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Actualités - CHRONOLOGIE

EN DIRECT DE PARIS - L’œuvre de Matisse de 1941 à 1954 au Musée du Luxembourg Une seconde vie, ou les derniers soubresauts créatifs de Matisse (Photo)

C’est jusqu’au 17 juillet que le Musée du Luxembourg reçoit le peintre Henri Matisse et quelque quatre-vingts de ses œuvres, peintes au crépuscule de son existence. Accompagnées d’une riche correspondance que le peintre a tenue avec son ami, l’écrivain et dessinateur André Rouveyre, les mots deviennent ainsi le fil conducteur de cette très belle exposition. Comme le disait la chanson, «I love Paris in the summer» (J’aime Paris en été), au printemps aussi, lorsque les arbres encore frileux se parent de feuilles plus légères et plus gaies. L’exposition «Matisse une seconde vie» tombe à point nommé en cette période de l’année, tant le travail de l’artiste, de plus en plus épuré et de plus en plus enluminé, et ses couleurs franches et marquées s’assortissent avec une nature qui se fait une nouvelle jeunesse. Et dans ce magnifique cadre extérieur où le jardin sert de parfaite introduction à une exposition intime, voire amicale. Car c’est bien d’amitié qu’elle parle. Prétexte à une longue correspondance entre André Rouveyre et Henri Matisse, entre 1941, date à laquelle ce dernier subit une grave intervention à Lyon, et sa mort en 1954. Et prétexte à une remise en question de la peinture de Matisse présente dans ces milliers de lettres. Correspondance C’est dans l’atelier de Gustave Moreau que les deux hommes se sont rencontrés, vers 1890, avant de tomber en véritable amitié l’un pour l’autre. Matisse est un jeune peintre à l’élégance du trait notoire, Rouveyre est un portraitiste de renom, impitoyable autant que Matisse est aimable. Pourtant, ils vont s’entendre parfaitement. Pour preuve, ce respect mutuel et cette correspondance abondante qui débute vers 1905. Elle prendra son envol trente ans plus tard. Dès cette période, ils s’écrivent tous les jours et quelquefois plusieurs lettres par jour. On recense près de 1200 lettres dont nombreuses sont accompagnées de croquis. L’exposition «Matisse une seconde vie» s’est surtout concentrée sur la dernière partie de la vie du peintre lorsqu’après avoir subi une importante intervention chirurgicale, l’homme, angoissé mais impatient, s’en remet à ses médecins, les suppliant de lui donner encore le temps de faire, de créer et puis de vivre. Remis et ressuscité, il renaît ainsi à la vie – il va vivre treize ans de plus – et au travail, heureux et libre de laisser exploser, en tableaux et en couleurs, ce nouveau départ. À 71 ans, ce jeune monsieur, barbe blanche et lunettes rondes, se remet au travail. Il peint couché, assis dans son fauteuil, au fusain, à l’encre, à la gouache, à la plume ou au pinceau. Assisté par Lydia Delectorskaya, qui fut sa muse, son assistante et sa complice, il exécute des portraits, lignes fines de femmes aux grands yeux, des natures mortes à l’huile; il découpe ses fameux papiers de couleurs pour en faire d’immenses toiles et des fleurs de toutes les couleurs. Du mauve, du vert, du bleu, du noir, ces couleurs qu’il s’approprie, qui deviennent son identité, lui feront oublier la maladie, l’immobilité et même l’arthrite qui déformera ses mains, à la fin de sa vie. Témoignages Ce sont donc quatre-vingts tableaux, qui sont en fait la partie la plus méconnue de l’œuvre de Matisse, que s’est approprié, avec beaucoup de difficultés et pour quatre mois, le Musée du Luxembourg. En provenance de musées ou de collections privées, certains ont un format monumental difficile à déplacer. Il en est ainsi pour l’Arbre de la vie, maquette pour le double vitrail du sanctuaire de la chapelle du Rosaire à Vence; de La Gerbe, exécuté en 1953, ou encore de La Perruche et la Sirène, qui n’avait jamais été exposé en France auparavant. Huiles sur toiles, gouaches découpées, œuvres graphiques, dessins, livres illustrés, photographies, études et maquettes, tapisseries sont les témoins et les témoignages d’un profond renouvellement de l’art de Matisse, tendant vers une pureté des formes et des couleurs, et un travail de plus en plus abstrait. Une belle lumière irradie de cette exposition, à la fois chaleureuse et éclatante. Ainsi, Henri Matisse aura su transformer l’automne de sa vie en un formidable printemps. Une célébration à laquelle tous les amoureux du peintre sont cordialement invités, et ce jusqu’au 17 juillet. Carla HENOUD
C’est jusqu’au 17 juillet que le Musée du Luxembourg reçoit le peintre Henri Matisse et quelque quatre-vingts de ses œuvres, peintes au crépuscule de son existence. Accompagnées d’une riche correspondance que le peintre a tenue avec son ami, l’écrivain et dessinateur André Rouveyre, les mots deviennent ainsi le fil conducteur de cette très belle exposition.
Comme le...