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La diplomatie, planche de salut pour le locataire du Sérail

Le Sannine, c’est la cime des défaites pour le camp haririen. Qui essuie chaque jour de cuisants camouflets. Exemple, inimaginable en l’an 2000 : Hariri fait un geste remarqué en direction de son plus grand vaincu électoral, Sélim Hoss, en lui rendant visite. Pour se voir agonir ensuite de critiques, pour ne pas dire d’outrages, par le visité de l’an 2004 ! Puis, enfonçant le clou, le chef de l’État semonce sévèrement, sans le nommer, mais c’est tout comme, un Hariri qui s’est permis d’émettre des doutes sur la constitutionnalité des jetons de présence présidentiels et sur l’ordre du jour. Le président Lahoud, épinglant la médaille de la confiance à la boutonnière du malheureux milliardaire, a été jusqu’à souligner que sans son assiduité aux réunions du Conseil, la dette publique aurait crevé le plafond des 50 milliards de dollars. Bref, le printemps, qu’il avait tant chanté ou promis à ses débuts, n’est pas des plus riants pour le chef du gouvernement. Chaque Conseil des ministres devient pour lui un petit calvaire émaillé des rebuffades des uns ou des autres. Il s’est de la sorte fait tancer même par les ministres, dont le plus pointu semble avoir été Assaad Hardane. Ce qui est un peu inquiétant, dans la mesure où le ministre du Travail n’a pas la réputation d’être éloigné des décideurs... Une semaine oui, une semaine non, Hariri préfère donc s’absenter. Certains estiment qu’en se rendant si fréquemment à l’étranger, il cherche la fuite en avant pour gagner un peu de temps, en attendant l’échéance présidentielle. Ils ont sans doute un peu raison. Mais il y a aussi, il y a surtout autre chose. Voyager, pour un chef de gouvernement qui a autant d’entregent à l’étranger, c’est, forcément, faire de la diplomatie. Et c’est un domaine par lequel il tient un atout maître. Car la Syrie, omnipotente sur la scène officielle locale, n’a jamais caché qu’elle apprécie beaucoup les talents de communicant de Hariri. Qui a souvent, qui a toujours défendu avec brio les points de vue syriens auprès de ses amis occidentaux, Chirac en tête. Et l’on sait que c’est un peu grâce à Hariri qu’il y a quelques mois, le président Assad a pu effectuer une visite particulièrement réussie en France. Tout comme en Angleterre. Puissance qui s’est brusquement, et totalement, rapprochée de la Libye, où Blair vient d’effectuer une visite qualifiée d’historique. Il n’est donc pas surprenant d’entendre l’ambassadeur britannique à Beyrouth James Watt avancer que Londres est désormais disposé à initier une médiation au sujet de l’affaire Sadr. Sujet extrêmement sensible pour les Libanais, les chiites en tête. Or, dans ce dossier, et en sa double qualité de Libanais tout aussi concerné que Berry ou Nasrallah par la disparition de l’imam, Hariri peut également jouer un rôle. Discret mais efficace, comme le veut toute bonne diplomatie. Avec, pour effet, de resserrer son alliance avec Berry et de se rapprocher un peu de Nasrallah. Toutes ces circonvolutions montrent que le président du Conseil se trouve tenté de résoudre la migraine causée par les forces centripètes, lahoudistes ou autres, par la force centrifuge des rebonds extérieurs. Pour l’heure, l’actualité et le réalisme l’amènent à se focaliser sur le tout prochain test électoral, de puissance et d’influence. L’enjeu est plus important pour Hariri que pour aucun autre pôle d’envergure nationale. Car c’est son leadership beyrouthin qui est en balance. Il n’est donc pas tellement surprenant qu’il se rende sous peu en Arménie, cet autre pays frère. Dont les originaires gardent leur mot à dire dans la mosaïque de la capitale. Mais le déplacement vient aussi rappeler aux décideurs, d’une manière tout à fait opportune, que tout comme dans le Golfe où il se trouvait récemment, Hariri a des liens utiles, pour eux comme pour lui, dans la Grande Europe. Un continent qui a tout l’air de servir, sinon de bouclier, du moins d’amortisseur aux puissances régionales qu’indisposent les pressions du géant US. Comme le note, en ricanant sous cape, un député : ce n’est pas parce qu’il est économiquement indispensable au Liban que Hariri reste. Mais parce que, comme VRP (vendeur représentant placier), on peut difficilement trouver mieux. J.I.
Le Sannine, c’est la cime des défaites pour le camp haririen. Qui essuie chaque jour de cuisants camouflets. Exemple, inimaginable en l’an 2000 : Hariri fait un geste remarqué en direction de son plus grand vaincu électoral, Sélim Hoss, en lui rendant visite. Pour se voir agonir ensuite de critiques, pour ne pas dire d’outrages, par le visité de l’an 2004 ! Puis,...