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ASTRONOMIE - La sonde retournera sur Terre dimanche avec à son bord de la « poussière d’étoiles » Stardust : les scientifiques traquent le secret des comètes

Dans une salle fraîchement repeinte du vénérable Muséum national d’histoire naturelle, François Robert contemple avec fierté la rutilante machine qui vient d’y être installée. Sa mission : analyser de la poussière de comète collectée par la sonde américaine Stardust. Son Laboratoire d’étude de la matière extraterrestre (LEME) est l’une des 25 institutions scientifiques mondiales auxquelles il reviendra de percer les secrets des minuscules particules collectées dans la queue de la comète Wild 2. À l’issue d’un voyage de 7 ans et de 4 milliards de kilomètres, Stardust doit revenir sur Terre le dimanche 15 janvier. Avec à son bord, piégés dans un gel, des centaines de milliers de grains de poussière qui pourraient améliorer notre connaissance de la formation du système solaire. La science française est largement mobilisée sur ce projet, puisque 9 laboratoires nationaux y participent. La quasi-totalité des autres acteurs sont américains. « Nous avons l’habitude d’effectuer des mesures très précises sur des échantillons très petits », explique M. Robert. Pour cela, il faut non seulement un matériel coûteux – plus de 2 millions d’euros pour le nouvel instrument du muséum — mais aussi un certain coup de main. « Pour qu’un étudiant soit autonome sur une machine comme celle-là, il faut entre cinq et huit ans. C’est plus compliqué à piloter qu’un B747. Beaucoup sous-estiment la difficulté », souligne M. Robert. Sa machine n’existe qu’à 15 exemplaires dans le monde. Fabriquée par la société française Cameca, cette sonde pulvérise la poussière stellaire, générant des ions qui peuvent être triés et comptés. Au final, l’utilisateur dispose d’une véritable « photographie » de l’échantillon. Un millier de grains collectés par Stardust devraient être exploitables par les scientifiques, car d’une taille supérieure à 10 microns. Les plus gros de ces grains sont invisibles à l’œil nu, même posés sur une feuille blanche. « Nous en avons demandé quinze », précise le scientifique. Il les attend dans un mois, même si le nettoyage des grains du gel qui les a capturés sans les faire chauffer – malgré un impact à près de 20 kilomètres/seconde – « ne sera pas simple ». Ces échantillons devraient faire progresser la connaissance des zones lointaines du système solaire. « Les comètes viennent de beaucoup plus loin que les météorites, qui tombent régulièrement sur Terre. Elles représentent un échantillon de la partie externe du système solaire, mal connue parce que Jupiter fait barrage », souligne M. Robert. En les étudiant, on devrait mieux comprendre le phénomène d’agglomération de millions de petits corps célestes qui a donné naissance aux diverses planètes du système solaire. « Beaucoup de gens pensent que l’eau sur Terre provient du bombardement cosmique. » Le rapport isotopique de l’eau de mer – la proportion d’hydrogène « lourd » de type deutérium – est en effet le même que celui des météorites : environ 150 atomes de deutérium pour 1 million d’atomes d’hydrogène. « La spectrographie semble indiquer que l’eau des comètes n’est pas compatible avec l’eau de la Terre, mais c’est quelque chose que nous allons pouvoir vérifier », poursuit M. Robert. Par ailleurs, « si vous amenez l’eau, vous amenez tout le reste : carbone, azote, molécules organiques... Dans les météorites, il y a tout ce qu’il faut pour provoquer la vie. Il sera intéressant de savoir si on retrouve ça aussi dans les comètes... » « À mon avis, poursuit M. Robert, on va voir des choses très différentes que dans les météorites. On aura du travail pour des années. Ne travaille-t-on pas encore aujourd’hui sur des échantillons de Lune ramenés par les missions Apollo ? »
Dans une salle fraîchement repeinte du vénérable Muséum national d’histoire naturelle, François Robert contemple avec fierté la rutilante machine qui vient d’y être installée. Sa mission : analyser de la poussière de comète collectée par la sonde américaine Stardust. Son Laboratoire d’étude de la matière extraterrestre (LEME) est l’une des 25 institutions scientifiques...