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LIRE EN FRANçAIS ET EN MUSIQUE - « Une histoire de la photographie au Liban » de Michel Fani Une plongée fascinante dans le paysage d’autrefois

Ethnologue de formation et conservateur à la Bibliothèque nationale de France, Michel Fani est aussi un passionné de photographie ancienne. Cela fait quinze ans qu’il traque les daguerréotypes et les clichés jaunis avec la ferveur du chercheur d’or. Sauf qu’il ne s’agit pas pour lui d’entasser son trésor à la manière égoïste d’un collectionneur, mais de le partager, à travers l’édition d’ouvrages et d’albums commentés. Où il développe une certaine approche historico-socio-philosophique des images du passé. Après L’atelier de Beyrouth. Liban 1848-1914 et Liban. 1880-1914. L’atelier photographique de Ghazir, deux beaux ouvrages consacrés aux travaux photographiques des jésuites au Liban, Michel Fani publie aujourd’hui, toujours aux éditions de l’Escalier, Une histoire de la photographie au Liban. 1840-1944. Publication dont la primeur ira au Salon qui s’ouvre aujourd’hui. L’auteur présente là une œuvre plus globale, car il y recense de manière pointue les photographes occidentaux et libanais qui sont passés ou ont exercé au Liban, de 1840 à 1944, soit l’époque qui correspond à la photographie en chambre noire, avant l’avènement de la période moderne. « Ce livre commente l’histoire des représentations et des usages de la photographie telle qu’on l’a pratiquée au Liban, depuis les premiers essais ponctuels, jusqu’aux activités plus suivies des amateurs, des anonymes, des maisons commerciales et des ateliers jésuites de Ghazir, de Beyrouth ou de l’Imprimerie catholique, dont l’apport à la culture libanaise s’avère fondamental », écrit Fani dans son introduction. Une histoire de la photographie au Liban. 1840-1944 regroupe 258 photos. Sélectionnées parmi les 2 000 glanées au cours de cinq années de recherches, elles se trouvent accompagnées chacune d’un texte qui propose une lecture singulière, parfois même « littéraire », de l’histoire du Liban à travers l’histoire de la photographie. Ces commentaires mélangent allègrement le détail historique, l’information anecdotique, la réflexion philosophique, le regard sociologique et l’imaginaire personnel de l’auteur. Qui s’efforce d’expliquer la genèse et le développement de la photographie au Liban aux XIXe et XXe siècles. Et, parallèlement, l’évolution de la société, son fonctionnement, ses institutions, ses composantes communautaires… Le livre s’ouvre sur une Vue de Beyrouth, 1840, de Frédéric Goupil-Fesquet. Une gravure sur acier d’après un daguerréotype pris lors d’une mission en Orient. Cette estampe illustre parfaitement l’utilisation première de la photographie, comme support documentaire des récits d’orientalistes. L’on passe ensuite, au fil des pages, de l’apport des photographes de passage à une esquisse, en filigrane, des réseaux de liens familiaux et d’influences diverses qui jouèrent un rôle dans l’établissement des maisons commerciales et des ateliers photographiques dans le Beyrouth de la seconde moitié du XIXe siècle. Du Camp, Sabounji, Dakouny et Bonfils Des vues de Baalbeck en 1850, signées Maxime du Camp lors d’un voyage entrepris avec Flaubert, ou de Francis Bedford, qui accompagnait en juillet 1857 le futur Édouard VII dans son tour du Proche-Orient… Des clichés du photographe officiel du haut-commissariat Antoine Scavo (1862-1937)… Des instantanés, signés Mohieddine Saadé, d’hommes politiques comme Émile Eddé, Béchara el-Khoury… Enfin la production des fameux Bonfils et fils, Dakouny et des frères Sabounji, venus d’Irak, premiers photographes à assurer la transition entre Européens et Libanais. On retrouve tout l’arôme sépia d’une époque prodigieuse. Décoder à travers ces multiples images les jalons fondamentaux de l’histoire du Liban, les transformations progressives des paysages, des mentalités, des sociétés et de la politique, voilà l’objectif poursuivi par Michel Fani. Histoire de prouver « que, dès ses débuts, la photographie n’a pas eu seulement une fonction esthétique et illustrative, mais qu’elle a aussi servi de support à un travail de réflexion ». Une réflexion sur le pouvoir d’identification qui tisse le vrai langage de la photo. Cet étrange miroir magique qui permet à chacun de retrouver ses propres racines et émotions. Zéna ZALZAL
Ethnologue de formation et conservateur à la Bibliothèque nationale de France, Michel Fani est aussi un passionné de photographie ancienne. Cela fait quinze ans qu’il traque les daguerréotypes et les clichés jaunis avec la ferveur du chercheur d’or. Sauf qu’il ne s’agit pas pour lui d’entasser son trésor à la manière égoïste d’un collectionneur, mais de le...