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En dents de scie - Les maillons faibles

Treizième semaine de 2004. Depuis le début de l’année, comme depuis des lustres, les journées s’écoulaient – pas toujours heureuses –, les semaines se suivaient, elles se ressemblaient, les responsables libanais s’étripaient, le Liban coulait. Sauf que maintenant, tout cela passe à la vitesse supérieure. Désormais, après ces sept derniers jours, les Libanais se préparent gentiment à regretter les temps certes glauques des scènes de ménage Lahoud-Hariri à propos du cellulaire, de l’électricité, des expropriations du CDR, de Sannine-Zénith-Liban, et tutti quanti. Treizième semaine de 2004. « J’espère et je souhaite que le chef de l’État et le Premier ministre tiennent compte des circonstances et qu’ils fassent primer l’intérêt général sur toute autre considération. » Les événements de ces sept derniers jours ont réussi à faire sortir l’indispensable Fouad Boutros de sa réserve habituelle. Parce que désormais, les pôles du pouvoir ont fini de prouver que c’est à cause d’eux, et uniquement d’eux, que le nécessaire redressement de tout un pays est devenu chose impossible. Aidés par leurs lieutenants, dont certains, à l’instar de Jean-Louis Cardahi, se sont déchaînés d’une façon bien incompatible avec l’élégance qui a toujours été la leur, Émile Lahoud et Rafic Hariri ont multiplié cette semaine les surenchères sur les responsabilités des uns et des autres dans la métastase de la dette publique et sur les prérogatives constitutionnelles des uns et des autres. Et ce ne sont ni « crises de foie » ni points sur les i. Visiblement peu soucieux de respecter les consignes mille fois rabâchées du tuteur syrien leur enjoignant de faire comme si l’année 2004 n’était pas celle de l’échéance la plus importante pour les Libanais – la présidentielle –, ces mêmes uns et ces mêmes autres ont armé leurs arcs, tiré. Chacun pour sa paroisse. Les Libanais auraient bien voulu applaudir cette saine décision, cette volonté de jouer le jeu de la démocratie, d’entamer une légitime et nécessaire campagne présidentielle. Sauf que le total irrespect manifesté presque fièrement par les deux camps tour à tour opposants puis loyalistes – quelle aberration... – ; la méfiance carabinée entre tous ; l’improductivité et la stérilité presque assumées de l’équipe en place ; l’incompréhensible besoin pour l’un d’habiller et de déshabiller la Constitution à titre personnel ; le déni hallucinant par l’autre de dix années passées à gérer l’économie et les finances du pays ; l’illusoire conviction de chaque détenteur d’un minimum de pouvoir qu’il est irremplaçable ; l’après-Tunis qui s’annonce catastrophique entre les deux têtes de l’Exécutif et particulièrement dommageable pour eux... tout cela a poussé ces mêmes Libanais à prier leurs dieux pour que l’annonce du prochain locataire de Baabda, qui sera applaudi par les musulmans et (pas et/ou : « et ») par les chrétiens, se fasse demain et pas en novembre. Comme une grossesse dont on anticiperait le terme parce que la mère est sérieusement en danger. Treizième semaine de 2004. Rachid Hoteit était, jusqu’à il y a trois ou quatre jours, le très respecté patron de la Cour des comptes. Il a décidé de partir, sans doute parce qu’il avait le sentiment que l’institution étatique qu’il présidait était marginalisée, pas prise en considération. Comme à la télévision, c’est souvent les maillons forts qui s’en vont. Et les maillons faibles qui se disputent, petitement, médiocrement, le rachitique, le cadavérique butin. Ziyad MAKHOUL
Treizième semaine de 2004.
Depuis le début de l’année, comme depuis des lustres, les journées s’écoulaient – pas toujours heureuses –, les semaines se suivaient, elles se ressemblaient, les responsables libanais s’étripaient, le Liban coulait. Sauf que maintenant, tout cela passe à la vitesse supérieure. Désormais, après ces sept derniers jours, les Libanais se...