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Actualités - interview

Interview - Établi depuis plusieurs décennies, le bureau de l’organisation à Beyrouth mène une lutte sans relâche Le système de santé libanais doit encore relever d’énormes défis, estime l’OMS

Réunissant quelque 192 États membres, l’Organisation mondiale de la santé élabore une politique de travail avec chacun des pays qu’elle seconde afin de parvenir à un meilleur état de santé pour la population concernée. Son action au Liban est particulièrement importante, puisque l’ouverture du bureau de l’OMS au Liban date de plusieurs décennies. « Ce bureau a un passé, ce qui n’est pas le cas des autres bureaux de la région, qui sont plus récents », note le Dr Jaouad Mahjour, représentant du bureau de l’OMS à Beyrouth. « L’action de l’OMS est adaptée à la situation de chaque pays, poursuit-il. Avant la guerre, notre bureau a ainsi collaboré avec le ministère libanais de la Santé qui devait faire face, à l’époque, aux problèmes tels que le paludisme, les maladies transmissibles et la vaccination, un domaine dans lequel le Liban a d’ailleurs effectué de gros progrès. Lorsque la guerre a éclaté, le bureau s’est adapté à cette nouvelle donne et a été surtout présent sur le terrain. » Plus tard, avec la fin de la guerre civile, le bureau de l’OMS a été principalement mobilisé dans la restructuration du système sanitaire libanais « autour d’une société civile très impliquée et un secteur privé ». « Nous avons ainsi mené, en partenariat avec d’autres organisations comme la Banque mondiale, des études pour définir le coût de la santé au Liban, la charge globale de la morbidité… » remarque le Dr Mahjour, qui précise qu’à la fin des années 1990, l’OMS et le ministère de la Santé ont développé des actions communes pour lutter contre les problèmes de santé émergeants, notamment le sida et les maladies chroniques. Le Programme de lutte contre le sida, le Programme de lutte contre les maladies non transmissibles et le Programme de distribution des médicaments au niveau de la Pharmacie centrale, à la Quarantaine, ont ainsi vu le jour. « Les programmes conjoints entre le ministère de la Santé et l’OMS sont une innovation au niveau du Liban, puisque dans les autres pays, l’organisation accompagne et soutient des programmes du ministère », explique le Dr Mahjour. Et d’ajouter : « Le Programme de lutte contre le sida œuvre en réseau avec les ONG et mène une importante action au niveau de la sensibilisation. En termes de surveillance de la maladie, c’est grâce à ce programme que nous réussissons à prévoir les cas qui surviendront. Le programme est excellent, mais il reste beaucoup de choses à faire dans ce domaine. En effet, le sida évolue rapidement et le programme doit accompagner les changements qui s’opèrent à ce niveau. En ce qui concerne la prise en charge des patients, les ruptures de stock continuent à poser un gros problème auquel il faudrait faire face. » Encore des défis à relever Malgré tout ce qui a été fait, le système de santé libanais doit continuer à relever d’énormes défis : le problème des ressources humaines et l’émigration des cerveaux, à titre d’exemple, le problème des nouvelles technologies « qui contribuent à l’augmentation des coûts des soins », la disparité régionale, etc. « Les hôpitaux gouvernementaux ont un important rôle à jouer dans ce domaine, remarque le Dr Mahjour. Dans le monde, ces établissements constituent la locomotive du système de santé. Sans représenter une concurrence aux établissements privés, les hôpitaux publics ont un rôle de référence, de recueil d’informations et d’accompagnement du système mis en place. Nous espérons que l’Hôpital gouvernemental de Beyrouth jouera, à l’avenir, ce rôle de locomotive. » Quels seront les projets de l’OMS pour les deux prochaines années ? « D’une manière générale, nous allons continuer à accompagner le ministère dans la réforme du système sanitaire, répond le Dr Mahjour. Dans ce cadre, nous allons mener plusieurs études en rapport avec les comptes nationaux de santé et la charge globale de morbidité. L’OMS va de même accompagner le ministère de la Santé dans la gestion de l’information sanitaire notamment la surveillance épidémiologique et la grippe aviaire. La survenue de cette maladie montre l’importance d’un tel système capable de prendre en charge un éventuel cas, dès le début. » L’OMS collaborera également avec le ministère sur le registre de l’information sanitaire « afin de mieux prendre les décisions concernant les problèmes de santé », comme sur le dossier des maladies chroniques, qui constituent un énorme problème de santé publique. Dans ce cadre, l’OMS et le ministère de la Santé élaboreront des standards et des protocoles de prise en charge « moins coûteux, mais aussi efficaces ». « L’OMS est une agence technique, ce qui nous permet d’accompagner le ministère dans tous les projets qu’il souhaiterait développer, précise le Dr Mahjour. Nous essaierons de collaborer avec le ministère sur le dossier des médicaments, sachant que l’essentiel a été fait par le ministre, à savoir la révision des prix à la baisse. C’est une action louable d’autant qu’elle permet de réduire la facture des soins. À elle seule, la réduction du prix n’est toutefois pas suffisante. Elle doit être accompagnée par d’autres mesures, telles que la promotion du médicament générique. » Propos recueillis par Nada MERHI
Réunissant quelque 192 États membres, l’Organisation mondiale de la santé élabore une politique de travail avec chacun des pays qu’elle seconde afin de parvenir à un meilleur état de santé pour la population concernée.
Son action au Liban est particulièrement importante, puisque l’ouverture du bureau de l’OMS au Liban date de plusieurs décennies. « Ce bureau a un passé, ce...