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Canada Les conservateurs accèdent au pouvoir, après 12 ans de règne des libéraux

Stephen Harper et ses conservateurs ont mis fin hier à 12 ans de pouvoir du Parti libéral au Canada, mais les électeurs ne leur ont pas donné un chèque en blanc et ils devront diriger un gouvernement minoritaire. « Ce soir notre grand pays a voté pour le changement », a proclamé Stephen Harper, un économiste de 46 ans venu de l’ouest du pays, en affirmant qu’il honorerait ses promesses d’un gouvernement honnête et de baisse des taxes. « Le changement de ce soir est un changement de gouvernement, pas de pays », a-t-il ajouté, dans une allusion aux attaques de ses adversaires qui l’accusaient d’être inféodé à la droite conservatrice américaine et de vouloir faire subir au pays un virage à 180 degrés. Il ne disposera cependant pas des 155 députés nécessaires pour avoir la majorité à la Chambre des communes et devra trouver des alliances pour gouverner et se maintenir au pouvoir. Selon les résultats officiels quasi définitifs, les conservateurs auront 124 députés (+26 par rapport à 2004), sur les 308 de la Chambre des communes et les libéraux 103 (-30). Le Bloc québécois (indépendantiste) en comptera 51 (-2) et les sociaux-démocrates du Nouveau parti démocratique (NPD) 29 (+11). Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a tendu la main au prochain chef du gouvernement canadien. « Nous pouvons travailler ensemble s’ils (les conservateurs) en ont la volonté », a-t-il dit. Jack Layton, dont le parti a gagné une dizaine de députés par rapport à l’élection précédente de juin 2004, a lui aussi fait preuve d’une certaine ouverture, malgré les divergences de son parti avec les conservateurs. « Nous chercherons à faire fonctionner le nouveau Parlement. Nous ne nous contenterons pas de nous opposer », a-t-il dit. Mais le Canada pourrait faire face à une nouvelle période d’incertitude, les gouvernements minoritaires ayant généralement une espérance de vie de 18 mois dans ce pays. M. Harper est conscient de cette situation. « Les Canadiens nous ont demandé de travailler ensemble » en ne donnant la majorité à aucun parti, a-t-il reconnu. Le Premier ministre sortant, Paul Martin, 67 ans, a annoncé qu’il allait quitter la direction du Parti libéral, après avoir concédé la victoire à son adversaire. Malgré un bilan économique flatteur, il a pâti de l’usure du pouvoir et des suites d’un scandale de pots-de-vin qui a terni l’image de son parti. Les conservateurs n’ont pas réussi à faire élire des députés dans les trois plus grandes villes du pays, Toronto, Montréal et Vancouver. En revanche, ils ont réussi une percée dans la province francophone du Québec, où ils ont dix députés, alors qu’ils n’en avaient eu aucun à la précédente élection. Le scrutin de lundi avait été provoqué par la chute, fin novembre, du gouvernement minoritaire de M. Martin sur une motion de censure de l’opposition, à la suite d’un scandale de détournements de fonds. Durant une campagne marquée par des ratés, M. Martin, un ancien homme d’affaires ayant fait fortune à la tête d’une compagnie maritime, n’a cessé de présenter son adversaire comme un ultraconservateur, proche de la droite conservatrice américaine et prêt à ramener le Canada en arrière, notamment sur les questions de société comme l’avortement et le mariage homosexuel. Battu sur le fil par M. Martin, lors de l’élection de 2004, M. Harper a évolué vers le centre et a su cette fois-ci adoucir son image d’idéologue rigide qui avait alors effrayé une partie de l’électorat modéré. Pour de nombreux commentateurs, la victoire des conservateurs traduit en grande partie une volonté de changement des Canadiens, après plus de 12 ans de pouvoir du Parti libéral, et leur désir de sanctionner cette formation pour un vaste scandale de corruption remontant à Jean Chrétien, le prédécesseur de Paul Martin.
Stephen Harper et ses conservateurs ont mis fin hier à 12 ans de pouvoir du Parti libéral au Canada, mais les électeurs ne leur ont pas donné un chèque en blanc et ils devront diriger un gouvernement minoritaire.
« Ce soir notre grand pays a voté pour le changement », a proclamé Stephen Harper, un économiste de 46 ans venu de l’ouest du pays, en affirmant qu’il...