraniens suspects paraît l’option la plus vraisemblable. « La centrale nucléaire de 1 000 mégawatts de Bouchehr (Sud) serait probablement la cible de telles frappes (...) ainsi que les sites nucléaires suspects à Natanz (Nord-Ouest) et Arak (Nord-Ouest) », estime Globalsecurity.org, centre d’analyses et site Web spécialisé dans les questions de sécurité, basé à Alexandria (Virginie, Est) dans la banlieue de Washington. Ces frappes « dépasseraient largement en envergure l’attaque israélienne de 1981 sur le site nucléaire d’Osirak en Irak et ressembleraient davantage aux premiers jours de la campagne aérienne de 2003 contre l’Irak », ajoute-t-il. Mais les sites sont dispersés et mieux protégés qu’Osirak, relève Peter Brookes, expert à l’Heritage Foundation. « L’Iran a enterré profondément de nombreux sites, en faisant des cibles plus difficiles à atteindre - certains ont aussi été placés à côté de zones peuplées pour provoquer des victimes civiles en cas d’attaque. Et ce sont les sites que nous connaissons : une vingtaine de sites nucléaires éparpillés dans le pays, mais ils pourraient être plus de 70 » au total, juge-t-il. Pour procéder à cette attaque aérienne, les États-Unis utiliseraient des missiles de croisière, des bombardiers B-2 et des chasseurs-bombardiers furtifs F-117, selon les experts. Autre possibilité, Washington pourrait procéder à des bombardements plus étendus visant tous les sites nucléaires suspects ainsi que d’autres sites militaires et les troupes iraniennes pouvant servir à Téhéran pour contre-attaquer, selon Globalsecurity.org. Une autre option est l’invasion de l’Iran par des troupes américaines, mais elle paraît peu vraisemblable car les États-Unis ont une grande partie de leurs troupes terrestres engagées en Irak. Un haut responsable du Pentagone, le secrétaire à l’armée de terre, Francis Harvey, a toutefois affirmé la semaine dernière que l’armée américaine était en mesure de déployer en cas de crise 15 brigades supplémentaires, soit entre 45 000 et 75 000 soldats. La grande inconnue est la réaction de Téhéran en cas d’attaque aérienne. Cela « rassemblerait l’opinion iranienne autour d’un gouvernement par ailleurs impopulaire et mettrait encore plus en péril les Américains en Irak », estime Joseph Cirincione, expert à la Fondation Carnegie pour la paix internationale. « Finalement, la frappe ne retarderait pas, comme on le dit souvent, le programme iranien. Il l’accélérerait certainement », ajoute-t-il. Selon lui, le bombardement d’Osirak en 1981 avait été « un succès tactique mais un échec stratégique » et avait entraîné l’accélération du programme nucléaire irakien. Peter Brookes pense que Téhéran pourrait alors lancer des missiles contre Israël, attaquer les troupes américaines en Irak, utiliser l’arme du pétrole et même l’arme terroriste par l’intermédiaire d’organisations telles que le Hezbollah. Dans une simulation organisée fin 2004 par le magazine américain Atlantic Monthly, les participants (des experts en questions de sécurité) avaient jugé que les États-Unis n’avaient « pas le moyen de prédire l’impact stratégique à long terme d’une telle attaque » contre l’Iran. Elle « pourrait retarder de trois ans la réalisation par l’Iran de son objectif (nucléaire) mais au prix de relations dégradées avec les autorités et la population. Les intentions de l’Iran au moment où il dispose de la bombe seraient alors tout ce qu’il y a de plus hostile », avaient considéré les participants. Jérôme BERNARD (AFP)
Les États-Unis disposent de quelques options militaires face à l’Iran, dont le bombardement de sites nucléaires, mais la diplomatie reste aujourd’hui le moyen privilégié pour dissuader Téhéran de se doter de l’arme nucléaire, estiment des experts américains.
Une attaque aérienne visant un nombre limité de sites nucléaires iraniens suspects paraît l’option la plus...