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Actualités - CHRONOLOGIE

Conférence - Ziad Hafez au « National Press Club » Débat à Washington sur les problèmes de la démocratie au Liban, en Égypte et dans les territoires palestiniens

WASHINGTON- Irène MOSALLI Le Council for the National Interest (CNI) est une organisation de diplomates américains retraités et de chercheurs ayant pour objectif de fournir un autre point de vue que celui de l’Administration Bush sur des questions de politique étrangère. Le CNI a récemment organisé au prestigieux National Press Club un colloque sur les problèmes de la démocratie au Proche-Orient. Le thème proposé était de savoir si la démocratie progressait dans la région, comme le souligne l’Administration Bush, ou était en difficulté du fait d’obstacles institutionnels. Trois invités étaient appelés à commenter la situation dans trois pays, l’Égypte, les territoires occupés et le Liban. Mohammed el-Menshawi, rédacteur en chef du Taqrir Min Washington, a parlé de la campagne électorale présidentielle en Égypte. El-Menshawi était particulièrement sévère au sujet du processus électoral qui assurerait la victoire du président Moubarak. Il a également critiqué les partis politiques égyptiens qui ne disposent pas d’une audience populaire du fait de la déconnexion entre les dirigeants de ces partis et la population, en majeure partie illettrée. L’échéance importante sera les élections législatives. Moubarak Awad a évoqué la situation dans les territoires occupés. Awad, fondateur de l’Institut de la non-violence, a rappelé la situation difficile des Palestiniens et la nécessité de réviser la politique américaine qui encourage le gouvernement de Sharon à poursuivre une politique de dépossession des Palestiniens. Ziad Hafez, économiste et écrivain libanais résidant à Washington, a évoqué la situation au Liban. Les élections libanaises, entachées par les sommes faramineuses dépensées par certains, par le discours de certains chefs communautaires, n’étaient qu’une mascarade qui n’aura eu pour résultat, selon lui, que d’exacerber les tensions communautaires. Hafez a été particulièrement critique à l’égard du système confessionnel qu’il qualifie de « raciste, antidémocratique, de totalitaire, refusant l’autre ». « De plus, le système confessionnel est incompatible avec un État fort, d’où une faiblesse structurelle des institutions de l’État, a-t-il affirmé. Le confessionnalisme est un système hérité de la période coloniale qui n’œuvre pas au renforcement des liens entre les diverses composantes de la société libanaise. Il encourage les ingérences externes, tant bien régionales qu’internationales, ingérences qui poursuivent un agenda qui leur est propre et pas nécessairement dans l’intérêt des Libanais. Les interventions intempestives des diplomaties américaines, françaises, et des Nations unies dans les affaires libanaises ont empêché un débat sérieux de la loi électorale que toutes les parties libanaises semblaient fustiger. » Et d’ajouter : « L’observation quasi religieuse du calendrier électoral servait beaucoup plus les intérêts d’une politique américaine en pleine déconfiture en Irak et qui avait un besoin urgent de redorer son blason à bas prix plutôt que le besoin véritable des Libanais de débattre d’une loi électorale qui devrait refléter leurs aspirations », a ajouté M. Hafez. Il a fustigé avec beaucoup de sévérité la classe politique qu’il accuse de perpétuer le complexe de la peur et de la frustration des communautés. Hafez n’épargne pas non plus l’intelligentsia (dont les médias), les intellectuels, les responsables de la société civile, coupables d’une faillite morale et intellectuelle inexcusable. Toutefois, Hafez garde l’espoir de jours meilleurs. Il souligne que les Libanais ne sont pas intrinsèquement sectaires mais que leur leadership a failli à ses tâches. Il propose une déconfessionnalisation du système politique, administratif et sociétal à travers la promulgation d’une loi électorale qui refléterait les forces vives des Libanais et non nécessairement les communautés. Cette loi électorale abaisserait le droit de vote à l’âge de 18 ans, proposerait le vote selon le système proportionnel et un découpage des circonscriptions administratives selon des critères appropriés. Hafez a conclu son intervention par la nécessité de remplacer le discours confessionnel par un discours nationaliste, à l’instar du nouveau discours nationaliste arabe, qui a pour objectif la réalisation d’une renaissance arabe humaniste.
WASHINGTON- Irène MOSALLI
Le Council for the National Interest (CNI) est une organisation de diplomates américains retraités et de chercheurs ayant pour objectif de fournir un autre point de vue que celui de l’Administration Bush sur des questions de politique étrangère. Le CNI a récemment organisé au prestigieux National Press Club un colloque sur les problèmes de la...