FMI L’Argentine rembourse la totalité de sa dette

L’Argentine a réglé hier par anticipation la totalité de sa dette envers le Fonds monétaire international (FMI), soit quelque 9,5 milliards de dollars, comme elle l’avait annoncé le 15 décembre, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale. Selon cette source ayant requis l’anonymat, l’Argentine a versé quelque 9,5 milliards de dollars, soit l’équivalent en dollars de la dette de l’Argentine envers le FMI exprimée en droits de tirages spéciaux (DTS). Le gouvernement argentin avait annoncé que cette dette atteignait les 9,81 milliards de dollars, mais a effectué en décembre un remboursement arrivé à échéance, ce qui explique la différence. Le gouvernement du président Nestor Kirchner avait expliqué en décembre cette décision, annoncée 48 heures après que le Brésil eut également décidé de rembourser par anticipation le FMI, par sa volonté de renforcer son autonomie en matière économique. Les analystes se sont toutefois montrés plus sceptiques sur les bienfaits à attendre de cette mesure, fortement symbolique dans un pays qui accuse régulièrement l’organisation financière internationale d’être en partie responsable de la débâcle économique dans laquelle l’Argentine a plongé en 2002. Le produit intérieur brut avait alors chuté de près de 11 %. Loin du désendettement promis par le gouvernement, cette opération ne réduira toutefois pas d’un peso la dette totale du pays qui atteint les 126 milliards de dollars, soit 72 % du produit intérieur brut (PBI), car le gouvernement argentin devra s’endetter pour honorer ce remboursement au FMI. Seul changement, la créance passera des mains du FMI à celles de la Banque centrale argentine (BCRA), dont les réserves, qui représentent quelque 28 milliards de dollars, ont été sollicitées pour rembourser le Fonds. L’Argentine est aujourd’hui dans une situation « plus vulnérable » du point de vue de ses réserves monétaires, a estimé hier à ce sujet Claudio Loser, économiste argentin et ancien responsable des pays occidentaux au FMI, interrogé par la chaîne d’informations TN. Les marchés se sont également montrés sceptiques. Les principales agences de notation financière internationales, Standard&Poor’s, Moddy’s et Fitch, citées lundi par la presse argentine ont annoncé que ce remboursement n’améliorerait pas sa note. « La note de l’Argentine est B- et la perspective est stable, car l’annonce (du remboursement) ne change rien. La situation est même un peu plus négative parce que le gouvernement devra émettre davantage de bons du Trésor » pour rembourser la Banque centrale, a ainsi estimé Joydeep Mukherji, analyste auprès de S&P. Selon Mauro Leos, chef de l’équipe d’analystes chargés des économies émergentes auprès de Moody’s, le cap économique de l’Argentine « inquiète de nombreux analystes parce qu’il est peu orthodoxe dans certains de ses aspects ». Il souligne également que « le retour de la confiance envers l’Argentine est lente ». Buenos Aires a balayé ces remarques en estimant par la voix du chef du cabinet (gouvernement) Alberto Fernandez que la plupart de ceux qui critiquent aujourd’hui cette décision sont les mêmes qui dans le passé ont été les responsables des crises de l’Argentine.