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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT À l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) Un trio teinté de nuances mélancoliques

Les mardis du Conservatoire national supérieur de musique sont comme les lundis d’Alphonse Daudet ! C’est-à-dire autant on cause brillamment dans les salons de l’auteur du Petit chose, autant on fait de la bonne musique sous le chapiteau de l’amphithéâtre Aboukhater (USJ). Le dernier concert en date, réservé à la musique de chambre, était un trio à teintes mélancoliques. Un clavier au bois lustré noir où, sur le couvercle, repose une gerbe de fleurs jaunes avec, sur scène, trois musiciens vêtus de noir. À la clarinette Octavian Gheorghiu (rien à voir avec l’auteur de La vingt-cinquième heure !), au basson Viaceslav Piankowsky et au piano Olga Bolun. Pour le menu, concis mais intéressant, trois œuvres de trois compositeurs différents, joignant en douceur styles et horizons divers. Ouverture avec une Sonate pour clarinette et piano en si majeur de Francis Poulenc, qui s’est illustré en mettant sur partition le drame de Bernanos, Le dialogue des Carmélites. Inspiration et esprit français pour un opus en trois mouvements (allegro tristamente, romanza et allegro con fuoco). Non pas un Poulenc plein d’humour comme on a souvent l’habitude de l’entendre, mais plutôt habité de nuances de tristesse, des bleus à l’âme malgré une verve truculente. Fidèle à la tradition française de Debussy et Ravel, Poulenc fait déployer habilement une mélodie fluide qui reste omniprésente grâce à une expression débordante d’un lyrisme à la fois vivace et tonique. La narration se termine promptement sur une chute prestement enlevée, par un accord entre clarinette et piano vif et fugace comme une flammèche. Pour prendre le relais, un Récit, sicilienne et rondo pour basson et piano du Niçois Eugène Bozza. Beaucoup d’allant (dont d’ailleurs c’est le titre de l’un des mouvements interprétés) et grandes variétés de rythmes pour cette œuvre courte, au babil délicieux et un rien rapide, mais empreinte aussi de tonalités particulièrement pétillantes. Avec, notamment, des passages remarquables pour un basson qui frise le brio. Petit intermède et reprise avec le Trio pathétique pour clarinette, basson et piano de Mikhail Ivanovitch Glinka. Toute l’âme russe est dans ces quatre mouvements (allegro moderato, scherzo-vivacissimo, largo-maestoso sisoluto et allegro con spirito-presto). L’âme russe, oui, mais aussi influence de la musique étrangère, notamment ibérique que le compositeur de Rousslan et Ludmilla affectionnait tant. Frémissements, trémolos, sens du tragique, larmes et déchirures sont les ingrédients de cette œuvre un peu emphatique, qui force toutes les portes – et réussit – de l’émotion. Longue narration (presque 25 minutes) pour traduire les bouleversements intérieurs avec tout l’aspect « à la russe », c’est-à-dire torrentiel et emporté, qui laisse rarement un auditeur indifférent. Les dernières mesures éteintes, grandes salves d’applaudissements d’un public peu nombreux, mais parfaitement heureux de cette bonne prestation. E.D.
Les mardis du Conservatoire national supérieur de musique sont comme les lundis d’Alphonse Daudet ! C’est-à-dire autant on cause brillamment dans les salons de l’auteur du Petit chose, autant on fait de la bonne musique sous le chapiteau de l’amphithéâtre Aboukhater (USJ). Le dernier concert en date, réservé à la musique de chambre, était un trio à teintes mélancoliques. Un...