Rechercher
Rechercher

Actualités

Vie politique - Les obligations financières plafonneront à 35, 6 milliards de dollars à la fin du mandat, selon le chef du gouvernement Hariri : Je ne suis pas seul responsable de la dette, le président a approuvé toutes les décisions(photo)

Invité samedi à donner une conférence sur le thème du leadership à la « Hariri Canadian University », à Mechref, le chef du gouvernement, Rafic Hariri, a surpris les milieux politiques en rompant la trêve avec Baabda, lorsqu’il est carrément passé à l’attaque pour faire assumer au président de la République, le général Émile Lahoud, une part de responsabilité dans l’aggravation de la dette publique. « Rafic Hariri est le Premier ministre, mais le chef de l’État a présidé toutes les réunions du Conseil des ministres (...). Toutes les décisions ont été prises avec son accord et jamais contre sa volonté. C’est certain », a-t-il affirmé. Tenu par de nombreux pôles, politiques et économiques, comme le principal responsable de l’énorme dette qui représente presque 200 % du PIB, en raison de la politique d’endettement qu’il a suivie depuis son accession au pouvoir en 1992, M. Hariri s’est défendu en attaquant, que ce soit au sujet de la dette ou du projet Sannine. Son discours sur la dette s’articulait autour des deux principaux points suivants : les projets de reconstruction initiés par son équipe ont coûté moins à l’État, que les forces armées et le développement des secteurs de l’éducation et de la santé ; on lui fait assumer entièrement la responsabilité des difficultés financières de l’État alors qu’on oublie celle du président Lahoud et de son prédécesseur, Sélim Hoss, sous le mandat de qui, a-t-il dit, la dette est passée de 17 milliards de dollars à 24 miliards. Et pour ce qui est de son conflit avec le président de la République au sujet de Sannine, il a réitéré son point de vue, affirmant que les promoteurs essaient de contourner la loi sur la propriété des étrangers et que le Conseil des ministres doit prendre une décision à ce sujet. Interrogé au terme de la conférence au sujet de la dette publique, M. Hariri a répondu : « Je suivais récemment un talk-show télévisé et j’ai entendu le présentateur affirmer que Hariri est responsable de la dette qui plafonne à 33 milliards de dollars. On essaie de me faire assumer cette responsabilité, parce que j’ai été pendant dix ans à la tête du gouvernement. Ma réponse est la suivante : je suis resté Premier ministre de 1992 à 1998, avant que M. Sélim Hoss ne prenne la relève. À l’époque, la dette était près de 17,800 milliards et de 1 200 milliards de livres hors budget. À mon avis, la dette publique atteindra vers la fin du mandat, 35,600 milliards de dollars. Il y aura toujours les 1 200 milliards de livres hors budget, ce qui signifie que la dette doublera. Rafic Hariri est le Premier ministre, il est vrai, mais le chef de l’État a présidé toutes les réunions du Conseil des ministres, depuis qu’il a commencé à assumer ses responsabilités constitutionnelles. Je crois qu’il continuera de le faire jusqu’à la fin de son mandat. À moins bien sûr d’une reconduction, mais là c’est une autre affaire. Toutes les décisions ont été prises avec son accord et jamais contre sa volonté. C’est certain. » Revenant de nouveau sur le mandat Hoss, le chef du gouvernement a voulu « rappeler à ceux qui ont oublié que la dette est passée de novembre 1998 à novembre 2000 à 24 millions de dollars ». « Comment la dette a-t-elle pu augmenter puisque Rafic Hariri n’était pas présent ? » a-t-il ironisé, avant de souligner qu’il faut consulter les budgets consécutifs de l’État de 2000 à 2003 pour connaître les chiffres des dépenses consacrées aux projets de reconstruction. « On affirme que la dette est due à ces projets. C’est le plus gros mensonge qui circule au Liban. La reconstruction a coûté le moins à l’État », a-t-il enchaîné, en signalant que le gros chantier de la reconstruction a été réalisé au cours des six premières années de son mandat « alors que le reste des dépenses continue ». « Nous avons réédifié l’armée et les forces de sécurité. Combien cela nous a coûté et continue de nous coûter ? Il y a ensuite l’éducation. Tout le monde souligne la nécessité d’assurer l’enseignement à tous. Cela coûte de l’argent. Les Libanais ont opté pour le renforcement de l’enseignement public. Ils approuvent donc – et pas seulement Rafic Hariri – les fonds qui ont été dépensés à cette fin. Mais lorsque les fonds ne sont pas disponibles, que pouvons-nous faire à part nous endetter, puis payer des intérêts », a fait valoir le Premier ministre, en mettant également en relief le coût des prestations médicales et sociales assurées par l’État. Selon lui, si le Liban s’est endetté, « c’est parce qu’il n’avait pas d’autre choix ». Il reste, a estimé M. Hariri, que « si nous avions honoré les engagements pris à Paris II, nous aurions pu réduire le volume de la dette publique. Nous payions dans le passé des intérêts de 16 %. Aujourd’hui, nous payons 8 % et nous aurions pu payer seulement 4 % grâce à une série de mesures que nous n’avons pas prises ». « Une blague de mauvais goût » Interrogé ensuite au sujet du projet de Sannine, il a réaffirmé son attachement aux investissements au Liban. « Dire que je suis contre les investissements est une blague de mauvais goût », a insisté le Premier ministre, avant d’exposer avec force détails, ses réserves concernant ce projet. « Le Conseil des ministres n’a qu’à affirmer (que la procédure suivie pour la création des sociétés promotrices) n’est pas contraire à la loi sur la propriété des étrangers. Parce que, si elle l’est et que nous ignorons un dossier qui concerne 1 % du territoire libanais, nous serions en train de tromper le peuple et d’impliquer les fonctionnaires dans une affaire qui est du ressort de l’État, au moment où l’État renonce à son rôle », a déclaré M. Hariri. Selon lui, si le responsable du registre foncier de Zahlé est venu à Beyrouth vendredi, au moment où les propriétaires de Sannine ont voulu enregistrer les terrains qu’ils ont acquis, ce n’est pas parce qu’il a été convoqué par le ministre des Finances, mais parce qu’il a voulu savoir ce qui s’était passé la veille en Conseil des ministres. Et ce n’est non sans humeur que M. Hariri a indiqué que les responsables du ministère des Finances lui ont remis le dossier « en lui disant “voilà, vous savez mieux que nous quoi faire, puisque le Conseil des ministres en a décidé ainsi. C’est ce que le président de la République veut et non pas le Conseil des ministres. C’est à vous de prendre une décision qui concerne 1 % du territoire libanais”. Voilà ce qu’ils lui ont dit ». Il a ensuite souligné qu’il n’est pas personnellement attaché à la loi sur la propriété des étrangers et qu’il est prêt à voter en faveur de son abrogation si un jour une telle proposition est avancée. « Mais, pour le moment, nous ne pouvons pas fouler au pied cette loi qui est extrêmement importante pour de nombreux Libanais et qu’on essaie aujourd’hui de contourner », a-t-il encore insisté, avant de qualifier de « honteux » les propos selon lesquels le conflit autour de Sannine a éclaté parce qu’il ne détient pas une part des actions de ce projet.

Invité samedi à donner une conférence sur le thème du leadership à la « Hariri Canadian University », à Mechref, le chef du gouvernement, Rafic Hariri, a surpris les milieux politiques en rompant la trêve avec Baabda, lorsqu’il est carrément passé à l’attaque pour faire assumer au président de la République, le général Émile Lahoud, une part de responsabilité...