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ARCHITECTURE - L’ancienne concession française est composée de « lilong » et de villas cossues entourées de jardins Au secours du quartier français de Shanghai

Malgré la pression des promoteurs immobiliers et le manque de moyens, Shanghai tente de préserver l’ancienne concession française et son atmosphère particulière qui se dégage de ses rues étroites, bordées de platanes, toujours sillonnées par les vélos. Créée en 1849 au nord de la ville chinoise, près du fleuve Huangpu, la concession, qui s’étendait en 1914 sur 1 000 ha, a pris officiellement fin en 1946. Cependant, dès 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale et sous la pression des envahisseurs japonais, le consul général français en avait remis les clés au maire de Shanghai. Située en plein cœur de l’ancienne Administration française, la « Cité bourgogne », lotissement construit dans les années 1930, n’a pas bougé. Depuis quelques mois, les façades de briques sont cachées par des échafaudages de bambous. Cette parcelle de « lilong » (lotissements parcourus de petites ruelles typiques de Shanghai), propriété de la municipalité, qui en assure la protection, est en pleine réfection. Gu Desong, qui y réside depuis sa naissance, n’a pas vu beaucoup de travaux, les derniers remontant à plus de vingt ans, selon lui. « Ils mettent juste un coup de peinture sur la façade. Ils ne font attention qu’à l’apparence et ne s’occupent pas des intérieurs où les gens sont toujours plus nombreux à vivre », déclare-t-il sceptique. Dans une allée, un panneau indique que les travaux auraient déjà dû finir depuis plus de deux mois. À l’intérieur, les appartements, divisés après l’arrivée des communistes au pouvoir en 1949, comportent une pièce, et la plupart des habitants utilisent des sanitaires communs. Limitées par leurs moyens, les autorités ont entrepris dans un premier temps de recenser les bâtiments à préserver, mettant en place en 2003 une réglementation pour protéger dans toute la ville 12 quartiers, dont deux, parmi les plus étendus (700 ha), dans la concession française. « La municipalité de Shanghai a pris conscience du problème et a des projets pour protéger cet héritage », explique Zhen Zu’an, historien de l’Académie des sciences sociales de Shanghai. L’essentiel du patrimoine immobilier de la concession française se compose de « lilong » et de villas cossues dotées de jardins, aujourd’hui habitées par plusieurs familles. Un paysage urbain bien représenté dans l’îlôt de plus de 50 000 m2 confié aux architectes de l’agence française Arte-Charpentier. Situé dans la partie est de la concession, il comprend des lilong, des commerces et 24 maisons. « Il y a un mélange d’architecture européenne et d’architecture locale, que nous devons surtout respecter », explique Zhou Wenyi, directrice de l’agence à Shanghai. Le futur projet comprendra 80 % de logements et 20 % de commerce au total, mais son calendrier reste flou. Deux maisons seulement sont en cours de réhabilitation actuellement, car la ville attend de pouvoir déloger le reste des locataires. Les architectes chargés du programme ne précisent pas quel sera le standing des nouvelles habitations, que décideront les promoteurs hongkongais et la municipalité, principal investisseur du projet. L’opération devrait être très rentable financièrement. Prisé par les étrangers, en proie à une certaine nostalgie, le quartier de l’ancienne concession française de Shanghai suscite un intérêt grandissant des investisseurs. Alors que les prix des logements se stabilisent, le mètre carré dans cette partie reste cher, atteignant parfois plus de 3 000 dollars (2 450 euros).
Malgré la pression des promoteurs immobiliers et le manque de moyens, Shanghai tente de préserver l’ancienne concession française et son atmosphère particulière qui se dégage de ses rues étroites, bordées de platanes, toujours sillonnées par les vélos.
Créée en 1849 au nord de la ville chinoise, près du fleuve Huangpu, la concession, qui s’étendait en 1914 sur 1 000...