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Actualités - interview

Interview - « Entente sur les principes » avec Kornet Chehwane, affirme l’ancien Premier ministre Michel Aoun : « L’objectif de la bataille, faire face aux symboles du pouvoir »

À l’issue d’une réunion de coordination au siège du Parti national libéral à Sodeco, vendredi dernier, les représentants du Rassemblement de Kornet Chehwane et ceux du « groupe de Baabda-Aley » (courant aouniste, opposition Kataëb, courant de Nadim Béchir Gemayel et personnalités indépendantes), réunis l’an dernier autour de la candidature de Hikmat Dib lors de l’élection partielle, ont annoncé qu’ils étaient parvenus à un avant-projet de manifeste commun concernant les prochaines municipales. Pourtant, la rumeur faisait état, ces derniers temps, d’une mésentente entre le Courant patriotique libre (CPL-aouniste) et Kornet Chehwane, notamment à la suite de l’alliance inattendue, et par là même surprenante, entre le Bloc national et le courant aouniste à Jbeil et Jounieh. L’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, qui était représenté par M. Michel de Chadarévian à la réunion, affirme que les deux parties « se sont mises d’accord vendredi sur les principes d’une entente, dont il faut encore préciser les contours sur le terrain ». Pour le général Aoun, l’importance des municipales réside dans le message à transmettre à travers la bataille. « Notre but est de faire face, partout et dans tous les cas de figure, aux symboles du pouvoir », souligne-t-il. « C’est pourquoi nous avons scellé une alliance avec le Bloc national à Jbeil. Nous sommes sur la même ligne au niveau de la politique nationale. Mais notre entente avec le BN doit être considérée comme le noyau d’une alliance au sein de l’opposition. Notre action est fédératrice. Ce que nous voulons, c’est une alliance entre tous les pôles de l’opposition pour faire face au pouvoir », poursuit le général Aoun, en réfutant évidemment les informations parues vendredi dans al-Moustaqbal, selon lesquelles il aurait conclu certaines alliances avec le pouvoir. Par-dessus tout, Michel Aoun plaide en faveur d’une cohérence entre le discours et l’action, et s’élève contre toute forme de duplicité, quelle que soit sa nature, et particulièrement au sein de l’opposition : « On ne peut être opposant dans une région et rechercher des alliances avec les symboles du pouvoir dans une autre. Cela est révélateur d’un manque de maturité au niveau politique, d’un manque de vision globale. Il s’agit d’une logique inadmissible. » Et de souligner : « Mon but est moins de gagner que de maintenir une certaine cohérence au niveau du discours de l’opposition. Je pratique un discours politique clair, et mon courant et moi, nous en avons payé le prix, à travers notamment quinze ans d’exil et des milliers d’arrestations de jeunes militants pour la souveraineté, qui ont été réprimés et torturés. Je ne vais pas abandonner ce discours pour gagner des élections. À partir de là, nous ne cherchons pas des postes d’influence. Les municipalités appartiennent aux habitants locaux. Mais c’est la symbolique politique de ces élections qui est importante : que chacun exprime ses spécificités, mais dans un cadre national, celui du rejet de l’occupation syrienne. » C’est pourquoi le général Aoun précise que c’est sur le principe d’« une bataille contre les symboles du pouvoir » qu’il a fondé son entente avec Kornet Chehwane. « Il est normal qu’il y ait plusieurs points de vue au sein de ce rassemblement, qui n’est pas uniforme et qui groupe plusieurs partis et courants. Mais nous souhaitons qu’il y ait, au final, un seul document de travail. En d’autres termes, nous aimerions savoir s’il existe un accord global au sein du rassemblement sur ce document. Et, si ce n’est pas le cas, il serait bon que Kornet Chehwane précise qui veut approuver le document, et qui ne veut pas le faire », poursuit-il, en rappelant que le rassemblement doit se réunir cette semaine pour débattre du futur manifeste commun. « Mais les signaux sont positifs », ajoute-t-il. Le cas de Beyrouth S’opposer au pouvoir, sous ses différents aspects. Cela implique-t-il également le cas de Beyrouth et ses spécificités ? « À Beyrouth, il existe deux faces d’un même pouvoir : ce sont celles qui se disputent en permanence au sein du Conseil des ministres. Quand je parle du pouvoir, je ne fais pas seulement allusion à Émile Lahoud. Il n’est pas le seul responsable de ce qui arrive au Liban. Pourquoi rejeterais-je uniquement la responsabilité sur M. Lahoud ? Rafic Hariri était là bien avant lui et il assume une responsabilité plus grande encore, notamment au niveau de la dette publique. À Beyrouth, je suis en faveur d’une troisième voie. Nous ne nous allierons pas à ceux qui ont échoué politiquement et économiquement », répond Michel Aoun. « Le pouvoir, ce n’est pas tantôt le gouvernement et tantôt le président, mais les deux. Et l’opposition doit faire face au pouvoir. Les disputes des dirigeants ne sont que des manœuvres, dans la mesure où le pouvoir reste malgré tout un seul, sous la tutelle syrienne », précise-t-il. Si le général Aoun affirme par ailleurs qu’il n’a pas tranché au sujet de Jounieh, à savoir conclure une alliance éventuelle avec Georges Frem dans l’intérêt de Kornet Chehwane, il indique en revanche qu’à Jbeil, il s’opposera à « tous les symboles du pouvoir ». Dans les régions pluralistes, « là où il y a un danger qui pèse sur la convivialité, et qu’il n’y a pas d’opposition, nous ne mènerons pas campagne. Nous refusons de porter atteinte à la convivialité ». Le général évoque, à titre d’exemple, le cas de Aley, de la banlieue sud ou du Chouf. « Partout ailleurs, là où il y aura une opposition au pouvoir, nous livrerons bataille », ajoute-t-il. Concernant enfin un éventuel report des élections, le général Aoun affirme que cela est possible, dans la mesure où le pouvoir est empêtré dans ses querelles et craint de perdre la partie : « Mais comment vont-ils justifier leur décision ? La situation régionale ? Elle n’est pas près de se calmer. Qu’ils décident enfin s’ils veulent que les élections se tiennent ou non. » Propos recueillis par Michel HAJJI GEORGIOU

À l’issue d’une réunion de coordination au siège du Parti national libéral à Sodeco, vendredi dernier, les représentants du Rassemblement de Kornet Chehwane et ceux du « groupe de Baabda-Aley » (courant aouniste, opposition Kataëb, courant de Nadim Béchir Gemayel et personnalités indépendantes), réunis l’an dernier autour de la candidature de Hikmat Dib lors de...