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Le chef de l’Élysée étend la liste des intérêts vitaux justifiant le recours à l’arme atomique aux alliés de Paris Chirac adapte la doctrine nucléaire française aux menaces terroristes

Le président français Jacques Chirac a élargi hier le champ de la doctrine nucléaire de la France en envisageant des ripostes aux États pratiquant le terrorisme, ou des frappes en cas de menaces sur ses alliés ou ses approvisionnements stratégiques. Devant des équipages des sous-marins nucléaires basés à l’île Longue, la base opérationnelle nucléaire française, près de Brest, M. Chirac a souligné que la dissuasion nucléaire « n’est pas destinée à dissuader des terroristes fanatiques » et que la France se refuse à utiliser ses moyens nucléaires « à des fins militaires lors d’un conflit » conventionnel. « Les principes qui sous-tendent notre doctrine de dissuasion n’ont pas changé, mais ses modes d’expression ont évolué », a-t-il néanmoins souligné. Selon lui, « les dirigeants d’État qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous, tout comme ceux qui envisageraient d’utiliser, d’une manière ou d’une autre, des armes de destruction massive, doivent comprendre qu’ils s’exposeraient à une réponse ferme et adaptée de notre part ». « Cette réponse peut être conventionnelle, elle peut aussi être d’une autre nature », a lancé M. Chirac, qui est le chef des armées françaises, en forme d’avertissement. Il n’a cité aucun pays, alors que se développe la crise sur le programme nucléaire controversé de l’Iran. Alors que le recours à l’arme nucléaire était conçu jusqu’à présent comme total et définitif, M. Chirac a injecté une dose de flexibilité : selon lui, face à une puissance régionale qui viserait les intérêts vitaux du pays, « notre choix n’est pas entre l’inaction et l’anéantissement ». « La flexibilité et la réactivité de nos forces stratégiques nous permettraient d’exercer notre réponse directement sur ses centres de pouvoir et sur sa capacité d’agir. Toutes nos forces nucléaires ont été configurées dans cet esprit », a-t-il déclaré. Il a ainsi annoncé que la France avait diminué le nombre de têtes nucléaires sur certains de ses missiles, de façon à adapter ces armes à la nature de la menace. La France possède quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), théoriquement équipés de 16 missiles, comprenant chacun six têtes. Le nombre exact de têtes nucléaires dont dispose la France est « secret défense », mais, selon des sources concordantes, elles sont de l’ordre de 200 à 300. M. Chirac a également allongé la liste des intérêts vitaux pouvant justifier le recours à l’arme nucléaire en cas de menaces par une puissance étrangère. Jusqu’à présent, ceux-ci se limitaient à l’intégrité du territoire, la protection des populations et le libre exercice de sa souveraineté. M. Chirac y a ajouté « la garantie de nos approvisionnements stratégiques et la défense de pays alliés ». S’ils étaient visés, cela pourrait « conduire à considérer qu’ils entrent dans le champ de nos intérêts vitaux », a-t-il dit. Rappelant que la France consacre à la dissuasion nucléaire 10 % de son budget de défense, soit environ 3,3 milliards d’euros, M. Chirac a jugé que la dissuasion nucléaire constitue « un élément incontournable de la sécurité du continent européen ». Il a estimé que l’Europe devra, « le moment venu », se poser « la question d’une défense européenne commune qui tiendrait compte des forces de dissuasion existantes dans la perspective d’une Europe forte, responsable de sa sécurité ».
Le président français Jacques Chirac a élargi hier le champ de la doctrine nucléaire de la France en envisageant des ripostes aux États pratiquant le terrorisme, ou des frappes en cas de menaces sur ses alliés ou ses approvisionnements stratégiques.
Devant des équipages des sous-marins nucléaires basés à l’île Longue, la base opérationnelle nucléaire française, près de Brest,...