ÉDITION Mieux connaître Debussy par sa correspondance et ses goûts en peinture

Premier compositeur français vraiment novateur du XXe siècle, Claude Debussy était aussi un épistolier talentueux et un amateur d’art exigeant, comme le montrent sa correspondance et une étude sur ses goûts en peinture et sur l’influence qu’ils ont pu avoir sur sa musique. Deux chercheurs, Denis Herlin et François Lesure (ce dernier déjà auteur en 2003 d’une biographie critique de Debussy chez Fayard), ont établi la correspondance du compositeur de La Mer et de Pelléas et Mélisande (1872-1918) qu’ils publient chez Gallimard. Jean-Michel Nectoux, auquel on doit une biographie de Gabriel Fauré paru en 1999 chez Flammarion et qui a été conservateur pour la musique à la BNF et au Musée d’Orsay, signe une monumentale étude abondamment illustrée de photos de portraits, de peintures de paysages, de sculptures et d’objets divers, Harmonie en bleu et or. Debussy la musique et les arts chez Fayard. Trois cent cinquante-huit correspondants du compositeur sont répertoriés dans la correspondance qui n’est pas encore totalement exhaustive, mais beaucoup plus complète que dans les précédentes éditions. Manquent par exemple les échanges avec Erik Satie et avec ses parents. En revanche, on trouve les lettres adressées à des écrivains aussi divers que Pierre Louys, Mallarmé, Segalen, d’Annunzio, Léon Daudet, des compositeurs et des musiciens Chausson, Stravinky, Reynaldo Hahn, André Caplet, etc. L’homme Debussy s’y révèle fidèle en amitié, lucide et sincère sur la musique et son métier, anticonformiste et cachant difficilement une fréquente mauvaise humeur. L’esthète Debussy, qu’analyse Jean-Michel Nectoux, aimait la peinture des Britanniques Turner et Rossetti, de l’Américain Whistler, du Japonais Hokusaï, de Edgard Degas et Maurice Denis. En sculpture, il appréciait Camille Claudel, mais aussi l’art antique. Il aimait les objets précieux et les livres rares, l’Art nouveau eut de l’influence sur lui. Pour le processus de création musicale qui était le sien, le compositeur ne semblait retenir que l’émotion qui avait abouti à la création de l’œuvre d’art. Les deux livres très complémentaires contribuent à une meilleure connaissance de la personnalité de Debussy.