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Actualités - OPINION

Le taux de participation, baromètre de la fièvre électorale Et maintenant, la mère des batailles…

Les sondages, et toutes les machines électorales, prédisent pour le Mont-Liban un taux de participation supérieur à 50 %. Loin devant Beyrouth et ses 28 %, et plus que les 45 % généreusement attribués au Sud. Le pays politique aborde donc ce dimanche la mère des batailles. Et dans la Békaa, qui vote en même temps, le tableau n’est pas mal non plus, avec beaucoup de panachages en perspective. Des panachages qui redonnent au processus démocratique un peu de panache. Après la morne bulldozérisation des deux premières phases. Le défi au Mont-Liban, multipartite et multiforme, est aussi politique que purement électoral. Ce sont sinon des programmes qui s’affrontent du moins des approches tout à faire différentes de ce que devrait être la nouvelle république libanaise. Pour l’heure, incidents de parcours mis à part, la compétition s’annonce assez fair-play entre les principaux jouteurs. Grosso modo, le match oppose Aoun à l’axe Kornet Chehwane-Hariri-Joumblatt. L’épreuve de force la plus rude, la plus serrée peut-être, semble devoir prendre Baabda-Aley pour lice. Où les listes en présence illustrent, encore plus qu’ailleurs, l’échec des tentatives déployées précédemment pour préserver l’unité du front opposant dit du 14 mars. Aoun, qui n’a pu s’entendre avec le tandem Hariri-Joumblatt, a contracté des alliances ouvertes ou tacites avec nombre de loyalistes. En se cantonnant quand même dans certaines limites commandées par la logique. La logique de changement, s’entend. Il a ainsi pris soin de ne pas s’allier avec des symboles trop marqués par leur fidélité au régime. Ou au fameux système syrianisé dit sécuritaro-politique. On note ainsi que, tout en laissant entendre qu’il en apprécie les positions rajustées, le récent discours politique, il n’a pas voulu s’accorder à Kesrouan-Jbeil avec l’ancien ministre Jean-Louis Cardahi, porte-flambeau du lahoudisme. Par contre, il a accepté de faire équipe avec Talal Arslane. En soutenant que ce dernier ne s’est pas mouillé avec le système qui a tenu le pays sous sa botte pendant quinze ans. En tout cas, selon les aounistes, pas autant que Joumblatt ou le regretté président martyr Rafic Hariri, qui étaient des piliers constants du pouvoir cornaqué par Damas ou Anjar. Et qui, ajoutent les partisans du Courant patriotique libre, avaient largement profité des largesses, politiques ou autres, du pouvoir. En fait, les aounistes accommodent manifestement les sauces à leur unique convenance, au nom de la règle d’or du pragmatisme. Ils arrivent de la sorte à trouver une justification, plus ou moins convaincante du reste, à toutes leurs contradictions. On s’est de la sorte beaucoup interrogé sur leurs mots d’ordre opposés de boycott et d’affluence, suivant les régions. Ainsi Aoun a appelé au boycott à Jezzine, tout en soutenant le général Fawzi Abou Farhat, en appelant à voter pour lui, pour le siège grec-catholique de Maghdouché, également au Sud. On s’est demandé également comment les aounistes pactisent avec certains opposants et pas avec d’autres. En citant les cas de Chakib Cortbaoui à Baabda-Aley et de Farid Élias el-Khazen à Kesrouan-Jbeil. Deux de leurs alliés qui appartiennent à Kornet Chehwane. Les aounistes répondent qu’ils traitent avec eux sur une base purement individuelle, non en tant que membres de la Rencontre. Sans expliquer pourquoi ils refusent de faire de même avec d’autres personnalités, comme Farès Souhaid par exemple. Quoi qu’il en soit, s’appuyant sur des statistiques qu’ils prétendent solides, les aounistes s’attribuent, au Mont-Liban, la puissance d’un… bulldozer ! Ils soutiennent que leur électorat ne cesse de s’élargir, de se développer, de se fidéliser. Au point qu’ils se disent convaincus que cette base votera sans faille pour leurs listes, sans panachage. Alors qu’à les en croire, les listes adverses vont subir beaucoup de biffage. Ce qui est d’ailleurs bien possible. Car les aounistes ont mis sur pied, ici ou là, des listes incomplètes, laissant par exemple un siège inoccupé au Hezbollah, au Tachnag ou même à Michel Murr… La bataille médiatique, qui bat son plein, ne manque pas de coups assez bas ou tordus. Les aounistes ne ratent pas une occasion de laisser entendre que l’axe opposé fait jouer à plein le puissant argument de l’argent électoral. Tandis que les gens de la Rencontre de Kornet Chehwane vont souvent jusqu’à accuser les aounistes d’avoir tourné le dos au 14 mars et bradé l’espoir d’un renouveau pour quelques strapontins. Ajoutant même que le Courant patriotique a en quelque sorte trahi Bkerké, référence nationale sacrée s’il en est. Ce à quoi les aounistes ripostent en faisant valoir que la Rencontre, en se soumettant à la domination du tandem Hariri-Joumblatt, a elle-même enfreint les directives patriarcales d’unité chrétienne compacte, au nom des équilibres. Ce qui fait, selon les partisans du général, que les opposants chrétiens qui se sont laissés engluer dans l’axe quadripartite (Hariri-Joumblatt-Amal-Herzbollah) vont devenir membres d’une majorité parlementaire de quelque 80 éléments entièrement contrôlés par le camp mahométan. Qui a exclu tout partenariat avec des forces actives représentatives chrétiennes comme les aounistes mais aussi le Bloc national ou le PNL. Philippe ABI-AKL

Les sondages, et toutes les machines électorales, prédisent pour le Mont-Liban un taux de participation supérieur à 50 %. Loin devant Beyrouth et ses 28 %, et plus que les 45 % généreusement attribués au Sud. Le pays politique aborde donc ce dimanche la mère des batailles. Et dans la Békaa, qui vote en même temps, le tableau n’est pas mal non plus, avec beaucoup de...