Amal et Hezbollah revendiquent tous deux d’importants succès au Liban-Sud

Le mouvement Amal et le Hezbollah ont tous les deux procédé hier à une évaluation du scrutin de dimanche, chacun estimant avoir enregistré plusieurs succès et une victoire globale relative. Amal a indiqué qu’elle avait remporté 94 municipalités, parmi lesquelles Tyr, Sarafand, Meïss el-Jabal, Arabsalim, Aïta el-Jabal, Yanouh, Naqoura et Kfar Kila, tandis que le Hezbollah a précisé qu’il avait enlevé « 61 % des municipalités » où il avait présenté des listes, c’est-à-dire « 87 municipalités », notamment « cinq des sept les plus importantes », à Nabatiyeh, Bint Jbeil, Jouaya, Aïtaroun et Khiam. Il convient cependant de préciser qu’à Nabatiyeh, la liste du Hezbollah aurait remporté 16 sièges, tandis qu’Amal aurait réussi à placer 5 candidats, selon des résultats non officiels. Dans une conférence de presse à Nabatiyeh, le chef du conseil exécutif du Hezbollah, sayyed Hachem Safieddine, a indiqué que le parti était présent dans 171 des localités du Liban-Sud, mais qu’il avait décidé, avant les élections, de ne pas mener la bataille « directement » dans 19 d’entre elles pour respecter les particularités et les spécificités des familles. Le consensus avec le mouvement Amal a été réalisé dans 10 localités, a-t-il rappelé. Le Hezbollah a donc « mené bataille dans 142 villages au total, a-t-il précisé, au côté de ses alliés, notamment le Baas, des personnalités politiques et des familles de la région ». « Selon les résultats définitifs, nos alliés et nous-mêmes avons obtenu la victoire dans 87 municipalités », a-t-il indiqué, notamment dans cinq des sept municipalités où le nombre de sièges est égal ou supérieur à 18. « Il existe par ailleurs un certain nombre de municipalités où le Hezbollah n’avait pas gagné en 1998, et où il a obtenu de bons résultats, comme par exemple à Jbeh-Aïn Boussouar, Houmine el-Fawqa, Chacra, Chéhabiyé, Chhour et Kafra. Il a également réalisé un progrès important dans d’autres localités », a ajouté sayyed Safieddine. Estimant enfin que l’alliance avec le mouvement Amal sur les objectifs nationaux est d’une solidité qui résiste à l’épreuve d’une simple rivalité électorale, il a appelé toutes les personnes concernées à « tourner la page et à laisser derrière elles les tensions nées de cette concurrence » entre les deux parties durant les élections. De son côté, la formation du président de la Chambre Nabih Berry a mis en exergue sa victoire à Tyr, lieu de naissance de l’imam Moussa Sadr, et Meïss el-Jabal ainsi que les résultats obtenus à Nabatiyeh, évoquant au total 94 succès dans les villages chiites. Amal a également noté la victoire de la liste appuyée par M. Berry à Jezzine (Jezzine « a refusé d’être une marchandise ou un lot de consolation », a indiqué le communiqué), avant de remercier ses alliés, le Parti syrien national social et le Parti communiste libanais. Évaluant pour sa part les résultats des élections à Jezzine, où la liste parrainée par le député Samir Azar a triomphé, l’ancien ministre de la Justice Edmond Rizk a lui aussi demandé aux électeurs de « tourner la page ». « J’ai promis de ne pas me plaindre et de ne pas déposer de recours en invalidation, mais j’ai aussi précisé que j’allais dire la vérité. (...) La vérité, c’est que le pouvoir local, qui se désintéresse des soucis de la population, a fomenté un complot pour inclure Jezzine dans le partage du gâteau, au détriment de la dignité. Ce pouvoir, qui manque de légitimité et de crédibilité, a usé de toutes sortes de méthodes pour faire régner la terreur », a indiqué M. Rizk. Selon lui, « des pressions ont été exercées sur certains candidats pour qu’ils se retirent et sur d’autres pour qu’ils manœuvrent et perdent du temps », a-t-il dit, avant de préciser que les pressions ont été exercées par « les services » et l’administration. L’ancien ambassadeur Simon Karam, qui appuyait lui aussi la liste d’opposition à Jezzine, s’est montré encore plus virulent : « Politiquement, le message était clair. On nous dit : vous n’êtes même pas capables de choisir vos représentants au conseil municipal, alors que vous ambitionnez de prendre votre destin en main lors des prochaines échéances nationales en libanisant ces dernières. » Il convient enfin de noter qu’à Maghdouché, la liste conduite par le général Élias Khalil et appuyée par M. Philippe Khoury, le PSNS et M. Majed Constantine, conseiller du ministre Ayoub Hmayed, est passée intégralement face à la liste présidée par M. Georges Younane et appuyée par le ministre Michel Moussa.