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Convivialité et ambiance bon enfant accompagnent la cacophonie des chants patriotiques et des discours politiques À Nabatiyé, un duel démocratique Amal/Hezbollah gomme les craintes d’incidents (Photo)

La bataille municipale s’annonçait rude à Nabatiyé, chef-lieu du caza, avec ses 16 512 électeurs – répartis sur 32 bureaux de vote – dont 437 chrétiens. L’on craignait quelques prises de bec, quelques débordements entre les partisans des deux listes concurrentes, « la liste des fils de Nabatiyé » patronnée par le Hezbollah et par les deux anciens présidents de la municipalité, Moustapha Ali Badreddine et Adham Mohammed Jaber, et « la liste de l’allégeance à Nabatiyé » soutenue par cheikh Abdel Hussein Sadek, par les familles et, indirectement, par le mouvement Amal. Mais la journée s’est déroulée sans histoires dans la ville, dans une ambiance à la fois conviviale et compétitive, marquée par les chants patriotiques et les discours politiques ou religieux scandés à force haut-parleurs par les partisans des deux listes, dans une tonitruante cacophonie. Et ce, au sein d’un impressionnant dispositif sécuritaire. On ne peut cependant en dire autant de la municipalité de Mayryé qui a été témoin d’un affrontement à l’arme blanche entre deux partisans des listes adverses. Résultat, les deux personnes ont été hospitalisées, mais leurs blessures seraient superficielles, selon le député de la région Abdel-Latif Zein qui tient à relativiser la portée de l’incident. Pour les deux partis dominants du Sud, l’enjeu est de taille. Même si certains tentent de minimiser l’influence du mouvement Amal qui a retiré deux de ses candidats, deux jours avant les élections, au profit de représentants des familles de la ville. On se dispute le pouvoir, on se bat pour la cause publique, on veut s’attribuer le mérite du développement de la collectivité. Mais pour les habitants, les candidats et même les notables de Nabatiyé, dont le député Abdel-Latif Zein, cela reste une bataille familiale, d’autant plus que les grandes familles sont représentées au sein des deux listes. De l’avis des candidats de ces deux listes, seule la rue sera juge. Entre-temps, rien, ni personne, n’empêche les adversaires de se saluer, de se donner l’accolade, de faire preuve d’esprit sportif. « C’est le développement de notre ville qui nous importe le plus », déclare le notaire Hani Mohammed Zaher, membre de la liste de « l’allégeance à Nabatiyé », ajoutant que la population fera son choix en conséquence. Quant à Adham Mohammed Jaber, ex-président de la municipalité, et candidat au sein de la liste du Hezbollah, il énumère les projets déjà réalisés et promet que les choses ne changeront pas, notamment au niveau du mode de vie. « Nous ne nous mêlons pas de la vie du citoyen, dit-il. Chacun est libre de s’habiller comme il veut, de boire de l’alcool s’il le veut. Nous n’avons jamais empêché un restaurant de servir de l’alcool. Nous nous occupons uniquement du développement de la ville », insiste-t-il. La déferlante Hezbollah, qui impressionne tellement ailleurs, ne touche personne ici. Et pourtant, les membres du parti de Dieu sont partout, tout de jaune et de noir vêtus : partisans sillonnant la ville dans les camions et leurs sirènes hurlantes, scrutateurs des deux sexes en nombre impressionnant (on parle de 1 100 pour la seule ville de Nabatiyé) arpentant les couloirs des bureaux de vote, ou surveillant le déroulement des élections. On avalise même cette présence, on la cautionne, tout en se donnant le droit de choisir, de sélectionner les candidats, un à un, quitte à pratiquer le panachage, à concocter sa propre liste. Après tout, l’important n’est-il pas d’avoir des personnes compétentes au service de la ville ? « Je sélectionne les personnes convenables des deux listes, raconte une électrice chiite, habillée à la dernière mode. D’ailleurs, chacun de nous a quelqu’un de sa famille dans l’une ou l’autre des deux listes. Je ne les choisis pas en fonction de leur appartenance politique mais en fonction de leurs qualifications personnelles et des liens familiaux qui nous lient », précise-t-elle, sans aucune appréhension à l’égard du radicalisme du Hezbollah. De son côté, un électeur grec-catholique déclare avoir voté « pour les gens de la région », autrement dit ceux qui l’intéressent, qu’ils appartiennent à l’une ou l’autre liste. « Nous appartenons tous à la même famille », dit-il, ajoutant que la communauté chrétienne n’a aucune raison d’éprouver la moindre crainte. Malgré quelques accusations de part et d’autre, les irrégularités ont été minimes, voire inexistantes. Seules quelques erreurs commises, dans la majorité des cas, par des personnes âgées analphabètes, incapables de distinguer entre les différentes listes qu’on leur avait distribuées, ou quelques noms manquants dans les listes d’électeurs, ont été constatées. Hier, à Nabatiyé, même si le taux de participation n’a pas dépassé les 50 %, la rue a voté sans appréhensions. Anne-Marie EL-HAGE
La bataille municipale s’annonçait rude à Nabatiyé, chef-lieu du caza, avec ses 16 512 électeurs – répartis sur 32 bureaux de vote – dont 437 chrétiens. L’on craignait quelques prises de bec, quelques débordements entre les partisans des deux listes concurrentes, « la liste des fils de Nabatiyé » patronnée par le Hezbollah et par les deux anciens présidents de la...