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CORRESPONDANCE - M.I.A. explose aux USA avec son album « Arular » Le rap engagé, de Colombo aux ghettos de l’exil

WASHINGTON- Irène MOSALLI «Des mots qui dardent C’est la M.I.A. aubade J’ai la bombe qui vous flingue Et les rythmes big bang. » C’est du rap pur M.I.A. dont l’album, intitulé Arular, est l’un des actuels hits aux États-Unis. Et M.I.A. (28 ans, de son vrai nom Maya Arulpragasam) chante et compose elle-même sa musique et ses textes qui reflètent le monde agité où elle est née (au Sri Lanka, de parents tamouls) et où elle a grandi (une banlieue londonienne grouillant d’émigrés n’ayant pas oublié d’emmener leurs cultures respectives dans leurs bagages). Résultat, un répertoire «mushup» (sorte de mixage musical) multiculturel de hip-hop, electro garage, rock, reggaeton, funk brésilien, dance hall jamaïcaine et autres banghra bollywoodiens. Quant aux paroles des chansons qui se veulent provocation, contestation, prise de position et reflet d’un monde en tourmente, elles relèvent tantôt de l’argot, tantôt des slogans et aussi des comptines enfantines. Car le but de cette jeune artiste est de composer des chansons sur des sujets graves et importants en leur imprégnant une résonance badine. Son surnom M.I.A. implique l’abréviation de «Missing in Action» (Les combattants disparus durant une mission) et il formerait aussi l’anagramme de «I AM»: ou je chante, donc je suis. Un père militant tamoul Cet engagement musical, elle le tient de l’engagement politique de son père, A.R. Arulpragasam, un intellectuel sri lankais ayant une formation d’ingénieur et qui est l’un des fondateurs d’une des organisations tamoules. Les Tamouls sont une minorité, d’origine indienne, établis au Sri Lanka et luttant depuis trois décades pour leur indépendance. Ce militant, qui avait notamment suivi un entraînement de résistant dans un camp palestinien au Liban et qui était continuellement en déplacement, avait installé sa famille à Londres. Là, M.I.A. commence par suivre des cours de beaux-arts et de films documentaires à la Central Saint Martin School of Art and Design. Utilisant les mixed-médias, elle développe un style pictural qui reflète son enfance et son expérience de réfugiée: tigres, palmiers, grenades à main, cocktails Molotov, tanks, hélicoptères et avions de combat réalisés dans une palette phosphorescente. Ce qui attire l’attention de plusieurs groupes musicaux qui lui commandent des dessins pour leurs albums, l’introduisant par ce fait dans leur univers où elle se retrouve. Elle commence par s’exercer au tambour, qu’elle jouait à l’âge de 13 ans, et autres percussions. Et d’électro en batteries et rythmes divers, elle bâtit son propre rap qui accroche. Elle passe en vedette américaine avec des stars du genre avant de voler de ses propres ailes. Elle prend son envol avec des thèmes révolutionnaires et explosifs qu’elle tempère par des résonances qui swinguent pour mieux faire passer ses messages. Plutôt que de les adoucir, elle cherche à dénoncer les mœurs. Elle chante: «Je tambourine avec mon argot Je le survole avec mon aile, yo! Du Congo à Colombo Et je ne peux stéréotyper, yo!» Son intention est de dire ce qui se passe au Sri Lanka. «Cela vaut mieux, précise-t-elle, que de me flageller ou de palabrer sur mon salon de coiffure.»
WASHINGTON- Irène MOSALLI

«Des mots qui dardent
C’est la M.I.A. aubade
J’ai la bombe qui vous flingue
Et les rythmes big bang. »
C’est du rap pur M.I.A. dont l’album, intitulé Arular, est l’un des actuels hits aux États-Unis. Et M.I.A. (28 ans, de son vrai nom Maya Arulpragasam) chante et compose elle-même sa musique et ses textes qui reflètent le monde agité où elle...