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Actualités - OPINION

«Arabité» ou «visage arabe»?

L’article de M. E. Chédid (publié dans L’Orient-Le Jour du 18 courant) soulève des interrogations en profondeur sur l’appartenance ou la non-appartenance du Liban. Pour commencer, l’auteur souligne la nécessité de définir les termes, et le lecteur se dit: «Enfin, nous y sommes, on a tant besoin de clarté.» Il lit: «Qu’est-ce donc que l’arabité?» Mais il a beau fouiller le texte jusqu’à la fin, il ne trouve pas de définition! Ce n’est pas pour faire un reproche, car la chose est très difficile ; d’autres (et pas des moindres !) s’y sont essayés sans succès. Mais puisque le sujet est abordé, nous ne pouvons plus rester sur notre faim et admettre docilement l’arabité du Liban comme une réalité indiscutable. Comment peut-on définir l’arabité? Courons aux dictionnaires: le mot y est introuvable! La surprise passée, on essaye du moins de se raccrocher à l’arabisme, qui est un terme très répandu, surtout qu’il semble être la traduction du mot prestigieux «ourouba». Seulement voilà: ce mot a une connotation ethnico-islamique, et il s’agit de ménager la sensibilité des chrétiens arabophones échaudés par quatre siècles d’apartheid turc. C’est alors que les politologues et publicistes européens ont inventé le mot arabité, un néologisme qui n’a pas de correspondant en langue arabe, mais auquel la morphologie latino-anglo-saxone a fini par donner droit de cité. Revenons au Liban. L’article en question est long et riche, et mériterait une analyse dépassant les proportions journalistiques. Signalons cependant que l’auteur semble dire qu’un citoyen de pays arabes – Liban, Égypte, par exemple – doit nécessairement se trouver une appartenance supplémentaire à celle de sa patrie. C’est une conception étriquée du patriotisme. En quoi, un Yéménite et un Mauritanien ont-ils la même appartenance? Je suis libanais, un point c’est tout. Je passe par Vienne, et j’y rencontre un Comorien: quelle appartenance commune avons-nous, à part la communauté de langue, qui fait que, a priori, cet homme m’est sympathique? Nicolas Sarkozy est né hongrois, dans la capitale, Budapest. Mais, français aujourd’hui, il est candidat à la présidence de la République française... Il reste que l’arabisme (autrement dit la ourouba) sert de support à des proclamations de nationalisme à bon marché. N’avons-nous pas entendu le grand leader druze déclamer dans une envolée lyrique: «Nous avons payé cher pour assurer la ourouba de cette région?» Allez donc lui demander sa définition de la ourouba et de quelle région il parle. Pour tout le reste, nous référons le lecteur au livre d’Amin Maalouf, Les identités meurtrières, qui a fait l’objet de commentaires et d’analyses dans la presse internationale de ces dix dernières années. Albert SARA

L’article de M. E. Chédid (publié dans L’Orient-Le Jour du 18 courant) soulève des interrogations en profondeur sur l’appartenance ou la non-appartenance du Liban. Pour commencer, l’auteur souligne la nécessité de définir les termes, et le lecteur se dit: «Enfin, nous y sommes, on a tant besoin de clarté.» Il lit: «Qu’est-ce donc que l’arabité?» Mais il a...